Francois Grenet:
"J'ai appris à apprécier les choses à leur valeur"
Extrait Sud Ouest
En stage au Cap Ferret la semaine dernière avec l'OGC Nice, François Grenet a savouré intensément le plaisir de se trouver en Gironde, lié à celui de vivre une belle aventure avec un club où il a été accueilli à bras ouverts. Ce stage, ce fut pour lui l'affirmation de son présent de joueur et un retour aux sources inattendu, pour un garçon qui se considère plus « Bordelais que Bayonnais ».
« Sud Ouest ». Quand
on a connu ces années de galère, comment vit-on son football ?
François Grenet. J'ai eu
la chance de vivre des moments exceptionnels aux Girondins. Entre l'épopée de la
Coupe d'Europe en 1996, les finales de Coupe de la Ligue, le titre en 99 et la
Ligue des Champions, j'ai connu ce qu'un joueur peut vivre de mieux dans une
carrière de club. Cela permet de relativiser tout le reste. C'est vrai
qu'ensuite j'en ai bavé. Ma fierté, c'est de n'avoir jamais baissé les bras,
même lorsque j'étais au fond du trou. Alors, lorsque l'on trouve un club où l'on
vous fait confiance, on apprend à apprécier les choses à leur juste valeur.
Aujourd'hui, moi qui n'ai jamais cherché à privilégier l'argent, sinon je serais
resté à Rennes je veux surtout prendre du plaisir et partager de bons moments
avec un groupe extraordinaire, pour atteindre les objectifs que le club s'est
fixés.
Vous avez marqué face
à Ajaccio, c'est la preuve de votre renaissance ?
Oui, en plus, je n'avais
pas marqué depuis longtemps. La dernière fois, c'était un match Bordeaux -
Strasbourg (1) . Je marque tellement peu souvent, que j'ai vraiment savouré ce
but contre Ajaccio. Il est arrivé à un bon moment pour nous. On était un peu
malmené à ce moment-là du match : cela nous a donné de l'air. Marquer, cela me
fait du bien après tout ce que j'ai enduré. C'est surtout la récompense à tous
les efforts que j'ai fournis pour m'accrocher après toutes mes années de galère.
A Nice, on cultive
une certaine simplicité. Cette façon d'être vous convient-elle ?
C'est vrai que quand on
voit le club, ses infrastructures, il y a un sacré décalage par rapport aux
grosses écuries du championnat. Mais je trouve cela très rafraîchissant dans ce
milieu où le business prend une part de plus en plus importante. Chez nous, il
n'y a pas de vedette. Personne ne chercher à tirer la couverture à soi. Cela me
rappelle ce que l'on a vécu en 1996 avec Bordeaux. Cela fait vraiment du bien.
Après, le luxe des hôtels, le confort des voyages en avion privé, tout cela
n'est pas indispensable pour être compétitif.
Avez-vous des regrets
d'avoir quitté Bordeaux ?
Je regrette simplement de
ne pas être parti dans de bonnes conditions. En juin 2001, j'étais tout près de
signer pour Middlesbrough. L'affaire a capoté au dernier moment à cause d'un
intermédiaire véreux qui a voulu se sucrer. Je me suis retrouvé restant à
Bordeaux, alors que je devais m'en aller. Je suis ensuite parti à Derby County,
pour une aventure qui a très vite mal tourné, lorsque l'entraîneur, Colin Todd a
été remplacé par John Gregory qui ne m'a pas fait jouer. Ce départ est l'un des
points négatifs de ma vie avec Bordeaux, mais il me reste 10 000 fois plus de
souvenirs positifs que négatifs.
Qu'est-ce qui manque
à Nice pour mieux figurer au classement de L 1 ?
Notre problème, c'est que
l'on encaisse trop de buts, comme à Auxerre où l'on en marque 3 en en prenant 4.
On a pourtant un style offensif, avec des joueurs qui savent marquer, comme on
l'a prouvé devant Monaco. Mais quand on mène au score, on a un peu tendance à
trop reculer. Il faut vraiment que l'on trouve notre équilibre entre notre
volonté offensive et une nécessaire rigueur défensive.
Une victoire contre
Bordeaux vous fera-t-elle plaisir ?
Je serai content de
gagner tout simplement. Nous n'avons pas les mêmes objectifs que Bordeaux. Pour
nous, il est de conquérir 40 ou 42 points susceptibles de nous assurer le
maintien. Autant assurer ce capital points aussi vite que possible, car cela
nous permettra ensuite d'essayer de viser un peu mieux que le simple maintien.
Mais on n'a pas un calendrier très facile. Après Bordeaux, on va à Marseille, à
Bastia. Ce ne sera pas de tout repos.
(1) François Grenet avait marqué son dernier but le 24 janvier 1998 lors du
match Bordeaux - Strasbourg (4-4). Il avait alors ouvert le score.