Extrait L'Equipe
Les nancéiens vont finir
par demander à Michel Platini de ne plus venir les voir. La semaine dernière, il
avait assisté à la fin de leur série d’invincibilité au Parc des Princes contre
le Paris-SG (0-1). Présent à Marcel-Picot hier, l’ancien maître des lieux a eu
droit à un spectacle assez décevant, conclu par un nul logique. Mais pouvait-il
en être autrement ? Correa craignait l’efficacité niçoise à l’extérieur (deux
nuls à Lens et Monaco, deux succès à Paris et Toulouse) et sa propension à
aspirer l’adversaire avant de placer une banderille. Alors, il avait opté pour
un schéma prudent : une défense à cinq et du muscle dans les couloirs, plutôt
que de la vitesse pour déborder. La force de Nancy, ces dernières semaines,
résidait aussi dans sa capacité à percuter sur les côtés. Adailton sur le banc,
Sarkisian libre de ses mouvements, Correa espérait libérer des espaces à Kim.
C’était sans compter sur l’extrême discipline des Niçois. Après une entame assez
joueuse, ils tirèrent le rideau, gênés, d’après Frédéric Antonetti, « par la
générosité et l’engagement adverse. Et puis, se faire prendre en contre, être le
con de l’histoire, j’en ai marre ».
L’expulsion de Lécluse (44e) modifia à peine les ambitions azuréennes. C’est
vrai, la seconde période fut plus ouverte et Nice buta trois fois sur un super
Bracigliano. Mais Nancy, à dix, avait également opté pour un positionnement plus
rationnel. Ses occasions furent moins nettes mais plus nombreuses. « L’expulsion
a compliqué notre tâche. À la mi-temps, le coach nous a rappelé qu’il fallait
savoir se contenter d’un nul », expliqua ensuite le gardien lorrain.
Ce matin, Nancéiens et Niçois auront le sourire au décrassage, persuadés d’avoir
fait une bonne affaire. Dans l’optique du maintien, prendre un point de plus
qu’Ajaccio, Sochaux, Troyes, Strasbourg et Metz – tous battus samedi – ne
constitue pas une mauvaise opération. Correa n’avait pas lu le classement qu’il
pointait déjà les progrès de son équipe : « En début de saison, ce match, nous
l’aurions sans doute perdu. » La première période, tristounette, fut tout juste
égayée par une demi-volée dans le petit filet de Biancalani (13e), une tête
piquée d’Andre Luiz Silva (15e) et une autre mal cadrée (28e) de Lécluse. La
volonté nancéienne était souvent polluée par des options peu judicieuses ou des
erreurs techniques criantes. Celle de Nice se matérialisait en tout et pour tout
par un tir dévissé de Balmont (36e).
L’expulsion de Lécluse débloqua ce match verrouillé à quatre tours.
Paradoxalement, Nancy utilisait mieux le ballon après la pause. Les Niçois
restaient sagement en place mais ils bénéficiaient aussi d’espaces plus larges.
Profitant d’une mauvaise relance d’Andre Luiz Silva, Balmont butait sur
Bracigliano (56e). Le capitaine nancéien gagnait encore son duel avec Bagayoko,
pourtant merveilleusement servi par Koné (68e). Jusqu’au bout, « Genna »
maintenait Nancy à flot, repoussant un tir puissant de Roudet (85e). « J’ai fait
le boulot. J’ai su rester concentré. Nous avons su conserver le nul », lâchera
Bracigliano. Son entraîneur était également intervenu en remplaçant Zerka par
Kim (71e). Incertain jusqu’au coup d’envoi, Curbelo se retrouvait seul en pointe
mais l’ASNL combinait autrement, de toute façon. En misant notamment sur la
frappe lourde de Berenguer (49e) ou sur celle, tout aussi spontanée, de
Biancalani (58e). En fait, Nancy aurait pu réussir le coup parfait si Sarkisian
avait pu reprendre le centre de Zerka, qui fila devant le but (82e). « Les
Niçois sont restés en place mais auraient pu nous en mettre un, analysera
Berenguer. Nous avons décuplé nos efforts mais on a aussi eu l’impression qu’ils
nous attendraient même si nous avions été réduits à neuf ou à huit. »