La nouvelle vie de Vahirua

 

Extrait L'Equipe

 

 

Marama Vahirua aurait pu jouer Auxerre-Nice dans l’autre camp. « À seize ans, j’ai fait un stage à l’AJA. Je m’entraînais avec Cissé, Kapo et Méxès. Sportivement, tout s’est bien passé et Guy Roux voulait me garder. C’est moi qui n’ai pas voulu rester. C’était en novembre. Il faisait tellement froid que j’ai eu peur. Quatre jours plus tard, je reprenais l’avion pour Tahiti. »

Des regrets quand il voit les résultats de l’AJA et la trajectoire des jeunes Auxerrois, tous devenus internationaux et partis dans de grands clubs étrangers ? « Aucun, assure-t-il. Je ne crois pas que j’avais le profil. Tous ceux qui ont réussi là-bas étaient costauds physiquement. C’est une marque de fabrique de l’AJA. »

Le style du FC Nantes, où il a effectué un autre stage l’été suivant par une température nettement plus clémente, lui convenait mieux. Mais c’est à Nice que le Tahitien donne désormais la pleine mesure de son talent.Tout ça sur une idée de Frédéric Antonetti. Dès qu’il est arrivé au Gym, l’été dernier, ce dernier a voulu faire de Vahirua un meneur de jeu positionné derrière deux attaquants.

Jouer au Stade de France

La réalisation du projet a demandé quelques semaines mais elle s’est avérée un plein succès. « J’ai trouvé le poste idéal, dit le joueur, qui était pourtant très dubitatif quand à la réussite de l’expérience. Je n’avais jamais évolué dans ce rôle-là. Mais pour moi, c’était ça ou ne pas jouer (Antonetti était loin d’en faire un titulaire en début de saison). Alors j’ai dit banco et je ne regrette rien. C’est une révélation. Je touche plein de ballons, les autres joueurs me cherchent en permanence et j’ai les responsabilités auxquelles j’aspirais. À ce poste, tout dépend exclusivement de toi. Attaquant, tu es dépendant des autres. Là, c’est toi qui fais ton match. Si tu es bon, c’est grâce à toi. Si tu es mauvais, c’est de ta faute. Je m’éclate. C’est une nouvelle carrière qui débute pour moi. »

Et pour le Gym, c’est tout bénéfice. Depuis que Vahirua est à la baguette, l’équipe est nettement mieux en place et pose des problèmes à ses adversaires. Depuis trois mois, elle accumule des points et grignote des places au classement. « On reste en phase de construction, tempère Marama Vahirua, et on manque encore de constance. On alterne le bon et le moins bon. Lors des deux derniers matches (Marseille-Nice : 1-0 ; Nice-Lens : 0-0), on a fait une mi-temps, la deuxième au Vélodrome, qui méritait la 15e place, et trois autres mi-temps où on jouait au niveau des cinq ou six premiers. Auxerre constituera un nouveau test, surtout dans la perspective de la finale de la Coupe de la Ligue (le 22 avril contre Nancy). »

Le rendez vous est déjà dans toutes les têtes. Et dans celle de Vahirua en particulier, deux fois finaliste au stade de France avec Nantes (Coupe de France 2000 et Coupe de la Ligue 2004) sans jamais avoir joué. « Les deux fois, j’étais remplaçant et je ne suis pas entré, dit-il. J’en ai assez de m’échauffer là-bas. Maintenant, je veux jouer. »