Autre histoire, autre contrat
La voix du nord
En pleine phase de reconquête, le Racing se doit de gagner. Tout autre résultat
qu’une victoire constituerait une forme d’échec à une époque où les points
deviennent très chers.
Concernant ce Racing qui a su sortir des brumes de la médiocrité avant qu’il ne
soit trop tard, on est au moins sûr d’une chose aujourd’hui : l’envie de jouer
et de prendre le plaisir là où il se trouve – c’est-à-dire au contact de la
victoire – est un véritable aimant vers lequel convergent toutes les pensées.
L’obsédant sujet du maintien ayant été évacué, les Lensois n’entendent plus, en
effet, perdre de temps, ni s’égarer sur des chemins sans issue. Ce qu’ils
veulent, c’est profiter, encore et toujours, de l’élan né, justement, de leur
réveil dans le jeu et dans les points; de cette impulsion aux effets multiples
et variés dont on retient, essentiellement, qu’elle a remis Lens sur les bons
rails.
Aller plus loin
La question est bien sûr de savoir si les joueurs artésiens ont assez de coffre
pour assouvir leurs appétits renaissants, s’ils peuvent passer sans transition
d’une période de luttes incessantes et usantes pour la survie à une autre
privilégiant, elle, l’ambition sous toutes ses formes. Le choc « thermique» est
forcément important. Francis Gillot évoque pour sa part une nécessaire
réadaptation à une situation nouvelle. «Ce n’est pas évident de se recaler sur
d’autres objectifs quand on a si longtemps bataillé pour s’en sortir»
rappelle-t-il. « Au départ, le maintien était la priorité. On l’a assuré. Mais,
maintenant, nous allons peut-être avoir quelques peines pour nous “redynamiser”
et en remettre une couche.» L’obligation de résultat, dans une perspective de
reconquête significative et de confirmation des acquis, est bien palpable. «Il
n’y a pas d’autre alternative que de gagner si l’on veut vraiment aller le plus
loin possible. Prendre trois points contre Nice est essentiel car on n’en a pas
pris beaucoup ces derniers temps…», ajoute d’ailleurs l’entraîneur en instance
de confirmation à son poste (1). Rappel opportun à l’heure où se dessine le
projet de saisir, cette fois, au vol le train de l’Intertoto et de rompre ainsi
définitivement avec cette litanie de matchs sans gains ni joies, cause de tant
de tourments. «Il n’y aura pas de projet fort de notre part si on ne bat pas
Nice», souligne à ce propos Jérôme Leroy, convaincu qu’il s’agit là « d’un match
plus important que jamais». «À un moment donné, si on ne gagne pas à domicile,
ça devient très aléatoire de regarder plus haut. Depuis qu’on s’est remis à
gagner, chaque match est un tournant. Les déplacements de Marseille et de Lyon
étaient déjà perçus comme des virages importants. Nous les avons ratés de peu.
Là, il faut saisir notre chance. Saisissons-la car même la septième place sera
difficile à atteindre!»
Avec une seule victoire en trois matchs (contre Bordeaux), le Racing n’a guère avancé il est vrai, ce qui rend sa mission exploratoire du jour extrêmement sensible. Et puis, les appréciations flatteuses relatives au jeu n’ont qu’une durée de vie limitée. Elles n’ont jamais remplacé, de toute façon, les avancées arithmétiques sûres et crédibles. Bref, pour toutes ces raisons, Lens s’apprête, comme le dit si bien son capitaine, à négocier un autre virage clé de sa nouvelle histoire. Avec le souci évidemment de faire aussi bien que devant Auxerre et Bordeaux, les deux derniers visiteurs à être tombés à Bollaert. Jamais deux sans trois, a-t-on coutume de dire, quand la motivation est là… 1. – Francis Gillot devrait bientôt rencontrer Gervais Martel afin d’étudier son cas personnel et celui de ses adjoints, en vue de la prochaine saison. Il ne devrait pas y avoir de mauvaise surprise. Le quatuor Gillot - Sénac - Sikora - Lauricella sera, selon toute vraisemblance, confirmé.
« Gervais va partir à la
neige. Il va réfléchir à tout ça. Avec lui, pas besoin de papier pour conclure
des choses. Ce n’est pas son style», dit le successeur de Joël Muller.