Nice aux anges
Extrait l'Equipe
Frédéric Antonetti a déjà joué une finale de Coupe de la Ligue (avec Bastia contre le Paris-SG, 0-2 en 1995). Le 22 avril, face à Nancy, il vivra pourtant une première puisqu’il n’a jamais mis les pieds au Stade de France. « J’ai déjà eu la possibilité d’y aller, mais je me suis toujours promis de ne le faire qu’à la tête d’une équipe finaliste, explique l’entraîneur niçois. L’an passé, j’avais failli me laisser tenter pour des matches de rugby, mais, finalement, j’avais tenu le coup. »
Mardi soir, en battant Monaco sur son terrain (1-0), les Niçois ont offert le voyage à Antonetti. À eux aussi, car rares sont ceux qui ont déjà joué dans l’enceinte de Saint-Denis : Rool, Abardonado, Grenet, Camara et Roudet.Même Sammy Traoré, trente ans, ou Olivier Echouafni, trente trois ans, n’en avaient jamais eu l’occasion. « Tout ce que Nice a subi ces dernières années, je l’ai également subi, dit le premier. Alors, je savoure. C’est une énorme satisfaction. Mais ça ne servirait à rien d’avoir fait tout ça pour aller en finale et la perdre. On veut le trophée.» Echouafni commençait même à s’impatienter : « J’attendais ça depuis si longtemps. J’avais perdu trois demi-finales et je me disais que le temps pressait pour me faire un palmarès. Certes, on n’a rien gagné, mais on ne compte pas s’arrêter là. »
Vaincre au Stade de France, se qualifier
pour la Coupe de l’UEFA et booster
un club qui s’est donné trois ans
– jusqu’à la livraison de son nouveau
stade de 32 000 places – pour
construire quelque chose de solide et
tutoyer les sommets. Voilà l’objectif
de tous les héros de la soirée monégasque,
même les plus jeunes. À
commencer par Hugo Lloris, dix-neuf
ans, le gardien auteur d’un sans faute
face à Vieri. « C’est une sensation
rare de jouer contre ce genre
d’attaquant, raconte-t-il. Quand il a
mis sa volée sur la barre, j’étais sûr
que rien ne pouvait nous arriver. » Le
Brésilien Ederson, âgé de vingt ans et
auteur du but décisif, s’est construit,
lui aussi, de beaux souvenirs :
« Quand j’ai vu que c’était Maicon
au marquage de Roudet, je me suis
positionné pour placer ma tête et
tout a bien marché. Depuis mon arrivée,
j’ai marqué trois buts avec Nice,
dont deux contre Monaco. L’ASM me
réussit. »
Comme elle réussit très bien à une
équipe niçoise qui conserve son
invincibilité au stade Louis-II depuis
son retour en L 1 en 2002, à grands
coups de détermination et de solidarité,
mais aussi en faisant preuve
d’un prometteur talent collectif.
« Ça ne date pas d’aujourd’hui,
assure Cyril Rool. Pendant la première
partie de la saison, on a souvent
livré de bons matches sans que
le résultat soit au bout. Là, ça nous
sourit avec cette série de victoires
(Bordeaux en Coupe de la Ligue 2-1
a.p., PSG 1-0 et Lille 2-0 en Championnat,
puis Monaco mardi soir).
On a la récompense de nos efforts. »
Pour ne pas perdre ces bonnes habitudes, Antonetti avait convoqué tous les joueurs hier, pour une séance d’entraînement allégée. « Il faut continuer le boulot, lâche l’entraîneur, dont l’équipe est 11e de L 1.Mais on est très fatigués. Mardi, dans le vestiaire, il y avait un grand bonheur, mais aussi beaucoup de silence parce qu’on avait besoin de récupération ou parce qu’on avait du mal à réaliser. On n’est pas Lyon. On n’a pas l’habitude d’être à pareille fête. » D’ici au 22 avril, les Niçois auront le temps de se persuader de ce qu’ils ont fait et d’aborder le rendez-vous en pleine possession de leurs moyens. « On a envie de marquer le club, d’ajouter une ligne au palmarès », insiste Echouafni. « Et puis, une victoire, une qualification européenne nous ferait gagner du temps, ajoute Antonetti. On aurait plus de moyens, plus de partenaires, ça irait plus vite pour le stade et on pourrait avoir un ou deux joueurs importants. Mais ne me faites pas dire qu’on est favoris sous prétexte qu’on affrontera un promu. » Dans le remake de la finale de la Coupe de France 1978 (victoire 1-0 de Nancy, but de Platini), Nice espère retrouver les joies de sa victoire en Coupe de France en 1997 face à Guingamp (1-1 a.p., 4-3 aux t.a.b.).