Ajaccio-Nice, peur sur l'île
Extrait France Football
La rencontre entre Ajaccio et Nice est un sommet du bas du classement entre deux équipes qui veulent éviter de dévaler la pente conduisant à Ligue 2. A la veille de se retrouver, ces deux formations se tiennent en effet par la main juste au-dessus la zone de relégation : elles flottent toutes deux avec une bouée de 39 points et comptent une minuscule longueur d'avance sur Bastia, le dix-huitième, premier relégable. L'éventuel vainqueur de cette partie raflera donc ses chances de maintien tout en amenuisant celles de son adversaire malheureux.
Courbis a appuyé sur l'accélérateur.
Mais ce match n'est pas, aux yeux de l'entraîneur d'Ajaccio, celui de la dernière chance, car il y aura toujours de la vie après la défaite. " Ce serait une finale pour le maintien si on était à la veille de la 38e journée et qu'il fallait sauver notre peau, affirme-t-il. On s'apprête plutôt à disputer l'une des trois " finales " qui restent à jouer. Evidemment, celui qui perdra aura chaud aux fesses. Je suis pourtant prêt à signer la proposition suivante: Je veux bien perdre contre Nice si on gagne les deux dernières rencontres. Ça suffirait à nous sauver, car il nous faut prendre trois ou quatre points sur les neuf qui restent en jeu. Moi, une victoire et un nul, je m'en contenterais : on aurait 43 points et une différence de buts pas trop mauvaise. Pour rester en Ligue 1, ça devrait quand même suffire ! On a même la possibilité de se sauver avant la dernière journée, face à Sochaux. Ce cas de figure n'était pas prévu et on le savoure."
Au cours des matches aller, effectivement, l'équipe insulaire, enchaînée dans les bas-fonds du classement, avait la tête du condamné. Ce club, surtout remarqué l'été dernier pour son recrutement de joueurs originaires du pays de la samba, avait un rythme bien médiocre en Championnat. "On comptait d'ailleurs 16 points à la fin des matches aller, alors que Nice en possédait 25, note-t-il. Cela faisait quand même une différence de 9 points. A ce moment-là, je priais le bon Dieu pour que le dernier match nous sauve en cas de victoire. Là, compte tenu d'un parcours exceptionnel, on est à égalité avec Nice à trois journées de la fin ! On reste quand même sur quatre victoires, deux résultats nuls et une défaite à Lyon (1-2), dimanche dernier, lors d'un match qui me laisse des regrets. Là-bas, j'ai découvert qu'il y avait un nouveau règlement : quand l'avant-dernier défenseur commet une main, il est expulsé ! L'arbitre assistant ne peut pas ne pas voir que Collin couvrait Seck ! Alors, samedi, si un défenseur niçois placé en avant-dernière position fait le même geste, j'imagine que notre adversaire jouera à dix. Mais il faut les avertir, les Niçois ! "
Ils sont déjà prévenus de la roublardise de Rolland Courbis, dont la carrière de technicien commence à devenir poivre et sel. En face de lui, il va retrouver un entraîneur moins expérimenté en la personne de Gerard Buscher, intronisé avant la 35è journée en remplacement de Gernot Rohr. " Gérard fait partie des joueurs que j'ai connus. Ça me fera plaisir de le saluer avant le match et de lui souhaiter la bienvenue dans le métier des fous. Mais ça ne m'empêche pas de remarquer des trucs surprenants. Quand Nice a changé d'entraîneur, cette équipe avait 3 points d'avance sur le dix-huitième, alors qu'il lui restait quatre matches à jouer, dont deux à domicile. Elle était sur la mauvaise pente, peut-être, mais dix-septième. Quand tu es relégable, mort pour mort, tu tentes un truc. Mais le faire quand tu es vivant, ce n'est pas évident : imagine que tu meures ! Après, il y a certainement des raisons qui ont mené à cette décision. "
Buscher cherche les freins.
Pour Gérard Buscher, il suffit de regarder les statistiques, qui sont aussi éloquentes que lui. " Depuis janvier, on est derniers au classement. Si on n'appelle pas ça une chute libre ! On était mal barrés, nos points d'avance avaient fondu et le véhicule allait droit dans le mur : on m'a fait monter dedans à quatre mètres du mur en me demandant arrêter la voiture. J'aurais préféré monter quand il restait quinze ou vingt mètres, évidemment. Mais je ne me plains pas, on fait le maximum pour limiter les pots cassés. Il faut améliorer le jeu, le physique et le mental en un mois, alors que ça n'a pas pu être fait en dix mois. Je vais me trouver sur la corde raide, pour essayer d'arrêter la voiture qui va droit dans le mur. Après, qu'on se maintienne ou non, j'assumerai les quatre dernières journées, pas plus. "
Sur les quatre rencontres qui garniront son bilan figure pour l'instant le match nul concédé face à Nantes (0-0), la semaine dernière. Ce samedi, c'est encore un concurrent pour le maintien qui s'avance face aux Aiglons. Dans la foulée, ils affronteront Auxerre et Lyon, deux équipes logées dans le haut du tableau, « Mais je ne regarde pas plus loin que le match d'Ajaccio, ajoute Buscher. Avec tout le respect que j'ai pour l'ACA, je suis persuadé qu'on possède les qualités pour se sauver, même si ça va être compliqué face à une équipe qui joue bien au ballon. On est capables de faire quelque chose, surtout qu'on détient encore notre destin entre nos mains. Et puis, il ne faut pas oublier qu'Ajaccio joue aussi une grosse partie contre nous, même si cette équipe est dans une autre dynamique, C'est toujours le problème de la bouteille à moitié pleine et de la bouteille à moitié vide : Ajaccio a l'impression qu'elle est à moitié pleine alors que Nice pense qu'elle est à moitié vide. C'est une question d'optimisme."
Celui de cet ancien international ne semble pas tari. " Contre Nantes, déjà, on était mieux, estime-t-il. Pas en première période, car on était crispés. La seconde, en revanche, m'a plu, car on a enfin élaboré du jeu, on a eu quelques occasions. On a même eu les cartes en main pour gagner ce match. Mais c'est là qu'on a senti l'enjeu et la crispation des joueurs, puisqu'on a loupé un penalty. Il n'est pas évident de tout bouleverser si près de la fin, surtout en matière d'animation offensive, car il faut des mois pour trouver des automatismes. "
Mais il ne lui reste que
trois matches pour faire marcher les freins