Vahirua a bien changé
Extrait L'Equipe
La beaujoire n’a sans
doute pas de secret pour l’ancien Nantais Marama Vahirua, mais le Tahitien en a
peut-être encore pour Nantes. Depuis la fin de l’automne, le Polynésien a reculé
d’un cran dans le dispositif azuréen. Devenu meneur de jeu derrière les deux
attaquants lors de la venue de Lyon (1-1, 16e journée), le meilleur attaquant de
l’OGCN en 2004-2005, avec dix buts (contre trois cette saison), s’est pris au
jeu. « Le coach m’avait déjà dit qu’il me préférait en numéro 10, avait-il livré
au lendemain de cette reconversion. Il a pris un risque. Je n’avais jamais
évolué ainsi. Mais je prends un plaisir incroyable. J’aime être au départ de
l’action. » Un plaisir partagé par les supporters internautes, qui l’ont
plébiscité « Aiglon de décembre ».
Frédéric Antonetti ne conçoit son métier que sur la durée. Il s’est donné le
temps de transformer son 4-3-3 en 4-3-1-2 (« on ne change pas un système d’un
claquement de doigts ») en repositionnant son joueur, « l’un des meilleurs
techniciens de France », au poste de « numéro 10 classique ». « L’image forte,
c’est son travail de récupération pour donner le ballon de but à Baky (Koné)
contre Ajaccio (1-0, 18e journée), explique l’entraîneur. Il a franchi un palier
sur le plan mental. Le geste de classe, il le possédait déjà. Il lui fallait
muscler son jeu. Physiquement, il m’étonne. »
Titulaire à neuf reprises seulement (dont huit à domicile) pour seize
apparitions en phase aller, Vahirua a sans doute gambergé, mais s’est accroché
sans prêter attention aux sollicitations de clubs de Ligue 1 à la recherche d’un
buteur. « La page est tournée, dit-il. Une nouvelle carrière commence, avec de
nouveaux objectifs. J’ai envie de progresser et de me faire un nom à ce poste.
Tout m’y plaît. J’ai même l’impression d’avoir toujours évolué là, bizarrement.
Mon travail défensif est plus ciblé. Et puis, j’aime donner de bons ballons aux
attaquants. Je connais trop l’importance de la passe lorsqu’on est en pointe. »
Crédité de deux passes décisives en Championnat, de deux coups francs directs
victorieux et d’un troisième qui avait bien failli tromper son ami Landreau –
Bagayoko finissant le boulot (1-1, 4e journée) – ainsi que d’un exceptionnel
retourné acrobatique devant le TFC (2-1, 20e journée) : Vahirua est bien
reparti. Et s’il ne veut pas rééditer l’erreur de l’an passé en se mettant trop
de pression à l’heure de retrouver la maison des Jaunes, il tient à s’y
présenter « identique, mais avec quelque chose en plus. »