Assurer la transition

 

Républicain Lorrain

 

 


Victoire indispensable, pour Metz, face à d'habiles voyageurs niçois. Elle permettrait aux Lorrains de virer à mi-parcours avec quatorze points, minimum vital pour entretenir l'espoir après la trêve.

Puiser dans les exemples du passé, pour se rassurer? Ne surtout pas s'y référer, de peur de se détourner de sa propre réalité? Le mode d'emploi du parfait dernier n'existant pas, la colonie messine ne sait pas toujours sous quel angle apprécier sa situation. Version la plus pessimiste: c'est fichu. Sept points de retard sur le dix-septième, une différence de buts accablante, une seule victoire remportée en dix-huit tentatives. Version la plus optimiste: c'est jouable. La preuve: Toulouse s'était maintenu, au terme de la saison 2003-2004, en ayant compté douze points à mi-parcours.

Pour un peu, ce précédent autoriserait Metz à signer un cinquième match nul de rang, ce soir, face à Nice, dernier visiteur de l'année à Saint-Symphorien. C'est faux, bien sûr: à ce stade de la saison, à ce moment stratégique du championnat, les Messins ont obligation de faire le plein à domicile. Ils devront peut-être gagner dix fois, d'ici au mois de mai, pour se maintenir. Autant commencer ici, dès maintenant. Ne pas compter sur les autres. Ne plus se retourner; d'ailleurs, derrière, il n'y a qu'un précipice. Oublier l'histoire, belle ou moche. Regarder devant, et foncer. Marquer. Rattraper, dès ce soir, les occasions manquées des cinq premiers mois de compétition, sans attendre l'hypothétique renfort d'un buteur qui pourrait même ne pas en être un, si le recrutement maison rencontre, en hiver, le même triomphe qu'en été.

A ce jour, les Messins ont inscrit dix buts, une misère, dont la moitié seulement à domicile. Et si leur façon d'entreprendre leur destin, sur le terrain, devient cohérente et parfois même joueuse, il manque encore l'efficacité, c'est-à-dire l'essentiel s'agissant de football. Contre Toulouse, Metz a même vérifié combien il était risqué de laisser passer son tour: sans l'égalisation permise à Santos en toute fin de match, ce soir-là, par une équipe messine pourtant nettement supérieure à son adversaire, le classement ne serait pas tout à fait le même, ce matin. "Nous commençons à trouver une certaine constance dans notre jeu, même si chaque match est différent, souligne Joël Muller. Nous ne montrons plus cette forme de résignation que nous connaissions avant, j'en veux pour preuve notre retour au score à Sochaux. Au milieu, nous avons trouvé un équilibre. Mais devant, nous devons effectivement être plus efficaces. En l'occurrence, Ahn et Tum ont la responsabilité de marquer, ils doivent l'assumer." L'entraîneur messin saura, plus tard, s'il peut élargir sa liste.

Le temps passe, en somme, mais les mêmes préoccupations agitent les mêmes débats. Nice s'y invite, sans souci pour son avenir immédiat, sûr de passer l'hiver au chaud, et précédé d'une jolie réputation hors de ses bases: les Niçois n'ont perdu que deux fois en huit déplacement, ils ont même gagné à Toulouse et Paris, l'été dernier. Joël Muller redoute le profil de cette "équipe lutteuse, bagarreuse, très difficile à bouger et habile en contre". "Notre tâche est déjà compliquée comme ça, ajoute l'entraîneur, la qualité de l'adversaire la rend plus difficile encore". D'autres obstacles, d'autres natures, se présenteront encore sur la route pentue des Messins au cours des cinq prochains mois. Pour revenir dans trois semaines, c'est-à-dire en 2006, armés de quelque espoir, ils doivent au moins franchir celui-là. Pas besoin de leur faire un dessin.