Abardonado et Gignac, fiertés d'une grande famille

Extrait Ouest France

 

 

Gignac, le Lorientais, et Abardonado, le Niçois, se croiseront pour la première fois sur un terrain. Les deux cousins se racontent.

André-Pierre Gignac : « Pancho est un combattant »

« Les premiers souvenirs que j'ai de Pancho datent de son mariage. À l'époque, il jouait à l'Olympique de Marseille. Je me souviens qu'il avait offert un tee-shirt blanc à tout le monde. Il avait mis leur photo dessus, et un gros coeur bleu ciel au milieu, avec un titre « Pancho j'OM Elena ». Évidemment, je l'ai gardé. On s'est surtout côtoyé lors des évènements, comme à Noël. C'est un mec très famille et très généreux. Quand j'étais petit, j'étais intimidé, je n'allais pas forcément vers lui. Il incarnait mon rêve, et il était toujours très entouré. Avec mon père, on allait souvent le voir jouer au Vélodrome. Je me souviens en particulier d'une victoire 4-1 contre le PSG, et Pancho avait marqué. Même si on est de sang proche, je ne le connais pas beaucoup. C'est normal, j'ai des cousins dans la France entière. La dernière fois que je l'ai eu au téléphone, c'était après mes trois buts.

Sur un terrain, Pancho est un combattant. Son agressivité vis-à-vis des attaquants a fait sa réputation. Il n'a pas des qualités techniques extraordinaires, mais c'est un vrai compétiteur, qui aime mouiller le maillot. Beaucoup le considèrent comme l'un des meilleurs défenseurs du championnat. Maintenant, sur le terrain, il n'y a pas de questions à se poser. Je sais qu'il ne me fera pas de cadeaux, mais je n'en ferais pas non plus. Ce match va encore nous rapprocher un peu plus, et renforcer les liens de la famille. Car à Nice, la famille devrait être très bien représentée. Ce que j'ai surtout envie de montrer à Pancho, c'est que je peux devenir un bon joueur de Ligue 1. Et que je peux prendre la relève auprès de la famille. »

Abardonado : « Il a tout pour réussir »

« Le petit André, je le connais surtout à travers son papa, Gérald. C'est un ancien bon footballeur, qui a toujours voulu que son fils devienne professionnel. « Dédé » y est parvenu, et c'est une belle récompense pour son père qui est vraiment quelqu'un de merveilleux. Dans ce métier, les gens t'appellent souvent par intérêt. Gérald, lui, m'a toujours suivi et soutenu. Chez nous, on est très famille. Avec André, on a passé de nombreux Noël ensemble. On louait une salle à Fos-sur-Mer, et on se retrouvait à quarante, cinquante. Une fois réunis, on ne parlait que de foot et de musique. C'était la grande époque des Gipsy Kings, et on s'identifiait à eux. On avait un petit groupe, moi j'étais à la batterie. Notre rêve était de devenir soit musicien, soit footballeur. Aujourd'hui, je joue au foot, mes deux frères sont musiciens.

« Dédé » est beaucoup plus jeune que moi, et je n'ai pas de souvenir particulier de lui. Tout ce que je peux dire, c'est qu'à l'époque on était loin de s'imaginer qu'on se retrouvait un jour sur un terrain de L1. Depuis qu'il est à Lorient, je suis son parcours avec attention. Je lis les articles sur lui, j'essaie de le voir à la télé. Les deux dernières saisons, je regardais Lorient sur Eurosport. Aujourd'hui, c'est une fierté de voir que nous sommes deux gitans à avoir réussi dans le foot. Si un jour « Dédé » pouvait porter le maillot de l'équipe de France, ce serait formidable. Il en a les capacités. Il a 20 ans, il joue déjà en L1, il marque des buts, et il a de grosses qualités. Il a tout pour réussir. Samedi, on sera face à face, mais une fois sur le terrain peu importe qu'il soit de la famille. Si je dois intervenir et le tacler, je ne verrai même pas s'il s'agit de lui ou pas... »