Marseille était plus fort

 

Extrait L'équipe, Latérale Nissart

 

 

 

Si certains avaient commencé à en douter, la soirée d'hier a au moins prouvé que le Stade-Vélodrome n'était pas forcément destiné à devenir une terre maudite pour Philippe Troussier. Depuis son arrivée à l'OM, fin novembre, l'ancien sélectionneur du Japon avait perdu ses deux rencontres à domicile. Face à Auxerre (0-1), en Championnat, puis contre Angers (2-3), en 32e de finale de la Coupe de France, ses joueurs s'étaient montrés incapables de vivre sous la pression de leur public.

Performante à l'extérieur (deux succès, un nul sous l'ère Troussier), cette formation marseillaise n'était surtout pas prête à prendre le jeu à son compte et à assumer son statut de cador de la Ligue 1 dans son antre.

Hier soir, elle y est parvenue durant une période, ce qui lui permit d'écarter très vite le danger niçois et de s'imposer sans trembler (2-0) contre un adversaire toujours aussi fébrile défensivement (neuf buts encaissés sur les quatre derniers matches).

Un retour à un jeu moins conquérant se dessina après la pause. Mais cela relève sans doute davantage de la stratégie que du réel coup de pompe. Ce matin, Marseille est cinquième du Championnat, possède le même nombre de points que le quatrième, Auxerre, et n'a qu'une longueur de retard sur Monaco, qui occupe une place de troisième synonyme de qualification pour le tour préliminaire de la Ligue des champions.

Déjà vainqueur à Lille (2-1) mardi, l'OM va mieux. Le rythme qu'il fut capable d'imprimer en première période, le sens de l'abnégation qu'il développa à la conquête du ballon et l'ampleur prise par Nasri en soutien des attaquants lui laissent aussi entrevoir l'espoir d'un renouveau durable. Si les surprises les plus inattendues sont toujours possibles avec le personnage Troussier, l'entraîneur de l'OM a peut-être trouvé son équipe. Hier, il aligna pour la première fois la même formation que lors du match précédent. Il eut surtout le courage de titulariser à nouveau Peguy Luyindula, fantomatique à Lille malgré sa bonne volonté et auteur de son premier doublé à Marseille hier. L'attaquant de l'équipe de France, auteur de cinq buts à l'OM, a prouvé qu'il possédait au moins un gros mental et libéra son équipe. Car, en marquant aussi vite, les choses deviennent aussi forcément un peu plus simples. Le jeu-concours a été lancé fin décembre à Lyon (1-1), où Peguy Luyindula avait inscrit le but marseillais après deux minutes et trente-cinq secondes de jeu ; contre Lille (2-1), mardi dernier, Steve Marlet avait fait un tout petit peu mieux en ouvrant le score après deux minutes et onze secondes. Sa prise de pouvoir n'aura duré que quatre jours. Hier soir, Luyindula s'est fâché : cette fois, il ne lui fallut que deux minutes et cinq secondes pour chasser les démons de l'OM au Stade-Vélodrome.

Plein axe, Eduardo Costa contra une relance de Bisconti, Nasri effaça Cobos et servit Luyindula juste devant la surface de réparation. Frappe lourde de l'ancien Lyonnais 1-0.

Nasri mène la danse

Nice avait déjà commencé à suffoquer et, durant trente minutes, Marseille étouffa son adversaire en lui imposant un pressing exalté. Incapables de répondre à ce déferlement par leur justesse technique, pas toujours heureux dans le combat, Les Niçois accumulèrent les erreurs de relance et perdirent l'immense majorité de leurs duels. L'OM n'attendit donc pas longtemps pour inscrire un deuxième but. Bouillant, Peguy tyindula profita d'une mésentente entre Grégorini et Varrault à la suite d'un corner de Pedretti pour marquer une reprise de volée qui fracassa la barre transversale avant de s'introduire dans le but azuréen (2-0, 1 5e). Très bon à Lyon, à nouveau insuffisant contre Angers (2-3) et Lille (2-1), Luyindula réalisa son match le plus abouti hier soir, lors de ce succès face Nice.

A deux reprises, il fut d'ailleurs tout près d'embraser à nouveau le Vélodrome. Mais, deux minutes après un deuxième but, sa frappe fut contrée par... Marlet (17e) et, huit minutes plus tard, c'est la barre transversale qui repoussa sa tentative du coin droit de la surface niçoise (23e). Il passa alors le relais à Nasri, qui titilla Grégorini d'une frappe splendide (31e).

Après la demi-heure de jeu, Marseille desserra toutefois son étreinte. Mais Nice ne parvint toujours pas à inquiéter Barthez. Jusqu'à la pause, ce dernier n'aura eu qu'un arrêt à effectuer (à la 8e, tête d'Agali). Il eut un peu plus de travail par la suite.

Fatigués ou gestionnaires, les Phocéens posèrent alors nettement moins leur empreinte sur la rencontre. La possession du ballon s'équilibra, les Niçois se montrèrent même peu à peu dominateurs. Mais leurs tentatives n'auraient même pas inquiété un gardien en petite forme (54e et 60e) et ils gâchèrent leurs occasions par manque de spontanéité (65e, Vahirua repris par Meïté) ou maladresse (73e, frappe de Jankauskas).

À l'inverse, Marseille aurait encore pu alourdir le score grâce au coup d'oeil et aux accélérations de Nasri en contre. Mais, par deux fois, Luyindula ne trouva pas le cadre (511 et 59e). L'essentiel avait déjà été fait.

Des niçois qui auraient pu jouer pendant des heures sans marquer même si Gernot Rohr affirmait "  Je retiens toutefois la réaction de mon équipe en deuxième période, avec plusieurs occasions, mais notre entame de match trop fragile nous a été trop préjudiciable".

Les niçois n'auront jamais mis en danger cette équipe marseillaise et auront vu leur rêve de hold-up s'envoler... très tôt.