Nice se réveille
Extrait L'Equipe
Un recrutement tardif est
à l’origine du renouveau niçois depuis trois journées.
L’OGC Nice respire. Sur les trois dernières journées de Championnat, l’équipe de
Gernot Rohr a pris sept points (Nice - Sochaux, 2-1 ; Metz - Nice, 1-1 ; Nice -
Rennes, 2-0), alors qu’elle n’en avait péniblement glané que deux lors des cinq
premières. Et ce bol d’air, elle le doit en grande partie à trois de ses
joueurs, tous arrivés tardivement sur la Côte d’Azur.
Balmont, le patron
À peine débarqué dans un
club en plein marasme, le 24 août, Florent Balmont a ranimé l’espoir. Son
premier entraînement avec les Aiglons a donné de l’épaisseur à cette espérance.
« Il donne l’impression d’avoir toujours été l’un des nôtres, assure Gernot Rohr,
ravi de l’aubaine. C’est une valeur sûre du foot français. »
Technique, accrocheur, capable d’orienter le jeu, de l’accélérer ou de l’aérer,
ce milieu récupérateur âgé de vingt-quatre ans possède toute la panoplie du
patron qui manquait. Modeste, il refuse l’étiquette : « Chez nous, il y a onze
patrons et un boss, Cobos, le capitaine. Tous les joueurs ont apporté quelque
chose dans le redressement de l’équipe. J’ai peut-être amené un petit plus au
niveau de l’agressivité. Il fallait juste que le groupe digère les départs des
uns et des autres et trouve ses automatismes. Tout le monde m’a facilité la
tâche. Ce qui a confirmé les bons échos que j’avais sur Nice, sa solidarité et
son ambiance. Pour mon premier match, ils ont tous eu des petits mots importants
et libérateurs. Le coach m’avait juste conseillé de ne pas me prendre la tête et
de me faire plaisir. » C’était devant Bastia (1-1 ; 4e journée). Bien qu’en
souffrance physique en seconde période et sans véritables repères, l’ancien
Lyonnais avait déjà marqué des points. Depuis, son influence sur le jeu n’a
cessé de croître. Balmont est sûr d’avoir fait le bon choix. Nice aussi.
Grenet, le renaissant
Après Bigné, Meslin (tous
deux blessés) et Echouafni, un nouvel oublié par les autres Rouge et Noir de L 1
fait le bonheur de Nice. Comme ses prédécesseurs, François Grenet se sent
revivre depuis que, libéré de son contrat par Rennes, il a rejoint son ancien
coach bordelais, fin août, pour deux ans. « Pour moi, c’est comme un nouveau
départ. J’ai le sentiment de redécouvrir la L 1 avec cette montée d’adrénaline
avant les matches, explique le défenseur latéral. Ce groupe est si facile à
vivre que cela facilite l’adaptation. Même s’il y a eu une période de flottement
avec le départ de joueurs importants, il n’y a pas eu d’implosion. »
Perturbé par des blessures en cascade puis cantonné en réserve à Rennes, il
n’est pas encore le Basque bondissant qu’il fut avec les Girondins (1992-2002).
En accord avec son entraîneur, il se limite d’ailleurs sagement au boulot
défensif. « Je m’estime à 70 % de mes moyens, je reviens de très loin. Pas
question d’avaler la trompette au bout d’une demi-heure de match et de pénaliser
bêtement le collectif. » Intégré pour la première fois à Lille (0-1 ; 5e
journée), Grenet, vingt-neuf ans, grignote son retard physique en enchaînant les
rencontres avec un enthousiasme et une spontanéité de débutant. « C’est un
mental exemplaire dans un groupe, dit Rohr. Il est direct, simple, intelligent
et revanchard. »
Agali , le point
d'ancrage
Une rencontre fortuite
avec Rohr à l’aéroport de Nice est à l’origine de la venue de cet immense (1,93
m) attaquant international nigérian. Libéré par Schalke 04 en juin dernier au
sortir d’un long bras de fer, Victor Agali a réfléchi quarante-huit heures avant
de préférer Nice, où résident sa compagne et sa fille, à un nouveau bail à
Rostock, dont il avait porté le maillot entre 1998 et 2001 (66 matches, 18
buts). Relevant d’une opération à un ménisque effectuée en juin et privé de
toute compétition depuis décembre, il a apporté du poids à l’attaque niçoise.
Après une poignée d’entraînements, il avait remporté la plupart de ses duels
avec les défenseurs marseillais (1-1 ; 3e journée), avant de s’écrouler sur
crampes et lésion musculaire. « Il peut enfin s’exprimer après bien des ennuis
de santé et nous apporter la puissance athlétique qui nous faisait défaut, note
Rohr. Bon technicien, il ne s’affole jamais, même s’il est entouré par deux ou
trois adversaires. Je demande à le voir sur la durée. » Buteur décisif devant
Sochaux (2-1 ; 6e journée), sa deuxième titularisation, il s’est aisément
transformé en pivot d’attaque, lui qui avalait les espaces en Bundesliga. Point
d’ancrage capable de garder le ballon et de marquer, Agali ne rechigne pas à
aller au charbon. Sa complémentarité avec l’autre colosse, le Lituanien Edgaras
Jankauskas, prêté par Porto, a même surpris, samedi dernier.
« Ce n’est plus la même équipe, ni le même jeu qu’en début de saison, remarque
Agali, qui aimerait bien poursuivre l’aventure au-delà de son contrat d’un an.
Mais nous, les joueurs, nous ne ferons une belle saison qui si le groupe réussit
un bon Championnat. »