Balmont, le moteur de Nice
Extrait France Football
Plaque tournante.
Grâce à une organisation défensive infaillible et à des attaquants de talent, l’OGCN
a montré à Toulouse (0-2) qu’il excellait dans l’art du contre. Au coeur du
système des Aiglons : un phénomène, Florent Balmont, véritable aspirateur de
ballons.
En se présentant en salle de presse, samedi soir, à l’issue d’un match où son
équipe n’a jamais donné l’impression d’exister, Daniel Congré a probablement
réalisé l’action la plus courageuse de la soirée côté toulousain. Coupable d’une
relance malheureuse et d’un penalty provoqué, le jeune défenseur du TFC ne s’est
pas dégonflé au moment de croiser les journalistes et d’expliquer avec lucidité
l’évidente suprématie et le succès de Nice (0-2) au Stadium. « Nos adversaires
étaient plus agressifs que nous et pressaient très bien au milieu, a-t-il dit. A
chaque fois qu’on essayait de passer le ballon à l’un de nos quatre milieux, un
Balmont, un Bisconti ou un Rool jaillissaient immédiatement sur lui pour
l’empêcher de se retourner et d’avancer. A force, on a fini par solliciter nos
attaquants par de longs ballons, en sautant la case milieu, mais c’était pire.
Leurs défenseurs renvoyaient presque tout de la tête et le ballon revenait
encore plus vite. »
Victorieux la semaine précédente à Sochaux (0-1), grâce à un but en contre de
Santos, Toulouse est tombé cette fois-ci sur un rival mieux organisé que lui en
déplacement. Bâti en 4-3-2-1, avec trois milieux récupérateurs hargneux et
incisifs et des attaquants rapides qui exigent le ballon dans la profondeur,
Nice lui a donné une leçon de contres. Et pas n’importe lesquels. Les Aiglons
construisent leurs contre-attaques en avançant le plus souvent en triangle sur
la base de passes courtes et à une ou deux touches de balle, toujours soucieux
d’accomplir le bon geste au bon moment sans que la rapidité de l’action en
souffre. Frédéric Antonetti, l’entraîneur niçois, résume parfaitement la
philosophie de son équipe : « Bien défendre est une chose,mais ça ne suffit pas
pour gagner des matches. Je demande à mon équipe de toujours jouer vers l’avant
lorsqu’elle a le ballon. A chaque fois, elle doit se mettre en situation de
faire douter l’adversaire, même quand elle évolue à l’extérieur. »
À le fois milieu
défensif et meneur de jeu
Un joueur symbolise à lui seul l’excellence tactique du système Antonetti :
Florent Balmont. A vingt-cinq ans, ce joueur formé à Lyon puis prêté une saison
à Toulouse (2003-04) avant d’atterrir chez les Aiglons confirme en ce début
d’exercice qu’il fait partie, depuis deux ou trois ans, des tout meilleurs
milieux défensifs du pays, et que son talent lui permettrait aisément de
s’imposer dans n’importe quelle équipe de L1 qui ne comporterait pas déjà, dans
son effectif, un Diarra, un Essien ou un Juninho. Dans la configuration niçoise,
Balmont est l’élément incontournable, le joueur par lequel transitent tous les
ballons, qu’ils viennent de l’arrière, d’un côté ou de l’avant. Le bonhomme sait
tout faire. Positionné comme milieu récupérateur à la droite de Rool et Bisconti
quand son équipe n’a pas le ballon, il se mue carrément en meneur de jeu axial,
toujours en soutien des attaquants, lors des phases offensives. Agressif au
pressing, il intercepte un maximum de ballons (21 contre Toulouse). Sa vivacité
et son explosivité lui permettent ensuite le plus souvent d’éliminer le premier
rideau adverse sur une accélération de trois ou quatre mètres avant de passer le
ballon. Il joue vite et court (deux touches de balle en moyenne), la plupart du
temps vers l’avant et sur la droite, où penche d’ailleurs naturellement le jeu
niçois (36 % des ballons y sont négociés, contre 33 % dans l’axe et 31 % à
gauche). Comme ses compères Bisconti et Rool, Balmont harcèle également le
porteur du ballon d’en face très haut en phase défensive, presque à hauteur de
la lignemédiane (40 % du jeu de l’OGCN se déroule d’ailleurs dans cette zone),
ce qui permet à son équipe de rentrer très vite dans le camp opposé après la
récupération du ballon et d’être d’autant plus dangereuse. Balmont dispose aussi
d’une qualité rare. Il est capable, de la première à la dernière minute, de
distiller des passes précises et dans le bon tempo à ses partenaires, et ce quel
que soit le nombre incalculable de courses ou de duels qu’il a effectués
auparavant. Contre le TFC, l’ancien Lyonnais s’est même permis de provoquer
Congré dans la surface toulousaine et d’obtenir un penalty indiscutable,
transformé par Traoré. « Aujourd’hui, dans l’organisation prôné par le nouveau
coach, il est clair que je suis plus libre de mes mouvements que la saison
dernière, explique-t-il. Dans l’ancien système, je devais essentiellement
colmater les brèches et veiller à la récupération.
Aujourd’hui, Frédéric
Antonetti m’encourage à poursuivre mes actions vers l’avant. Je me retrouve donc
plus près des attaquants et même parfois dans la surface adverse. »
Koné, son complice
idéal
Mais l’abattage et le talent de Balmont ne seraient peut-être pas autant
valorisés aujourd’hui si les dirigeants niçois n’avaient pas profité de
l’intersaison pour assortir à leur petit milieu de terrain deux attaquants
complémentaires, Mamadou Bagayoko et (surtout) Baky Koné. Le premier, grand et
techniquement assez fin, sait garder le ballon aux abords de la surface, « ce
que l’équipe de la saison dernière ne savait pas toujours faire » (dixit
Balmont). Le second a prouvé face à Toulouse sur deux ou trois raids solitaires
presque « maradonesques », dont un converti en but, qu’il s’inscrivait d’ores et
déjà comme l’une des révélations probables du Championnat. En ce sens, Koné est
peut-être la meilleure chose qui soit arrivée à Nice et, indirectement, à
Florent Balmont depuis bien longtemps. Le milieu des Aiglons dispose ainsi de
l’attaquant idoine pour rentabiliser et embellir ses multiples récupérations de
balle. Par dix fois, au Stadium, Balmont a ainsi préféré choisir le rapide Koné
dans l’espace, devant lui, plutôt qu’un autre, ce qui fait de l’Ivoirien le
deuxième joueur niçois le plus sollicité par l’infatigable récupérateur, juste
derrière le latéral droit et capitaine Cédric Varrault (15 passes). « La
présence de Baky modifie forcément un peu mon jeu et celui de toute l’équipe,
reconnaît Balmont. Tout le monde connaît sa rapidité et on sait qu’il demande le
ballon dans la profondeur. C’est donc quelque chose qu’on travaille à
l’entraînement. Le coach nous apprend à regarder vers l’avant à chaque fois
qu’on récupère le ballon. Il y a peu, alors que Baky et Mamadou n’étaient pas
là, c’était complètement différent. Quand on chipait un ballon, on s’efforçait
surtout à le conserver en sollicitant un partenaire sur la même ligne que nous
ou juste derrière. »
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