Buscher à la rescousse

 

France Football

 

Photo Alex

 

Regulièrement annoncé par la rumeur depuis mars comme nouvel entraîneur du Gym, Gérard Buscher est entré officiellement, mardi dernier, dans la fonction retirée, la veille, à Gernot Rohr, le neuvième technicien mis à pied cette saison en Ligue 1.

« Ma nomination ne m'a pas fait tomber des nues, reconnaît le nouveau guide des Aiglons. Je n'étais pas demandeur, mais je savais être l'une des solutions internes envisagées. Quand un entraîneur pro n'a pas de résultats, il est logique qu'il soit sur la sellette. C'est la loi du milieu. De même, connaissez-vous un technicien qui, placé dans ma situation, aurait refusé la marque d'estime de ses employeurs ? D'autant que le Gym, c'est toute ma vie. »

Une vie footballistique débutée, en effet, au centre de formation niçois, puis achevée sous le maillot rouge et noir avec l'accession en Ll (1994), au terme d'un petit tour de France des clubs (Nantes, Brest, Matra Racing, Montpellier, Brest, Valenciennes). A quarante-quatre ans, l'ancien attaquant international (2 sélections) ne semble pas se formaliser de son statut de simple intérimaire du mois de mai. Il préfère accorder toute son attention au défi du maintien qu'il se sent « capable de relever » avec un staff puisé dans la maison. Par choix et par nécessité. Bernard Gines, Enrico Pionetti et Bernard Sorco passés à la trappe en même temps que Rohr, Fred Gioria, préparateur physique du centre de formation et capitaine de l'équipe vainqueur de la Coupe de France en 1997, donnera ponctuellement des coups de main pour gagner les « 10 à 15 % de volume » que le nouveau patron des pros juge indispensable au développement d'un jeu plus conquérant.

Gaby Desmenez, seul adjoint ayant échappé à la révolution printanière, détenteur du diplôme, et Bruno Valencony, avec quelques semaines d'avance sur sa reconversion au poste de responsable des gardiens, assisteront Buscher dans sa mission singulière avant retour à la formation.

« Il ne faut pas se voiler la face, notre marge de manoeuvre est réduite. Il est temps de prendre conscience du danger, même si je préfère regarder vers le haut, et notamment les trois clubs qui nous devancent d'un point au classement », martèle Buscher, rejoignant dans l'analyse l'un de ses anciens coéquipiers, Roger Ricort, appelé à donner du sens à un titre de directeur sportif jusqu'alors rogné par Rohr.

 L'OGCN cherche donc dans la « nissartitude » les voies du salut.

« Maintenant, il n'y a plus que des Niçois à la tête du club. Que ce soit Maurice Cohen, Ricort, Valencony ou Gioria, on est tous du cru. On se connaît de longue date et on se dit les choses en face », avance le technicien qui prépare pourtant le terrain à un élément de l'extérieur. Selon toute vraisemblance, Frédéric Antonetti devrait en effet rejoindre Nice la saison prochaine en cas de maintien. Buscher s'est déjà chargé de tourner la page Rohr. Supprimé ainsi le mini stage à Saint-Martin-de-Vésubie, qui avait servi de base arrière à la préparation de la réception des Verts (2-0). « Fini le VTT, la barque ou la montagne, nous travaillerons à la maison devant nos supporters, que nous devons gagner à notre cause. »

«Je suis à l'inverse de Rohr », avait-il prévenu d'emblée avec un franc-parler devenu célèbre sur les terrains de jeunes où ses recadrages verbaux ont souvent débordé des murs de vestiaires trop minces. Il ne compte pas multiplier les tête à tête avec ses footballeurs (« Je ne suis pas psychologue et ce sont de grands garçons »), ni donner de la voix auprès d'un groupe jugé pour l'heure « craintif et amnésique de sa véritable valeur ». S'il évoque « une fracture entre l'équipe et l'ancien coach à combler », il n'ignore pas la relation très forte qui existait dans le groupe de terrain.

« Une décision vient d'être prise, explique José Cobos. Même si elle fait mal au coeur et même si c'est dur d'oublier trois années fantastiques, nous savons tous où est la priorité et nous donnerons tout pour notre club. »

Soulagé de bénéficier de quinze jours de préparation avant la venue de Nantes au Ray pour la « première de nos quatre finales de Ligue des champions », Buscher a fixé l'objectif à atteindre, au moins deux victoires, et a précisé sa méthode. « On repart de zéro. Plus personne n'est banni ou intouchable. Je n'ai vu aucun poète lors de nos premières séances d'entraînement, mais s'il y en a, ceux-là s'excluront d'eux-mêmes. Je vais faire des choses simples. Déjà, aider les joueurs en les mettant à leur place. En clair, un défenseur central jouera défenseur central ou ne jouera pas. Ensuite, je ne sais pas jouer pour ne pas perdre. Ce n'est pas ma philosophie. Je veux une équipe qui pétille, qui presse en avançant, qui aille de l'avant avec audace. On ne ressemblera pas au Real, mais je veux augmenter le nombre de frappes au but. Je suis désolé, mais j'ai vu les cassettes. A Paris, on a tiré une seule fois au but, quatre fois lors des trois derniers matches. C'est difficile de gagner dans ces conditions ! J'ai toute confiance dans ce groupe, qui n'est quand même pas à l'agonie, sinon j'aurais refusé la mission. Je ne suis pas un kamikaze. Mais je veux les transformer en samouraï. »

Après une première semaine de boulot intense, que sept ou huit Aiglons à court de rythme boucleront face à Toulouse pour le compte du CFA, toujours sous les ordres de Buscher avant le passage de relais à Alain Wathelet, promu jusqu'à la fin de saison entraîneur de la réserve, le Gym se mettra à l'heure nantaise.