Les Aiglons reprennent leur vol

 

 

Si l'OGC Nice a débuté sa saison par une victoire en 2e tour d'Intertoto samedi, le contexte extra sportif du club est loin d'être aussi serein.

Le marié était en noir. Pour ses épousailles avec l'Intertoto, l'OGC Nice est apparu début juillet en Suède (match aller, 3-2 pour les locaux) et samedi (retour, 2-1 et qualification niçoise) tel un négatif du Real de Madrid. Le noir cela mincit. Cela cachait en tout cas, face à des Scandinaves à mi-championnat et donc plutôt affûtés, quelques lourdeurs dues à des vacances, courtes mais bien remplies. C'est encore en noir que les Aiglons, comme tombés du nid tellement étonnés qu'ils sont encore de leur saison passée, ont été présentés au noyau dur de leurs supporters, un millier d'abonnés de cette Brigade Sud sur laquelle un groupuscule d'extrême droite a jeté son dévolu.

En fait peu de nouvelles têtes ce 7 juillet au stade du Ray, si ce n'est celles de Georges Ba et d'Abdelmalek Cherrad(!!), auteur de deux buts à Göteborg contre Orgryte. Gernot Rohr, cet entraîneur allemand que même le ministre du Tourisme italien trouverait sympa, expliquait en effet que le " Gym " serait sage pendant le Mercato, se contentant de recruter, en priorité, deux attaquants. Aussitôt dit aussitôt fait. Le départ de Kaba Diawara, meilleur buteur des Rouge et Noir l'an dernier a été compensé par l'arrivée, en provenance de Bastia, de Lilian Laslandes. L'ancien Auxerrois, qui a pas mal bourlingué en Angleterre et en Allemagne, devrait, à trente et un ans, apporter tout le poids de son expérience à la pointe de l'attaque azuréenne.

Le recrutement d'une telle " pointure " est pour les dirigeants niçois le signe que leur club est sorti de sa période de purgatoire. On se souvient que l'an dernier à la même époque, l'OGC Nice, menacé de perdre son statut pro, était rattrapé du bout du short par le Comité national olympique demandant à la " fédé " et à la DNCG de réintégrer ce club à la riche histoire parmi l'élite et d'accepter sa montée en L1. Ce résultat, le club niçois le doit pour beaucoup à Rohr et à ses joueurs qui n'ont jamais baissé les bras, geste inhabituel pour des footballeurs. La saison qui a suivi a été extraordinaire : les Aiglons ont jusqu'au milieu de l'hiver survolé le sommet du championnat avant de perdre quelques plumes au printemps, se posant finalement sur le ventre mou du classement, ce qui leur a permis, in extremis, de goûter à l'Europe par le biais de l'Intertoto.

" Ce ne fut que du plaisir ", s'extasiait, lors de la présentation de l'effectif, l'actionnaire principal Gilbert Stellardo dont les objectifs - politiques, financiers ? - donnent lieu à maintes spéculations. Il ne parlait pas pour lui. Car l'ancien président du Syndicat des hôteliers niçois devenu l'un des hommes de confiance du maire (UMP ex-FN), Jacques Peyrat, a politiquement beaucoup perdu ces derniers mois. Il n'a pas pu être élu député face au candidat officiel de la droite. Cette dissidence a valu à " Gilbert ", ainsi qu'il aime à se faire appeler " même par les gens de gauche " (sic), une rétrogradation de fonction, passant brutalement de grand manitou des finances municipales au rang de simple conseiller. Il demeure néanmoins membre d'une majorité municipale dont certains membres, justement dans le domaine du sport, ont été taclés par la justice : condamnation à l'inégibilité du subdélégué Daniel Le Deunff, qui avait confondu son maillot d'élu avec celui du trésorier du club de handball ; mise en examen pour corruption passive de l'adjoint au sport, Bernard Orengo, par ailleurs ancien commissaire principal de Nice, soupçonné d'avoir touché une enveloppe pour faciliter l'obtention, par une société du BTP, d'un marché public relatif à la construction du " grand stade " du Ray.

Construction récemment remise en cause par le maire lui-même dont le bras droit administratif, Michel Vialatte, secrétaire général de la mairie et de la communauté de communes, a lui aussi été mis en examen. Jacques Peyrat, qui s'était rallié à l'idée, chère aux Niçois, de conserver le stade dans son quartier , le voit maintenant édifié en périphérie de la ville, dans la plaine du Var. Un effet d'annonce qui vise à contrebalancer le sentiment de marasme que l'on ressent à Nice après l'abandon programmé, sauf celui du tramway, des grands projets municipaux ? Quoi qu'il en soit le " Gym " évoluera, au moins une saison encore, dans un stade, aux limites de l'homologation par les instances fédérales, en tout cas indigne de la cinquième ville de France et de son public potentiel.

Philippe Jérôme

 

Lateralenissart : Un article sur le gym qui permet à L'humanité de revenir avant tout sur la politique via l'OGCNice . Sans commentaire.