Franck Guidicelli :

« Cette fois, je sors du bois ! »
 

L'Est Républicain

 

 

Franck Guidicelli, actionnaire à près de 30 % de l'OGC Nice, a déposé plainte contre X. Il dénonce de graves malversations au sein même de son club. Maintenant que le maintien est acquis il passe à l'offensive et s'impatiente devant les lenteurs de la justice.

- Avez-vous eu peur vis-à-vis de la situation sportive ?

- Forcément un peu. On n'est jamais vraiment à l'abri même si j'avais confiance en une majorité de joueurs, je savais qu'ils étaient de qualité, et que le travail du staff était bon.

- On s'explique mal cependant vos difficultés ?

- C'est vrai l'an dernier on a fini huitièmes et on était en finale de la Coupe de la Ligue. On a peut-être été un peu grisé. Et puis il y a eu quelques changements dans l'équipe, ça a produit des soucis dans le jeu. On a manqué de réalisme, ce qui a joué sur la confiance, voilà pourquoi je me suis personnellement attaché à soigner la psychologie des joueurs.

- N'y-a-t-il pas eu une certaine usure pour un groupe qui vivait ensemble depuis un moment ?

- Je ne le crois pas. Après le match raté à Nancy, tout le monde s'est remis en question et on a fait ce qu'il fallait contre le PSG. En tout cas moi je me suis efforcé d'être le plus proche des joueurs dans ces moments-là. Quand on m'a enlevé mes mandats sportifs j'ai continué à appeler les joueurs cadres.

- Frédéric Antonetti a tenu des propos très durs mais aussi ambigus samedi soir, il a parlé de saloperies... A qui pensait-il ?

- Sans doute aux dirigeants puisqu'il a dit aussi vieux papys et il a parlé d'emplois fictifs au club. Un point sur lequel je suis effectivement d'accord. Et si on veut vraiment un projet à Nice il faudra bien s'en occuper aussi et arrêter de fonctionner sur le copinage et de faire appel à la famille. Il est évident que dans ce club on travaille peu, on ne peut pas dire que certains aient un rendement exceptionnel !

- Ce climat pourri en coulisses a-t-il influencé ce qui s'est passé sur le terrain ?

- C'est ce qu'on a essayé de nous faire croire. Je dis simplement que les joueurs ont un métier, qu'ils savent le faire et qu'ils doivent faire abstraction de tout le reste. Quand on m'a appelé sur le domaine sportif en janvier on avait quatre points de retard sur le premier reléguable, tout le monde nous avait condamnés. Je ne dis pas que c'est grâce à moi si on s'est maintenu mais ensuite tout le monde a tiré dans le même sens.

- Où en êtes-vous aujourd'hui avec vos co actionnaires ?

- C'est très simple, tous les ans ils se targuent d'être de très bons gestionnaires, tant mieux après tout sauf que là ils viennent d'annoncer qu'on avait perdu deux millions d'euros ! Voilà pourquoi j'avais voulu personnellement rester bénévole. Seulement je me suis intéressé aux comptes, j'ai demandé des pièces, on n'arrivait pas à me les donner et là je suis tombé sur les premières malversations. Aujourd'hui elles sont avérées. Voilà pourquoi j'ai demandé un audit qu'on m'a refusé, puis accepté, puis de nouveau refusé. On ne sait plus où on en est, j'attends. C'est d'autant plus incroyable que je l'ai fait à mes frais et qu'on a exigé la confidentialité. Les conclusions ne pouvaient être lues qu'au conseil d'administration ! C'est hallucinant. Mais tout est possible dans ce club, aujourd'hui j'ai l'intuition, et même un peu plus, qu'on a fait disparaître certaines pièces.

- C'est grave comme accusation ?

- Oui, c'est une rumeur, je n'ai évidemment pas les moyens de la prouver mais on aura quand même du mal à effacer certains mouvements bancaires ! Voilà pourquoi je m'étonne un peu après ma plainte de ne pas encore avoir été entendu, pas une audition. Mais je continue à faire confiance à la justice.

- On vous sent impatient ?

- Oui cette fois je suis décidé à sortir du bois. Il faut arrêter de leurrer tout le monde, on a un dossier très conséquent, je me tiens à l'extérieur du club, plus personne ne me parle dans les dirigeants mais je suis attentif. J'aime ce club, il lui faut un vrai patron, je peux être celui-ci. En tout cas on ne fera pas pire que cet amateurisme, ce n'est pas possible. Aujourd'hui je n'ai plus de nouvelles de quiconque, je ne vais même plus aux matchs car je ne veux pas me retrouver avec certaines personnes dans la corbeille d'honneur. Je me vois mal là au milieu.

- On a le sentiment parfois que le dossier du Grand Stade constitue la toile de fond de toutes ces querelles ?

- C'est ce qu'on dit en effet. Nice peut avoir un projet lui permettant de lutter avec les clubs les plus huppés. La mairie semble en avoir pris conscience.

- Quand cela va-t-il finir ?

- Je crois fermement à mon action en justice. Il y a des malversations dans ce club, les preuves sont là, il reste à dire à qui profitent les magouilles. Je sais que de l'argent a transité vers des plates-formes off shore, que ce club a été volé. J'ai porté plainte contre X, or Maurice Cohen et Roger Ricord se sont sentis visés. C'est leur problème. Depuis ils n'ont de cesse de me diaboliser mais un jour prochain les gens comprendront pourquoi j'ai agi comme cela.

 

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