Nice , une défense qui rassure

 

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Sans sa défaillance de l'autre week-end à Lyon, où elle est passée au travers, encaissant 5 buts, près de la moitié de son total actuel (12), la défense de Nice serait la meilleure de France. Un statut qui ne serait pas usurpé, la solidité de l'arrière-garde des azuréens ayant été la saison passée à la base de leur excellent parcours. La défense niçoise était la deuxième de Ligue 1 (31 buts), juste derrière celle d'Auxerre (29) et sur la même ligne que celles de Sochaux et de Lens.

Samedi, Nice s'est doublement rassuré. En battant Bastia (2-0) et en préservant la cage de Grégorini, ce qui était indispensable pour retrouver la confiance après le carton de Gerland. Ce résultat permet à Nice d'avoir la meilleure défense de L 1 à domicile, avec deux buts seulement encaissés au stade du Ray cette saison, contre Ajaccio (2-2). Deux buts inscrits par...des Niçois contre leur camp (Pamarot et Laslandes) !

La philosophie de jeu des Niçois tient à une raison essentielle : Gernot Rohr, leur entraîneur, est un ancien défenseur, à la réputation musclée, souvent chargé des missions délicates à l'époque où il sévissait à Bordeaux, au début des années 80. Pour lui, la réussite d'une équipe commence derrière, la solidité d'une défense s'apparente à celle des fondations d'une maison. " Je me sens très concerné par les problèmes de défense, reconnaît-il. Je connais donc la difficulté à bien défendre et le plaisir éprouvé lorsqu'on y parvient."  Le fait de disposer d'attaquants efficaces (Diawara la saison dernière, Laslandes cette saison) ne lui a jamais fait perdre de vue sa ligne directrice :« Défendre est une œuvre collective. »

Celle-ci repose à Nice sur trois principes simples :« Primo, défendre en zone. Secundo, de manière intelligente. Cela veut dire notamment en respectant les nouvelles règles. Leur évolution a compliqué le boulot des défenseurs. On ne peut plus intervenir par-derrière. Un attaquant sur la même ligne que les défenseurs n'est plus hors jeu. et les passes au gardien ne sont plus plus aussi faciles et systématiques. Tertio, coller profil de notre effectif et s'adapter à l'adversaireainsi qu'aux circonstances des rencontres. Mes joueurs sont capables d'évoluer dans différents systèmes. Un 4-4-2 en zone, un 3-5-2 en zone avec parfois à l'intérieur deux stoppeurs au marquage. Et parfois, en cours de partie, un passage d'un système à l'autre. »

Le match contre Bastia illustre cette faculté d'adaptation de Cobos et de ses partenaires : la défense niçoise a débuté à quatre derrière et terminé à cinq. Elle a également dû répondre au positionnement des deux joueurs de pointe adverses, Née et Maurice, qui ont évolué très loin l'un de l'autre afin de mettre en difficulté « Pancho » Abardonado et Noé Pamarot : « J'ai conseillé à Pancho de suivre son attaquant afin de permettre à Cédric Varrault de monter sur Batlles. On parle beaucoup entre nous de ces petits détails à l'entraînement. En match, quelques signes de la main suffisent pour nous mettre au diapason. Parfois, les joueurs devinent l'ajustement nécessaire. »

Rohr insiste également sur les notions de « simplicité » et de « solidarité » dans le jeu : « Nous ne disposons pas de joueurs très rapides, cela impose donc une couverture mutuelle. Lorsque l'un est battu, l'autre est là. On est souvent deux ou trois sur le ballon. Mes joueurs aiment défendre, c'est l'expression de leur combativité, de leur solidarité et de leur générosité. »

Cobos et Abardonado, qui, avant d'être associés, n'avaient pas une énorme réputation de vivacité, montrent que la complémentarité permet de compenser largement une relative lenteur. « José et Pancho ont un super placement, explique Rohr. Pour sa part, Cédric Varrault va vite, tandis que Noé Pamarot est hyper explosif. »

SOIGNER LA RELANCE

Une défense type s'est dégagée, l'entraîneur niçois le reconnaît. Mais, à l'entendre, les quatre sont désormais cinq avec l'éclosion de Thibault Scotto, qui pourrait remplacer Cobos, suspendu pour Paris-SG - Nice (23 novembre). Mais cela ne devrait pas affecter le rendement de la défense niçoise, foi de Cobos : « Nos principales caractéristiques sont la complicité et la complémentarité, explique le capitaine azuréen. C'est énorme sur le terrain. Il y a deux ans qu'on travaille ensemble. Chacun connaît l'autre, ses qualités, ses défauts. En très peu de temps de vie commune, on a développé des affinités très fortes. Cette connivence nous a permis d'être vite performants. »

En dépit de ce sens aigu de la solidarité, Rohr n'ignore pas que sa défense est perfectible. « Nous sommes combatifs, généreux, mais pas des techniciens de première catégorie, sourit-il. Par ailleurs, on a parfois un peu de déchet dans notre relance. Or, notre jeu partant de derrière, les bons choix ne sont pas toujours pris. Noé doit encore progresser en croisant son jeu long ou en adaptant sa relance à la morphologie des attaquants. Il était ainsi inutile de chercher Meslin en l'air devant Saveijic. »

Les chiffres illustrent ce constat de Rohr : les trois joueurs clés, Cobos, Abardonado et Pamarot, font rarement des choix offensifs. Ainsi, sur les 59 ballons qu'ils ont négociés à eux trois, ils n'ont alerté qu'à neuf reprises leurs attaquants.

Enfin, la solidité de la défense de Nice doit, d'abord, beaucoup à la force tranquille et à la sérénité, rares chez un gardien de seulement vingt-quatre ans, de Damien Grégorini. « Par son tempérament et sa morphologie, il dégage de l'assurance même s'il aime avoir du monde autour de lui », souligne Rohr. Ensuite, au sens de l'abnégation des attaquants. A ce propos, tous les défenseurs du Gym soulignent systématiquement, et ajuste titre, la collaboration de leurs partenaires de l'attaque dans l'imperméabilité de l'ensemble. C'est très net dans un replacement défensif dès la perte du ballon, qui commence par Lilian Laslandes.