Sortir de l'ombre

 

Extrait L'Equipe

 


Sans grand coup d'éclat, mais sans véritable coup de tabac non plus, Nice traverse la première saison de l’après Gernot Rohr, celle de la reconstruction, avec une certaine quiétude. À mi-chemin entre l’embellie des années 2003 et 2004, ponctuées par une qualification en Coupe Intertoto, et l’inquiétude de la saison dernière, quand le Gym s’était sauvé lors des dernières journées.

Un anonymat qui ne déplaît pas forcément à Frédéric Antonetti. « On ne fait pas trop de bruit, c’est vrai, mais c’est bien aussi parfois de rester dans l’ombre, dit l’entraîneur. Ça permet de bosser tranquillement sans se fixer des objectifs irréalisables et sans avoir trop d’inquiétudes quant à l’avenir. » Actuel 14e au classement deL 1, Nice compte autant de retard (12 points) sur le deuxième (Bordeaux) que d’avance sur le dix-huitième (Strasbourg). Pour donner un peu de relief à leur parcours, braquer sur eux les projecteurs et se mettre définitivement en évidence – car ils ne manquent pas de qualités –, les Aiglons ont une occasion toute trouvée avec la venue, ce soir, au stade du Ray, de Bordeaux en quarts de finale de Coupe de la Ligue.

L’adversaire est, en dehors de Lyon évidemment, ce qui se fait de mieux actuellement en France et c’est une possibilité de se retrouver à 90 minutes du Stade de France qui s’offre à eux. « On a là une belle occasion de se montrer, assure Florent Balmont. Je crois que Nice est plus respecté actuellement par les autres équipes que ces dernières années. Mais on a sans doute un petit déficit d’image et une victoire sur Bordeaux, une qualification pour  les demi-finales nous mettraient en valeur et prouveraient à tout le monde que ça bouge ici, qu’on est en train de franchir un palier. On a vraiment une grosse envie de frapper fort et de faire un pas supplémentaire vers le Stade de France. »

La perspective de faire un vrai bon coup et de montrer que Nice existe anime également Marama Vahirua.« C’est une opportunité inespérée de faire parler de nous en bien, dit l’attaquant reconverti au poste de meneur de jeu. On fait une saison très correcte après des débuts difficiles et on a tous à coeur de montrer que le Gym peut aller encore plus haut. La Coupe de la Ligue peut embellir et dynamiser notre fin de saison. »

Rien gagné depuis 1997

Olivier Echouafni, lui, verrait dans une qualification la récompense aux gros efforts consentis depuis le début de saison. « On se décarcasse depuis de longs mois sans être toujours payés en retour au niveau des résultats, car on manque souvent de réussite, dit l’expérimenté milieu de terrain. On fait souvent de bonnes prestations qui ne débouchent sur rien de concret et c’est difficile alors de se mettre en évidence. C’est pourquoi ce match contre Bordeaux est important, au niveau de la reconnaissance, de l’enjeu. Moi qui n’ai jamais rien gagné, ni joué de finale, je me mets à rêver. »

Comme toute une ville sevrée de grands rendez-vous avec son équipe de football depuis près de dix années. En 1997, Nice avait remporté la Coupe de France en battant Guingamp en finale (1-1 a.p. ; 4 t.a.b. à 3). Depuis, le Gym n’a plus jamais été à pareille fête, éprouvant même le plus souvent beaucoup de difficultés à passer les deux premiers tours des Coupes nationales. Après le douloureux échec subi en Coupe de France à Brest (0-3), avec une équipe de remplaçants décevants, cette année est peut-être la bonne en Coupe de la Ligue avec un troisième match d’affilée à domicile, après Châteauroux (2-0) et Sedan (2-0). « Ce match contre les Girondins, c’est le genre de rendez-vous dont le club a besoin, note Antonetti. La Coupe peut nous mettre en vedette, c’est vrai, mais elle peut aussi accélérer les choses. Je me souviens d’Auxerre, alors en L 2, finaliste de la Coupe de France en 1979 et montant en L 1 la saison suivante. La Coupe permet aussi de se révéler, et c’est à travers elle qu’un projet peut se faire. »

Celui de Nice est de monter une équipe compétitive à l’horizon 2007-2008, quand un nouveau stade de 30 000 places sera livré. À cette échéance, les objectifs sont clairs. Le Gym entend fermement jouer l’Europe avec régularité. Mais si l’équipe est en avance sur les prévisions et se qualifie dès cette saison pour la Coupe de l’UEFA, ce sera toujours ça de gagné. Pour le plaisir, pour les finances et pour l’image de marque, à peaufiner encore.