Un Rool sur mesure
Extrait L'Est Républicain
Le milieu niçois cultive malgré lui une image de mauvais garçon. Question de
tempérament et d'intégrité. Demain, il espère remporter sa deuxième coupe de la
Ligue.
Le dernier entraînement programmé à Nice vient de s'achever. Pour rejoindre les
vestiaires du parc des sports Charles Hermann, Frédéric Antonetti et ses joueurs
passent au milieu d'une haie de supporters armés de posters, d'albums Panini et
d'appareils numériques. Un bain de foule savouré sans modération par Olivier
Echouafni et quelques autres qui signent des autographes et ne rechignent pas
aux demandes de clichés souvenirs. A l'inverse, Cyril Rool ne s'attarde pas. Il
adresse un sourire en passant puis s'engouffre rapidement dans le bâtiment.
Les relations publiques et les « mamours » ne sont visiblement pas la tasse de
thé du milieu niçois. A moins que ce ne soit son expérience qui lui commande de
ne pas se disperser et de se protéger du tumulte. On penche plutôt pour la
première hypothèse. Qui colle d'ailleurs parfaitement avec une image de mauvais
garçon qu'il cultive malgré lui. Question de tempérament. Un Rool sur mesure en
quelque sorte.
Il s'exprime comme il
joue
L'ex Lensois n'est en effet pas du genre à se laisser troubler par l'attitude
passionnée de quelques groupies. Comme il n'a jamais semblé ému par les attaques
qu'il a pu subir tout au long de sa carrière en raison d'une vaillance qui
dépassa parfois les bornes. Depuis, il a appris à canaliser sa fougue. Mais il
n'a pas changé. Le garçon est fidèle à ses valeurs. Il a conservé son caractère
bien trempé, né de ses racines sudistes (il est né à Pertuis dans le Vaucluse)
et façonné dans quelques-uns des clubs les plus exposés du championnat (de
Bastia à Bordeaux, en passant par Lens, Marseille et Monaco).
Demain, il disputera sa troisième finale de coupe de la Ligue. En 1995, il
s'était incliné avec Bastia face au PSG. « On s'était fait voler », assène-t-il.
En 1999, il s'était imposé avec Lens face à Metz. « Un bon souvenir. J'espère
refaire ça avec Nice », ajoute-t-il, sans laisser transparaître la moindre
émotion. Pour en savoir plus sur son approche de la finale, mieux vaut écouter
Lorene Rool, son épouse : « Il prend ça cool. Ce n'est pas quelqu'un qui stresse
». On l'avait deviné.
On évoque ce fameux match retour face à l'ASNL. Et ces incidents qui ont fait
couler beaucoup d'encre. « C'est oublié », assure-t-il, « cette finale, c'est un
plaisir pour eux comme pour nous. Comme toutes les finales, ce sera engagé.
C'est normal ». Pas de pitrerie. Pas de fioriture. Cyril Rool s'exprime comme il
joue.
Enfin presque. A l'écart des micros et des caméras, on lui parle de Laurent
Moracchini. Il sourit. Son regard s'illumine. Un peu d'intimité, une histoire de
copains et le vrai Rool se dévoile. « J'ai connu « Lolo » à Bastia. C'est un ami
intime. Embrassez-le. Benjamin Gavanon est aussi un ami », confie-t-il, sympa et
aussitôt plus expansif. Un aspect de sa personne qu'il réserve à ses proches.
Au Stade de France, on verra le Rool que tout la France du football a appris à
connaître depuis dix ans. Loyal, combatif et teigneux. Un gars qui ne se pose
pas de questions et qui se donne à fond. Le type même de joueur qui n'aurait pas
fait tâche au sein de la généreuse ASNL 2005-2006. Sauf que le gaillard sera
dans l'autre camp. Et ça suffit à en faire l'ennemi numéro un.