Damien :

" j'estime que je dois plus m'imposer dans les airs"

 

extrait

 

 

Comment vis-tu une rencontre lorsque tu vois les ballons défiler dans tes buts, presque impuissant ?

Bien entendu, très mal... Parce que malgré tout, on se dit toujours que l'on peut faire quelque chose. D'autant plus à mon poste, où en tant que dernier défenseur, je vais chercher le ballon au fond des filets. Je pense qu'il y a différentes façons d'analyser ce résultat : soit en constatant simplement le score brut 5-0, soit en soulignant par exemple notre bonne entame de match. Il est surtout important d'analyser les points positifs, mais surtout les points négatifs. Dans ce sens, on a pas mal discuté entre nous, et mardi matin, on a effectué une séance vidéo en disséquant de nombreuses actions au ralenti. C'est une très bonne chose et je pense que cela a été utile à tout le monde de revoir ses erreurs.

Pourtant, vous étiez bien rentrés dans le match, alors comment expliquer un tel enchaînement en l'espace d'une vingtaine de minutes ?

C'est un tout. On rate deux occasions, on prend un but, Romain se fait expulser... Beaucoup d'éléments se sont déroulés en un temps très réduit et il était difficile ensuite de réagir. D'autant plus que l'on était bien en place. Les Lyonnais ont eu une totale réussite sur le tacle de Pancho en récupérant le ballon et en ouvrant le score. La suite, on la connaît... Dans un autre jour, on peut ouvrir le score sur notre première occasion et les faire douter. Enfin, c'est le football. On ne peut pas trop l'expliquer, mais le principal est d'essayer, quand même, d'analyser nos erreurs pour éviter que cela ne se reproduise.

Le lendemain de la rencontre à Gerland, les médias vous ont descendus, fustigeant la dureté du jeu niçois. De quelle manière avez-vous perçu ces attaques au sein du groupe ?

Personnellement, je ne me suis pas trop intéressé aux échos médiatiques du match dans les heures qui ont suivi, mais j'en ai entendu parler. Pourtant, il ne me semble pas qu'ils aient eu à déplorer de blessés. On parle du tacle de Pitau sur Govou, mais il est tout de suite revenu sur le terrain et il a marqué quelques minutes plus tard.Je pense plutôt qu'il y a eu de l'engagement des deux côtés, comme l'a montré l'action où Luyindula arrive les deux pieds en avant sur moi. Si je ne me protège pas avec les mains, je ne me relève pas... et qu'est-ce que l'on retient : que Luyindula a pris un coup !

Ce « procès » vient un an après la campagne médiatique qui avait touché les Niçois après des "actes jugés " dangereux » de Pamarot et Everson. Pensez-vous que remettre cela sur le tapis aujourd'hui est totalement innocent ?

Non, je ne pense pas. Mais disons que sur un match comme ça, il est plus facile de tirer sur une équipe réputée au jeu rugueux. Je pense que nous sommes les bons clients dans ce type de situation.

Sans faire preuve de paranoïa excessive, ne peut-on pas assimiler cela à une tentative de déstabilisation du groupe ?

Je ne pense pas, parce que la saison dernière, le groupe avait bien vécu cette histoire. Je ne crois donc pas que ce soit pour nous toucher directement, mais cela peut plutôt porter atteinte à notre image et à celle du club. Ce sentiment d'injustice avait été « lavé » en appel l'année dernière et c'est vrai que nous nous retrouvons un peu dans le même cas. On a revu le match et je pense que certains journalistes devraient en faire autant pour prendre un peu de recul dans leur analyse.

Depuis quelques matches, l'équipe semble marquer le pas. Est-ce simplement un problème de confiance ou existe-t-il d'autres explications ?

C'est vrai que depuis Marseille nous sommes sur une mauvaise série, mais je ne pense pas qu'il n'y ait que du mauvais. Face à une bonne équipe de Strasbourg on a été de l'avant, contre Rennes et Bordeaux on est resté solides et nous nous sommes qualifiés en coupe à Ajaccio. Tout est loin d'être partait, mais il ne faut pas non plus trop noircir le tableau. On est dans une période difficile car on manque d'efficacité, mais cela arrive à quasiment tous les clubs dans une saison. Il faut faire le dos rond et travailler. Nous avons eu toute la semaine le match de Bastia en tête et nous sommes conscients de la nécessité de s'imposer. Je suis confiant car il n'y a pas de tricheurs dans le groupe, chacun donne le maximum à l'entraînement et en match. Cela va donc obligatoirement revenir.

Lorsque l'on joue sur des qualités basées essentiellement sur le défi physique et la rigueur tactique, n'est-on pas trop dépendant de sa forme du moment ?

Je ne pense pas puisque l'on a prouvé depuis maintenant plus d'un an que c'est une formule qui peut marcher. Il faut qu'on soit à 100 %, voire à 120 %. Contre Lyon, cela avait marché la saison dernière, mais il ne faut tout de même pas oublier qu'il s'agissait du champion de France en titre.

Votre collectif semble surtout avoir les moyens déjouer. Justement, faire plus de jeu ne constitue-t-il pas la prochaine étape importante...

Si l'on voit cela par rapport au nombre de buts marqués, c'est vrai que cela fait un moment que l'on ne marque plus. Mais si l'on regarde le contenu de nos matches, on se rend compte que l'on se crée des occasions. On a des opportunités. Après, on est confronté au fait que désormais les équipes viennent au Ray pour prendre un point. Elles ne se livrent plus et nous laissent le loisir de faire le jeu. À ce niveau-là oui, nous devons franchir un palier pour parvenir à déstabiliser des défenses bien regroupées comme l'étaient Strasbourg, Bordeaux ou Ajaccio. Nous devons peut-être plus nous livrer à domicile.

Le groupe semble plus fourni cette saison aussi bien au niveau qualitatif que quantitatif. Que vous manque-t-il pour franchir un nouveau palier ?

C'est vrai que l'on n'a pas vu de différence depuis le début de saison lorsque certains joueurs ont été remplacés. C'est une force nouvelle pour le groupe, mais malgré tout je pense que nous manquons encore d'expérience. Collectivement, nous n'avons qu'un an de vécu en commun et individuellement, hormis José, Eric, Olivier ou Lilian, peu de joueurs peuvent se vanter d'avoir plusieurs années de L1 à leur compteur. Nous devons donc nous servir de chaque match pour nous enrichir et progresser. L'expérience ne s'acquiert que sur le terrain et nous devons tirer de la claque subie à Lyon beaucoup d'enseignements.

Finalement, votre groupe n'a encore que très peu d'expérience de la Ligue 1 et ne possède un vécu commun que d'une année. N'avez-vous pas le sentiment d'avoir banalisé l'exceptionnel depuis votre accession... et que le public ait du mal à s'en rendre compte ?

C'est sûr, l'année dernière tout le monde avait conscience que l'objectif était le maintien, et ce n'est peut-être pas le cas cette saison. Les gens aimeraient que l'on gagne tous les mat-ches à domicile, mais nous n'en avons peut-être pas toujours les moyens. Le principal est que nous en soyons conscients. Après, il est normal que les supporters nous en demandent toujours plus et j'espère que dès samedi nous repartirons de l'avant !

Dans la période difficile que vous traversez actuellement, la perspective d'un derby face à Bastia où l'engagement sera total, n'est-il pas le meilleur scénario possible pour ne pas gamberger ?

Un derby face à Bastia, c'est le type de rencontre où l'on se livre totalement, sans réfléchir. Dans ce sens, il est certain que cela nous évitera de nous poser trop de questions dans Pentame du match. On rentrera sur la pelouse surmotivés et avec la ferme intention de l'emporter... encore plus que d'habitude (si c'est possible).

Toi qui es un joueur au tempérament assez calme, comment vis-tu l'approche d'un derby ?

Je le prépare tranquillement, par une bonne semaine de travail. J'essaye de rester moi-même et de ne pas me mettre de pression inutile, mais dans ce cas précis j'ai gardé toute la semaine dans un coin de la tête notre mauvais match à Lyon, pour rajouter un surcroît de motivation.

Une fois sur le terrain, quelles sont les différences avec une rencontre classique de Ligue 1 ?

Je crois que la différence se situe surtout au niveau des supporters. On sent l'atmosphère d'un derby, que l'adversaire se nomme Bastia, Monaco, Ajaccio ou Marseille. Dès que l'on sort du vestiaire, on sent un parfum particulier. Sur le terrain, le principal risque est de ne pas parvenir pas à maîtriser son envie et donc de subir la pression. Mais jusqu'à présent, elle nous a plutôt transcendés.

Plus personnellement, tu semblés avoir réglé tes quelques problèmes rencontrés dans le jeu aérien en début de saison. Es-tu passé par une période de doute ?

Un gardien ne doit pas douter. Je ne fais pas attention à ce que les gens disent. Je pense réussir à me juger et ne pas avoir besoin d'eux pour ça. Il faut savoir analyser ce que l'on fait de mal pour pouvoir le corriger et j'estime, après avoir beaucoup travaillé, avoir progressé dans les sorties aériennes. Si j'étais plus jeune, j'aurais douté, mais avec mon vécu, j'ai appris à ne plus douter.

Impérial sur ta ligne, dans quel domaine estimes-tu devoir progresser ?

Comme on vient de l'évoquer, j'estime que je dois plus m'imposer dans les airs. Mais je ne dois pas me focaliser là-dessus, car je pense qu'un gardien doit travailler aussi bien ses points faibles, que ses points forts. Il faut continuellement se remettre en cause et bosser, et je crois qu'avec Bruno (Valencony) et Enrico (Pionetti, entraîneur des gardiens), il n'y a pas de problème de ce côté-là.

Après le bon parcours de la saison dernière, vous devez naturellement vouloir faire mieux. Une aventure dans une des deux coupes ne constitue-t-il pas un «petit » objectif pour vous ?

L'année dernière, ça n'avait pas du tout marché puisque l'on s'était fait sortir aux premiers tours des deux coupes. Pour le moment, on s'est déjà fixé l'objectif de franchir cette première étape avant de voir. Je crois que dans les coupes, l'appétit vient en mangeant et qu'il est difficile en début de saison de se déclarer candidat à un titre. Sur une rencontre, les choses vont tellement vite... Et il ne faut surtout pas perdre de vue que le pain quotidien reste le championnat avec pour objectif majeur le maintien. Mais nous ne sommes pas contre une épopée...

Bien calé dans le ventre mou du classement, jeune marié et définitivement nissart, quelle est la prochaine étape ?

Elle arrivera en mars puisque je deviendrai l'heureux papa d'une petite fille. Sinon, j'ai signé pour 5 ans à Nice avec l'intention de participer à la reconstruction du club. II y a un beau projet et j'espère apporter ma pierre à l'édifice.

... Je voudrais juste avoir une pensée pour Eric Cubilier, un bon ami (ex-joueur formé à Nice), j qui vient de perdre sa mère. Je tenais à lui témoigner mon soutien.

 

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