NICE entre 2300 et 23000 euros
extrait
Evidemment, entre Monaco et Marseille, le Gym a tout du cousin pauvre et éloigné. Financièrement s'entend. Parce que, sportivement, la « France d'en bas » a souvent toisé celle d'en haut en revêtant à douze reprises le maillot de leader. Le dix-neuvième budget continue même à lorgner sur les strapontins européens.
« Les petits salaires ne sont pas forcément gages de motivation, ni les gros de talent », prévient Gernot Rohr, qui se garde bien de tout raccourci trompeur. « Mes joueurs sont un peu moins bien rémunérés que les autres de L 1. Mais privilégier le sportif comme ils l'ont fait n'est pas un mauvais calcul. Cela peut même constituer un excellent investissement sur l'avenir, précise le manager-entraîneur. Faute de marge de manœuvre financière, le club ne pouvait guère leur offrir plus. »
En effet, le Gym, rescapé de la dernière heure en juillet 2002, a dû effacer son passif (4,277 M€) puis garantir tous ses frais (14,873 M€) par des recettes non aléatoires (15,063 M€).
Une grille resserrée.
Premier poste de dépenses, la masse salariale, bloquée à 5,473 M€, s'appuie sur une grille de rémunérations qui oscille entre 2600 € (Jean-Charles Cirilli) et 23 000 € (Kaba Diawara). Pour référence, le salaire moyen était compris, la saison passée , en D1 entre 30500 et 38100 ,une centaine de pros émargeant cependant entre 1830 et 15000 euros.
Sans entrer dans le
détail sacro-saint des salaires, le président Maurice Cohen avait indiqué, peu
après sa prise de fonction que trois Aiglons touchaient 15 600 €, deux 22 800 et
un 18 200. Arrivé de nulle part ou presque (Osna-brûck, D 3 allemande), Everson,
révélation brésilienne, gagnerait pour sa part environ 12 000 € mensuels. Une
somme qui pouvait sembler coquette, voire risquée, en juillet dernier, lorsque
le club tanguait dangereusement entre National et L 1, mais qui, 30 matches plus
tard et après 6 buts à l'actif du milieu de terrain, se révèle un placement en
or.
« Ceux qui ne jouent pas sont toujours les plus coûteux», assure Cohen, estimant
à 1,5 M€ l'économie future réalisée avec le non-renouvellement des fins de
contrat (Cinetti, Mané, Rodriguez), dont le plus important concerne le meneur de
jeu argentin. N'entrant pas dans les schémas tactiques, Pabio Rodriguez est
également extérieur à la fourchette salariale : 35 000 € brut mensuel, des aides
conséquentes pour le logement et le véhicule ainsi que les impôts payés par le
biais d'une rémunération complémentaire donc « imposable et soumise aux charges
sociales ». « Tout avait été négocié sans contrainte lors de mon engagement, en
janvier 1999. J'ai accepté comme tous les autres d'abandonner ma prime de montée
pour sauver le club, puis de baisser de plus de 20 % mes revenus », se défend
l'ancien international Espoirs d'Argentines Juniors, qui totalise 136 minutes de
jeu, cette saison.
A l'opposé, Cédric Varrault (32 matches, 1 but) a perçu de véritables doubles mois par le biais des primes de résultat (NDLR :457,37 € le point), avant d'améliorer largement l'ordinaire prévu par la charte en allongeant son bail. L'attaquant international algérien Malek Cherrad (21 matches, 5 buts), qui déclare « 3 000 € en brut », pourrait également ajouter du beurre dans ses épinards en rempilant ou en activant une clause libératoire à 152 000 €. Certains « petits salaires » ont décliné la mise à disposition d'une Jaguar pour cause d'assurance trop chère.
Cas particulier, le milieu ivoirien Serge Die a bénéficié du système D et de la solidarité en vigueur à l'OGCN pour traverser les trois mois nécessaires à la FIFA pour trancher le litige l'opposant à son ancien club, Avellino. Sans rémunération de son employeur transalpin depuis octobre, ni contrat valide en France faute de lettre de sortie, il a été pris en charge par sa « nouvelle famille ».
En mettant cap au sud en septembre dernier, Sammy Traoré ne visait pas une ascension sociale immédiate. « Je gagne un peu plus qu'à Créteil, mais cela n'a rien de spectaculaire. Entre 1 525 et 6098 € de mieux selon les résultats sportifs, explique le défenseur polyvalent. Mais le contexte économique du Gym est connu. Si l'on parvient à accrocher quelque chose de bien à la fin mai, alors... »
Prévue de longue date par la direction, la redistribution d'une partie des ressources excédentaires assurera aux Aiglons un bonus intéressant. Les Niçois se partageront 70 % des bénéfices réalisés aux guichets au-delà de 8 000 spectateurs par match (13 121 de moyenne après 17 journées), et 50 % de la prime de classement allouée par la LFP. Concrètement, si le Gym se maintenait à son actuelle septième place, c'est la moitié de 1,478 M€ qui serait à répartir. Les actionnaires planchent sur un intéressement plus attractif encore pour l'an prochain.
Des prêts aidés et
bonifiés. La formule a eu du bon pour l'OGCN et ses modestes moyens : Pour les «
prêtés », qui ont récupéré en temps de jeu ce qu'ils ont perdu en revenus - 20 %
de moins en moyenne, selon Maurice Cohen -, comme pour les clubs qui ont
revalorisé leurs éléments. Le PSG ne demande-t-il pas désormais 4,5 M€ pour le
transfert de Kaba Diawara, dédaigné en juillet dernier par Montpellier, Ajaccio
ou le HAC. Le buteur ressuscité aurait gagné (beaucoup) plus à errer au Camp des
Loges qu'à dynamiser l'attaque azuréenne (11 buts), malgré, dit-on, un
complément salarial versé par Paris. Il ne regrette rien, pas plus que le
Marseillais « Pancho » Abardonado. « L'argent, on y pense tous. Il en faut et
j'espère faire un jour un gros contrat, reconnaît le défenseur allergique aux
RTT avec une participation sans faille à toutes les rencontres. Lorsque le coach
m'a proposé de rejoindre Nice en me prévenant qu'il y avait très peu d'argent,
j'ai dit O.K. de suite. Et je ne pense pas qu'on puisse parler d'un effort de ma
part. » Evalué désormais à 2 M€ par l'OM, qui en réclame trois pour la cession
de Damien Grégorini, le Phocéen est pourtant décidé à continuer à se fondre dans
le moule étroit du Gym. Car le club ne fera pas de folies avec une augmentation
budgétaire annoncée de 10 %. L'échelle salariale sera resserrée de un à trois
(de 8000 à 25000 €), pour un effectif ramené de 27 à 21 voire 22 pros (hors les
premiers contrats). Rapport qualité/prix, les Niçois ont déjà montré qu'ils
pouvaient défier toute concurrence.