Un match fou
Extrait L'Equipe, Laterale Nissart
Comment, dans une même rencontre, peut-on passer d'une première période mièvre, fermée et si peu passionnante à une seconde complètement folle, aux rebondissements si inattendus ?
Le charme si irrationnel du football, avanceront certains.
Le talent et, forcément, beaucoup de réussite répondront d'autres.
Ainsi, telle une folle sarabande, cinq buts se sont-ils enchaînés en huit minutes, entre la 56e et la 63e, hier soir, au Stade de l'Abbé-Deschamps, alors que le score s'était arrêté depuis peu à 1-1. À croire que l'infériorité numérique des Aiglons a été profitable au spectacle. On en remercierait presque la bêtise de Victor Agali.
L'attaquant niçois,
averti une première fois pour un coup volontaire, récidiva juste avant la pause,
provoquant son expulsion (45e), au cours d'une partie qui avait surtout vu la
frappe extrêmement puissante de l'excellent Balmont s'écraser sur le poteau
(5e).
L'AJA, meilleure attaque
Dans la foulée et le
temps additionnel, Bolf, alors privé du marquage du Nigérian, en profitait pour
ouvrir le score. Et c'est donc à dix contre onze, avec la certitude manifeste
que son salut passerait par une volonté d'aller de l'avant sans relâche, que le
Gym se lançait à l'attaque. Avec, évidemment, tous les risques que cela comprend
face aux Bourguignons, jamais aussi à l'aise quand il s'agit de contrer son
adversaire.
Les deux protagonistes, soudainement devenus brillants, au moins offensivement,
se rendirent donc buts sur buts, l'avantage demeurant finalement à celui qui
avait ouvert les hostilités, Nice tombant la tête haute après une belle série de
cinq matches sans défaite. Cet avantage fut aussi en grande partie le fruit du
talent de quelques hommes, comme Benjani le buteur, Kalou le créateur et Akalé
le perforateur, une redoutable triplette africaine.
L'absence pour blessure du capitaine Lachuer ne porta donc pas trop à conséquence et voici Auxerre avec la meilleure attaque de cette Ligue 1 que l'on dit, à juste titre, frileux, en partage avec Saint-Étienne, grâce à 26 buts inscrits. Surtout, les hommes de Guy Roux, qui lui-même ne souvenait d'un tel scénario pour sa formation, reviennent en troisième position à l'issue des matches aller, confirmant une belle régularité sur l'année.
Encore toute auréolée de sa victoire à Glasgow, contre les Rangers (2-0), synonyme de qualification pour les 16ème de finale de la Coupe de l'UEFA face à l'Ajax Amsterdam, l'AJA peut donc rêver à une très belle année 2005. Elle devra déjà s'appliquer à bien terminer celle en cours, face à Nantes, mercredi prochain, pour le compte des huitièmes de finale de la Coupe de la Ligue, seul trophée qui manque à son palmarès et qui constitue donc l'une des priorités maison.
Mais les Auxerrois, toujours invaincus à domicile et à la vue du potentiel offensif affiché hier soir, peuvent prétendre continuer à jouer dans la cour des grands, c'est-à-dire se bagarrer pour décrocher une place en Ligue des champions. Lyon, invaincu et apparemment intouchable, Lille et Monaco au ralenti, les Icaunais ont les cartes pour, une nouvelle fois, perturber un ordre que l'on avait voulu établir un peu trop vite sans eux. Un bémol cependant : officiellement, les hommes de Guy Roux visent toujours le maintien. Ils n'ont jamais été aussi près de l'atteindre...
Les niçois, quant à eux, peuvent être frustrés par ce résultat et surtout le déroulement de la rencontre. Revenir trois fois au score dans une rencontre n'est pas donné à tout le monde. Le portier niçois le reconnaissait: "A chaque fois qu'on est revenu au score, Auxerre passait devant. Dommage, car il y avait un coup à faire" Gernot Rohr, lui, était plus sobre dans sa réaction: " Franchement, je ne peux pas être frustré après une telle rencontre. Des matches comme cela, on en redemande. J'ai vu une très belle équipe de Nice, même à dix contre onze. Je tiens à féliciter tous mes joueurs. On a produit du jeu, mais on a manqué de rigueur défensive. Nous sommes aussi tombés sur une équipe en pleine réussite. Pour nous, le mercato ne devrait pas changer grand-chose et la trêve va nous faire du bien"
Les niçois ont terminé
l'année par une défaite mais sans démériter et en montrant une volonté dans
l'adversité sans faille. N'est-ce pas là l'essentiel?