Nice , l'été indien

 

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Auteurs d'une splendide aventure la saison passée, les Niçois ont décidé de faire se répéter l'histoire. Quatorze points sur les sept premiers rendez-vous, c'est exactement leur tableau de marche de l'été 2002 : le Gym avait enregistré une défaite (à domicile, face au Havre), quatre victoires (Strasbourg, Lille, Montpellier, OM) et deux nuls (PSG, Guingamp), histoire de défendre une place de leader conquise dès la 4e journée.

Les « gros » sont plus ponctuels cette année, tout au moins Marseille et Monaco, mais les Azu-réens s'incrustent dans leur sillage immédiat au bénéfice d'un parcours calqué sur le précédent : quatre succès (Auxerre, Sochaux, Nantes, Lille), une défaite (Lens) et deux nuls (Le Mans et Ajaccio). Au petit jeu des différences dans cet océan de similitudes (même score que l'an dernier contre le LOSC, 2-0), tous les Niçois sans exception avancent un surcroît de maturité.

« Notre groupe a conservé ses valeurs et ses composantes et les a bonifiées grâce à l'expérience, résume pour tous José Cobos. Nous avons eu des rendez-vous très importants, que nous avons su gérer. Apres la victoire sur Nantes, ce n'était pas évident de remettre ça devant un adversaire en forme. On se connaît mieux, on se trouve plus facilement sur le terrain. Mais si nous avons réussi un bon début de saison, nous sommes encore loin des 42 ou 43 points nécessaires au maintien. »

UN BANC PLUS LONG.

Samedi dernier, le collectif azuréen, déjà orphelin de Las-landes (cuisse) et de Roy (mollet), a perdu rapidement Abardonado (cheville). En des temps pas si éloignés, l'absence de tels leaders aurait été rédhibitoire. Mais si l'effectif a été raccourci (22 pros, contre 28), il a gagné en épaisseur et en homogénéité. Ce n'est pas le moindre des sujets de satisfaction de Gernot Rohr, grand amateur de jeu d'échecs, qui se délecte devant la palette de choix tactiques désormais offerte. Il a déjà aligné sept formations différentes. Sur la foi des bons tuyaux de Bernard Sorco, son observateur ayant anticipé les plans nordistes, le technicien franco-allemand a dessiné un milieu de terrain où Echouafni et Die se sont chargés de la récupération, et le trident Bigné-Pitau-Everson de presser l'adversaire au bénéfice de Cherrad, seul en pointe. « Lille a commis des erreurs défensives, c'est vrai, mais le travail de fixation de Cherrad sur leurs arrières et notre surnombre dans l'entrejeu y sont peut-être pour quelque chose.

D'ailleurs, un enchaînement de six passes est à l'origine de l'ouverture du score, rappelle Rohr. Il n'est jamais évident de s'imposer deux fois de suite à la maison, et nous l'avons fait en dépit du forfait de cadres. Traoré a bien négocié son entrée en jeu à la 18e minute, Echouafni s'est inséré comme une lettre à la poste, quitte à faire oublier qu'il vient tout juste de nous rejoindre, et Cherrad a été aussi opportuniste et efficace que bosseur. Notre circulation de balle est encore à améliorer, j'ai noté quelques mauvaises passes, des dribbles dangereux, mais, dans l'ensemble, nous avons été pros. Ce n'est pas une raison pour se laisser griser, je sais que c'est le péché mignon des équipes françaises, mais c'est justement à ce moment-là qu'il faut travailler plus encore pour confirmer et ensuite pour franchir un palier. »

UN BUTEUR PEUT EN CACHER UN AUTRE.

Les néophytes d'hier ont « pris de la bouteille », comme le remarquait Claude Puel avant de descendre dans le Sud. Outre une meilleure gestion collective des fins de match ou des soirs sans, Nice, toujours invaincu à domicile, sait s'y battre avec ses armes sans accumuler les fautes (aucun avertissement devant Lille, qui a terminé à dix comme Nantes). « C'est un groupe intelligent et réceptif, dit encore Rohr. Il retient lateralenissartles leçons. »

S'il a forcément noté les nets progrès dans les duels de Grégorini, encore un peu timide dans ses sorties, de Varrault dans des remontées de terrain plus raisonnées ou le jeu plus sobre mais toujours aussi tranchant dans les duels d'Everson, la transformation de Cherrad, vingt-deux ans, l'épate assez. Dans un rôle difficile, car isolé en pointe, l'international algérien a confirmé avec son doublé -le premier en Ligue 1, le second en pros après celui signé en Coupe Intertoto - inscrit devant le L0SC qu'il est en pleine bourre. Buteur devant Nantes, réalisateur également devant le Qatar et Rennes avec son équipe nationale lors d'un récent stage de préparation à la CAN 2004 qui l'a regonflé, l'attaquant, qui a prolongé jusqu'en 2007, sait ce qu'il doit à Diawara et à Laslandes dans sa formation accélérée, « Je ne suis pas encore à 100 %, mais je crois être plus régulier que l'an passé, estime le co-meilleur réalisateur du Gym avec Laslandes.

La confiance et l'efficacité viennent avec le temps de jeu. Trois buts, contre cinq en 2002-03, c'est bien, à condition de ne pas en rester là. J'espère en inscrire une dizaine pour le bien de l'équipe. Mais je garde la tête froide, nous sommes encore loin d'avoir renouvelé notre bail dans l'élite. » Comme ses partenaires, il se refuse à se projeter plus loin que le proche déplacement au Vélodrome, où, il y a quelques mois, une rafale de mistral dans les arrêts de jeu avait renvoyé Nice dans le ventre mou de L 1.

« Sera-t-on capable de faire aussi bien qu'en 2002-03 ? Je le souhaite, ce serait renouveler le miracle », conclut Cobos.