Nice ne l’a pas volée
Extrait L'Equipe
Nice a enfin exorcisé ses
vieux démons. Depuis 1995, les Niçois n’avaient jamais dépassé les quarts de
finale de la Coupe de la Ligue, qu’ils avaient atteints une seule fois (éliminés
par Saint-Étienne, 0-2, en 2003-2004). Hier soir, en ayant recours à tous les
ingrédients nécessaires pour affronter ce genre de rendez-vous (volonté,
courage, détermination et envie), ils ont logiquement éliminé Bordeaux,
infligeant au deuxième de la Ligue 1 sa première défaite de l’année. Voilà les
Niçois à 90 minutes d’une finale au Stade de France et à deux victoires d’une
qualification pour la Coupe de l’UEFA.
Vainqueur ici en Championnat le samedi 5 novembre, lors de la 14e journée (1-0),
Bordeaux n’a pu rééditer sa performance. Même si les Bordelais ont lutté
jusqu’au bout, ils ne sont donc plus en mesure de courir trois lièvres à la
fois. Ils vont pouvoir se concentrer sur le Championnat et la Coupe de France.
Ils peuvent aussi se consoler en se disant que cette élimination va alléger leur
calendrier.
Le cran de Bellion
La première mi-temps valut surtout par le penalty accordé aux Niçois durant le
temps additionnel. Henrique, qui avait multiplié les fautes (et même été averti
à la 26e minute), déséquilibra Bagayoko, qui avait réussi à se décaler sur la
droite, profitant d’une judicieuse passe de Vahirua. Débarqué de West Ham la
semaine dernière et titularisé pour la première fois, David Bellion ne laissa à
personne d’autre le soin de tromper Ramé d’une frappe du droit.
Ce but donna un peu de piquant à une rencontre qui avait en singulièrement
manqué jusque-là. Dans un schéma classique en 4-3-1-2, Nice s’était mis en tête
de faire douter la meilleure défense de L 1 (11 buts encaissés en 22 matches).
Histoire de ne pas laisser cette rencontre débuter sur un malentendu, après un
bon slalom sur le côté gauche, Bellion adressa un bon centre en retrait à
Ederson, dont la reprise du droit n’inquiéta pas Ramé (6e). A la 14e minute,
après un coup franc de Vahirua, une tête de Jemmali contrée par Traoré faillit
lober Ramé. Et puis Nice, peu enclin à s’engouffrer sur les côtés et alourdi par
un bloc équipe trop étiré, laissa Bordeaux gérer cette rencontre.
Construits pour durer (en 4-2-3-1) avec le seul Laslandes en pointe et Alonso
sur le côté gauche, les Bordelais purent se comporter en tranquilles maîtres du
temps et de l’espace. À trop se contenter de voir venir, ils ne furent vraiment
dangereux qu’à une seule reprise, lorsque Laslandes profita d’une erreur
d’appréciation de Traoré. Mais Hugo Lloris prit les devants avec autorité (26e).
Ricardo change tout,
Bordeaux égalise
Le jeune gardien niçois (19 ans) fut encore très inspiré en sortant au devant
d’Alonso à la 50e minute. Bordeaux avait, il est vrai, entamé la deuxième
période dans un tout autre état d’esprit et dans une configuration complètement
revue et corrigée. Ricardo avait tout chamboulé en replaçant Alonso sur le côté
droit, en faisant reculer Faubert, en faisant entrer Smicer et Darcheville. Les
effets de cette redistribution des rôles – Bordeaux évolua en 4-1-3-2 – furent
presque immédiatement payants. À la 54e minute, Smicer embarqua Échouafni et
Traoré d’une feinte de frappe puis Abardonado d’un crochet et trompa Lloris d’un
tir du bout du pied droit.
Cette égalisation incita les Niçois à se livrer sans retenue, la rencontre
prenant alors la dimension d’un vrai match de Coupe, avec son lot de petites
tensions, sa part d’irrationnel et d’absence de calcul. À ce classique jeu du
bras de fer, Nice se dépensa sans compter et multiplia les initiatives. Mais la
réussite ne voulut pas accorder ses faveurs aux Niçois. À la 82e minute,
Jurietti, dans un ultime coup de reins, empêcha Roudet d’ajuster sa frappe. Sur
le corner de Vahirua qui suivit, la talonnade de Olivier Échouafni rebondit sur
le poteau droit des buts de Ramé. Porté par son public, Nice poussa ainsi
jusqu’au bout, Planus contrant in extremis un raid de Roudet (87e). Juste avant
la fin du temps réglementaire (89e), comme pour lancer un rappel à l’ordre,
Smicer faillit à nouveau jeter un froid. Mais, dans un angle fermé, sa frappe du
gauche passa à côté.
Durant la première mi-temps de la prolongation, Nice trouva encore assez de
ressources et d’énergie collective pour aller de l’avant. Et pour secouer la
défense bordelaise. À la 95e minute, un centre de Roudet, très actif sur le côté
gauche, fila devant le but de Ramé sans que Bagayoko puisse en couper la
trajectoire. Bordeaux, comme durant la deuxième période, essaya de procéder en
contre. Sans aucun danger pour Lloris. La détermination des Niçois finit par
être récompensée à la 110e minute de jeu lorsqu’un centre de Roudet, côté
gauche, arriva jusqu’à Balmont, dont la reprise de demi-volée du droit trompa
Ramé. Henrique ne put que dévier le ballon dans ses propres filets. Un juste
dénouement pour les Niçois.