Franck Giudicelli:

 

"Nous ne sommes pas à notre place dans ce championnat"

 

Extrait

 

 

Déçu par la défaite contre Lens...

Oui, un peu... car sur l'ensemble de la rencontre, j'ai le sentiment que nous pouvions gagner, surtout au vu de la prestation fournie sur un terrain difficile. Maintenant, il faut rebondir en championnat avec un rendez-vous important pour nous.

Paradoxalement, cet échec en Coupe et celui à Saint-Étienne demeurent assez réconfortants au niveau du jeu...

C'est vrai. Nous perdons deux fois, même si la deuxième, c'est aux penaltys, après deux prestations très intéressantes. Finalement, ce n'est qu'une histoire de penalty
avec celui accordé divinement par M. Ledentu à Geoffroy-Guichard. Ainsi je reste persuadé que le jeu finit toujours par payer, alors dans ce sens, nous pouvons être confiants.

Quelle analyse faîtes-vous de ce début de saison ?

Mon analyse est simple, nous ne sommes pas à notre place dans ce championnat. Nous avons un effectif de qualité, avec un groupe presque meilleur que les précédents. Il est évident que le fait d'avoir mal débuté nous pénalise encore aujourd'hui, mais je suis certain que ça va payer et que l'équipe va récolter les fruits de ses efforts. Vous remarquez que j'ai évité de trop parler des histoires de joueurs qui sont partis et le reste. Maintenant, c'est du passé...

Justement, il s'est passé beaucoup de choses durant l'intersaison. Certaines divergences ont-elles permis de resserrer les liens entre les actionnaires ?

Non, car nous n'avons tout simplement pas eu de divergences. Il y a eu quelques incertitudes et je n'ai pas peur d'avouer que certaines choses, à un moment donné, nous ont peut-être dépassé ou simplement pris de cours. Pas au niveau sportif en lui même, mais au niveau du recrutement qu'il a fallu régler rapidement. Ce n'était pas évident mais il ne semble pas qu'il y ait beaucoup d'erreurs de casting. C'est pour cette raison que je ne pense pas que des divergences aient empêché de faire du bon travail. Chaque décision a été prise de façon collégiale en donnant toute notre confiance à Gernot Rohr.

Évitons la langue de bois : avez-vous failli partir à un moment donné ?

Non... pas du tout. J'ai toujours voulu rester. D'autant plus que mon investissement
financier et morale ne me permet pas de faire n'importe quoi, car j'ai tout de même 25% du club ...Tout ce que je veux est d'aller au bout d'une passion et c'est à Nice que j'ai moyen de l'assouvir aujourd'hui dans les meilleures conditions. C'est clair non, comme réponse ?



Dans quel esprit abordez-vous le tournant du Grand Stade et sa future privatisation ?

Délicat comme dossier... Je ne suis pas un vrai Niçois et donc il est malvenu de se lancer dans des prises de positions aussi profondes qu'affirmatives. Si je comprends les nostalgiques du Ray, je sais aussi que pour franchir un palier, l'option de Saint-Isidore apparaît inéluctable. Nous voulons passer un cap et c'est une issue essentielle dans la progression du club. Il faut savoir également que les joueurs réclament des infrastructures de premier plan. À partir de là, il est facile de comprendre notre position.

Et la privatisation dans tout ça ?

C'est un dossier encore plus sensible sur lequel j'évite de « m'investir »...

Nous allons tenter pour la forme, même si on suppose qu'il est trop tôt pour évoquer la question : quelles sont les pistes au sujet des actionnaires privés ?

Honnêtement, je n'en sais rien du tout. Je laisse agir Gilbert Stellardo et Maurice Cohen qui ont déjà démontré leurs talents de négociateurs. Vous savez, c'est assez restreint comme réflexion, mais la chose qui m'importe le plus reste le rectangle vert et tout ce qui l'entoure... Bien entendu, je prendrai position avec eux, mais j'ai confiance en leur façon de mener les tractations à ce sujet...

Beaucoup d'interrogations entourent votre personnage. Essayons d'en savoir plus et souvent la meilleure façon est d'être brutal dans l'approche. Alors, comment occupez-vous vos journées ?

Mes journées... Elles sont aussi vastes que variées. Vous êtes bien curieux ? Faisons bref... Je me lève avec les infos, puis je dissèque toute la presse en général. Ensuite, je m'occupe de mes affaires par téléphone, bien sûr, mais aussi par le biais d'Internet ou du fax. En dehors de la gestion professionnelle, j'insiste toujours pour compléter mon emploi du temps avec du sport de façon quotidienne. Voilà grosso modo, le fil de mes occupations. Vous voulez plus de détails (rire) ? C'est peut-être plus personnel, mais si voulez tout savoir, je vais régulièrement voir ma famille en Corse, faire une partie de chasse de temps à autre, et profiter des miens. C'est mon équilibre.

Finalement, l'OGC Nice ne semble plus vous prendre toujours autant de temps ?

Si ...si. J'assiste à toutes les réunions et assez souvent aux entraînements de l'équipe. Dès que j'ai le temps, j'effectue les déplacements. Voilà un petit résumé de ma gestion du Gym !.

Pourquoi cette volonté de rester dans l'ombre ?

Tout simplement parce que je ne ressens pas le besoin de me mettre en lumière. Je vis une passion de façon parfois assez excessive. On peut éventuellement me le reprocher. J'ai souvent du mal à canaliser mon énergie en tribune officielle et je reste toujours à la limite des débordements... C'est comme ça, cela fait partie de mon
tempérament. Alors imaginez un peu au moment d'une intervention à chaud, type l'après-pénalty de Saint-Étienne, interrogé par les médias... Non, j'extrapole un peu, mais avant de songer à se mettre en avant, il faut aussi réfléchir à ne pas desservir son club. J'en suis conscient. J'essaie de me calmer, mais à chaque fois, je finis toujours par m'accrocher en tribune officielle. D'ailleurs, j'ai une anecdote à ce sujet, contre l'OM, Pape Diouf s'est approché de Roger Ricort et lui a dit en plaisantant :« S'il ne se calme pas ton vice-président, nous le mettrons dans les virages au retour... »

Est-ce que l'on peut essayer de libérer votre franc parler.., en détournant les obligations par rapport à votre rang de vice-président et en vous posant une question où il est plus facile de se lâcher. Alors, que pensez-vous du dossier corse ?

Ah ! ce n'est pas un cadeau comme question... Après de là à savoir par où commencer ? Vous savez, la Corse est une région atypique qui a énormément souffert. Nous avons vécu des invasions et des guerres qui ont influencé les comportements. Il y a eu surtout des attitudes qui ont engendré un particularisme corse. Pendant des décennies, le système Français, empêchait par exemple de parler « le corse ». Toutes les dérives autour de la question insulaire ont entraîné, au fil du temps, un sentiment fort d'appartenance. À terme, la notion de nationalisme est devenue ambiguë, car elle reste très large. Pour moi 99% le sont chez nous, mais ils le sont avant tout dans le sens propre du terme. Car cette ambiguïté s'explique par l'image que le nationalisme ressort qui est de suite assimilé aux cagoules et aux plasticages. Quand je parle de ça, je préfère évoquer la tradition, la culture, la langue comme peuvent le faire les Basques ou les Bretons. Ensuite la réputation a fini de transformer ce mode de pensée en légende. Les médias insistent trop et pointent uniquement le doigt sur ces dérives. Ne voyez pas en moi un discours nationaliste puisse que je condamne cette violence, mais davantage la volonté d'exprimer certaines convictions et d'appartenir à un peuple et des racines. Je ne milite pas en tant que tel, mais je reste l'un des premiers supporters... Je vous avais dit qu'il ne fallait pas me lancer ! En essayant de faire un parallèle, je dirai aussi que c'est dans cet esprit que je me suis retrouvé avec la BSN. Il y a une idée commune d'appartenance à quelque chose...

Sportivement, quelles sont les évolutions que vous trouvez nécessaires ?

Je ne suis pas certain qu'il en faille beaucoup. Aujourd'hui, tous les postes semblent bien fournis. Le groupe est vraiment très costaud et la concurrence bat son plein. Dans un proche avenir, il va falloir tout de même se pencher sur la succession de José. Le jour où il va décider d'arrêter, un fossé va se creuser. C'est important d'y penser tant il apparaît comme le patron dans cette équipe. Cela risque de ne pas être simple, surtout par rapport à tout ce qu'il dégage sur et en dehors du terrain. D'ailleurs, je vais militer aussi pour qu'à la fin de sa carrière, on enlève le N°3 des vestiaires... paradoxalement, je ne vois pas de raisons de s'inquiéter. Un garçon comme Jarjat s'acclimate parfaitement, un Roudet est en train d'exploser et un Vahirua s'éclate sur le terrain... Il y a du talent dans cette équipe. Mais ce qui me réconforte, c'est de voir un François Grenet s'impliquer de cette façon dans la vie du groupe. Regardez, même s'il joue moins, il remplit son rôle et apporte un maximum au niveau humain. Il y a de super mecs et d'ailleurs, cela se voit sur le terrain.

À ce sujet, la rumeur Martin Djetou est-elle fondé ou pas ?

A priori, oui... Martin a affirmé sa volonté de revenir en France et il a confirmé que son choix premier se portaient sur l'OGC Nice. Je dirai donc que c'est une possibilité... mais qui reste à étudier. C'était un très bon joueur et je ne vois pas pourquoi il ne le serait plus aujourd'hui...

Alors mercato ou fin de saison ?

Impossible d'en parler davantage aujourd'hui.

Financièrement est-il dans vos cordes ?

Si c'est lui qui s'intéresse à nous, je pense qu'il doit être au courant de notre grille salariale...
 


Vous semblez aussi impressionné par l'engouement populaire sur lequel a pu s'appuyer l'équipe à Saint-Étienne...

Vous savez, sur cette rencontre, il ne manque qu'un résultat qui les aurait récompensés de cette ferveur... J'évite de tomber dans les superlatifs car cela revient trop régulièrement. C'est avant tout une fierté pour une équipe dirigeante. Mais ce qui me touche le plus réside dans cette symbiose entre les supporters et les joueurs.... Chacun essaie au maximum de rendre à l'autre ce qu'il lui apporte...

Honnêtement, croyiez-vous que Nice bénéficiait d'un tel soutien avant votre arrivée ?

Oui... Même en Corse dans ma jeunesse, des jeunes portaient le maillot rouge et noir. C'est tout dire... Alors je me doutais qu'il devait y avoir « un petit quelque chose » pour le Gym. L'époque des Katalinski, Jouve et les autres, a laissé une empreinte, comme l'avaient fait avant les Nuremberg ou Gonzalez. C'est un club historique et je ne voyais pas comment il pouvait ne pas s'appuyer sur un socle populaire ?

Est-ce que vous pensiez aller aussi vite dans la reconstruction du club et parallèlement, est-ce que vous croyez que la structure peut aller encore plus vite pour passer un autre cap ?

Je pense vraiment qu'il ne faut pas brûler les étapes. Mais il n'y a aucun souci là-dessus. Le club a la chance de d'avoir des actionnaires modérés. Le président Cohen sait très bien où il va, comme Gernot Rohr au niveau sportif d'ailleurs. L'objectif que nous nous étions fixé sur les trois premières années, c'est-à-dire le maintien, est en passe d'être réalisé... C'est la première étape. La deuxième est de savoir que rien n'est acquis, mais qu'il faut tout faire pour passer le cap supérieur...

 



Un dernier mot...

Oui, pour Florent Balmont. Je viens d'apprendre qu'il n'est pas sélectionné en équipe de France. Qu'il ne s'inquiète pas car ce n'est plus qu'une question de temps, le fait qu'il porte le maillot de Nice doit juste encore freiner les ardeurs du sélectionneur...
 

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