Souvenirs
Extrait l'Equipe, Latérale Nissart
Il fût un temps où ces deux-là avaient de l'audace. Et l'on ne parle pas des années 50, au cours desquelles Nice et Reims ont nourri leur légende , mais bien d'il y a quelques semaines lorsque les actuels 14e de L 1 et 11 e de L 2 affichaient un des jeux les plus spectaculaires de leur Championnat respectif.
En début de saison, Reims, remonté de National un an après y être redescendu, ne pensait qu'à « aller de l'avant et ouvrir le jeu », selon les principes de son entraîneur, Ladislas Lozano. Il en fut récompensé par une place de leader en août et les louanges de ses pairs.
Nice, décidé à séduire et remplir le stade du Ray en rompant avec son profil solide mais ennuyeux, a participé à quelques-uns des plus gros scores de la saison (à Bordeaux 1-5, à Monaco 4-3, à Auxerre 3-4, contre Bordeaux 3-3) et présentait, après vingt journées, la meilleure attaque de L 1 (27 buts).
Cette audace a valu aux deux équipes opposées ce soi r de marquer beaucoup, mais aussi de faire partager ce plaisir à leurs adversaires. Début novembre, après avoir encaissé treize buts en quatre matches perdus, Reims a donc choisi d'en finir avec le panache. « On a tout fermé, comme le font toutes les équipes qui se posent des questions, reconnaît Lozano. Je ne pensais pas que la L 2 serait aussi relevée. Depuis dix ans, j'avais pour principe d'ouvrir le jeu, j'ai remisé cela au placard. À l'entraînement, le travail entre les lignes a changé, le physique a été renforcé. » Pour passer à une défense à cinq et un travail de récupération généralisé. Résultat : trois buts subis au cours des huit derniers matches, contre vingt-cinq lors des seize premiers.
Lozano: « Cela s'appelle du professionnalisme »
Face aux mêmes excès, Nice - deuxième plus mauvaise défense de L 1 avec 34 buts- a pris le même virage, début janvier. Il s'est imposé après l'étonnant bilan des matches contre Auxerre et Bordeaux : 6 buts marqués, 7 encaissés, un seul point gagné.
Le milieu défensif
Jacques Abardonado s'est donc posté juste devant la défense, où Martin Djetou
pourrait débuter ce soir, et depuis trois matches Nice n'a cédé que deux fois,
sur penalty. « On ne pouvait pas continuer ainsi, avoue Gernot Rohr,
l'entraîneur. Il est difficile de prétendre au maintien lorsque tu figures parmi
les trois plus mauvaises défenses. On a donc cherché à améliorer l'ensemble ,
même s'il n'est pas question de brider une équipe joyeuse par nature. »
Pourtant, elle n'a inscrit que deux buts en cinq matches et attend une victoire
en Championnat depuis deux mois. Comme si le funambule niçois, tout juste
stabilisé sur son fil, n'osait plus faire un pas de plus de peur de perdre à
nouveau l'équilibre. Devant tant de prudence, les anciens audacieux se préparent
aux tirs au but plutôt qu'à une tempête d'occasions. Le symbole de leur
renoncement ? « Non, cela s'appelle du professionnalisme et de l'adaptation,
répond Lozano, qui pourrait revenir à une défense à quatre ce soir, en raison de
plusieurs absences. Il ne faut jamais perdre de vue que des gens investissent au
Stade de Reims, que les supporters ne veulent pas nous
voir perdre. J'ai eu l'obligation de me remettre en cause. Ceux qui vous
parlent de foot champagne vous pardonnent beaucoup de de choses tant que vous ne
perdez pas »
Côté niçois, Gernot Rohr affirme: « Pas question de faire des impasses ou de faire tourner l'effectif. Même si je sais qu'un voyage très compliqué nous attend à Rennes, il faut jouer ce coup à fond. Par respect pour nos supporters, par fierté pour notre maillot.» Mais le coach niçois restait surtout méfiant: « Je me méfie des tirages où tout le monde dit que c’est bien. Ce match est loin d’être gagné. Reims possède une super équipe et ses joueurs n’auront rien à perdre.»