Agali s’envole enfin
Extrait l'Equipe
L’attaquant nigérian,
auteur du coup du chapeau en huit minutes contre Monaco (4-3), renaît avec Nice.
Contrairement à l’aventure du héros de Steven Spielberg – incarné par Tom Hanks
– bloqué dans un terminal d’aéroport, celle de Victor Agali (25 ans), dans
l’aérogare de Nice où, en transit, il a rencontré Gernot Rohr pour la première
fois, s’est transformée en véritable envol supersonique. Trois buts en huit
minutes… ont permis à Nice de revenir de 0-3 à 3-3.
Son parcours sur les bords de la Méditerranée avait pourtant démarré de façon
poussive.
C’est à l’âge de 17 ans qu’il débarque à Marseille (en 96-97) pour rejoindre l’OM
où il jouera à peine à cinq reprises, avant de se diriger vers Toulon. Bernard
Gines, le préparateur physique niçois, toulonnais à l’époque, s’en souvient : «
Il n’avait pas de muscle comme aujourd’hui, c’était une asperge ! Il a demandé à
François Bracci de pouvoir s’entraîner… » Résultat : 25 matches et 15 buts. Il
tente ensuite l’aventure allemande, à Rostock (1998-2001), puis Schalke 04
(2001-2004). Il y acquiert expérience (120 matches et 32 buts au total) et
palmarès (vainqueur de la Coupe d’Allemagne 2002), dispute sept matches de Coupe
d’Europe et fréquente la sélection nigériane.
Rohr : « Avec lui,
j’ai du talent pour zéro centime… »
Gernot Rohr, qui a gardé un œil sur la Bundesliga, n’a pas oublié tout ça.
Lorsqu’il le rencontre, par hasard, début juillet à cinq heures du matin, il
saute sur l’occasion et lui propose de rejoindre le Gym. L’entraîneur niçois ne
manque pas de souligner avec un petit clin d’œil : « Avec lui, j’ai du talent
pour zéro centime… Il n’a pas coûté dix millions d’euros comme certains
Monégasques ! »
Agali, lui, au retour du décrassage à vélo hier matin, a été ovationné par les
supporters niçois. Il a bien été obligé, comme la veille à Louis-II, d’expliquer
son histoire d’aéroport aux journalistes. Marquer trois buts en Championnat chez
l’adversaire n’est pas si courant. Surtout lorsqu’en face il y a Flavio Roma,
jusque-là garant de la solidité monégasque. « J’ai eu de la réussite », dit
Agali, en s’excusant presque. Rohr, lui, souligne : « C’est un grand
professionnel. Il sait s’effacer et n’en rajoute pas après avoir marqué… Il
donne aussi le ballon du quatrième but à Marama Vahirua, et je dis donc : bravo
Mister George. » Une claire allusion à George Weah, auquel il compare son
colosse de 1,93 m.
Victor, lui, il faut le « titiller » pour qu’il en dise un peu plus et
reconnaisse : « J’ai bénéficié sans doute de l’expérience acquise en Allemagne…
Là, malgré le score défavorable, je ne me suis jamais déconcentré, même quand il
y avait peu de ballons devant. Ensuite, j’ai eu quatre occasions et j’en ai
concrétisé trois… »
Il avait déjà réalisé un triplé avec Toulon en D2 et deux doublés en Allemagne.
Il préfère souligner « la manière dont j’ai été accueilli à Nice et l’écoute
dont je suis l’objet de la part de Gernot et du staff. Ils ne me demandent pas
de faire des choses que je ne peux faire, sachant que je suis resté six mois
sans jouer. Je manque encore de mobilité et de puissance… »
On y croit à peine en revoyant les images du match et sa vitesse d’exécution.
Comme la subtilité de son coup de patte. Il paraît même qu’il ne se sent pas au
top et encore trop court.
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