Everson :
" La concurrence amène de nouvelles perspective"
extrait
Evi, comment te sens-tu en ce début d'année ?
À l'image de l'équipe. Tout
simplement. Je suis partagé comme tout le monde entre une certaine tristesse et
beaucoup d'espoirs à la fois, le tout dans l'optique d'atteindre les objectifs
que nous nous sommes fixés. Nous avons l'ambition de finir mieux que l'an
dernier au classement et pour moi, d'égaler au minimum mes stats personnelles
(NDLR : 6 buts et 3 passes décisives) ...
Triste, ce n'est pas un peu fort
?
Non. C'est juste à la hauteur de
notre déception. C'est normal de ne pas être satisfait car je crois que c'est la
première fois que nous enchaînons deux défaites d'affilée... Alors quand ce
n'est pas dans vos habitudes, il est difficile de s'en remettre facilement !
Il parait qu'« Evinho » ne te
laisse pas trop dormir ces dernières nuits...
Oui, c'est vrai. Mais je ne prends
pas cela comme excuse sur mes dernières prestations en demi-teinte. Vous savez,
je tiens à partager ces moments-là avec ma femme et je ne me défile pas quand le
« petit » fait des siennes et nous empêche de dormir. C'est mon rôle de père. Il
me fatigue, mais je l'assume !
Est-ce que l'accumulation des
matches pourrait être un facteur de la semaine difficile que vous venez de vivre
?
Sans aucun doute. Certaines fois, je
" zieute " même un peu le calendrier pour voir le moment où l'on va souffler.
Peine perdue. Nous devons vite
redresser la tête, faire le dos rond et récupérer des forces pour la suite.
En toute franchise, ton activité sur le terrain a légèrement baissé également. Comment expliques-tu cette baisse d'influence depuis la reprise ?
Je ne cherche aucune excuse. J'ai du
mal à retrouver le rythme. C'est tout. Le reste de l'effectif a repris le 28
décembre et moi, le 5 janvier. Le décalage est donc normal, d'autant que je n'ai
pratiquement rien fait chez moi au Brésil. Mais je ne suis pas un tricheur.
Juste avant de partir, nous avons fait le point avec Bernard et le coach. Vu mon
état de fatigue physique et psychologique, ils m'ont glissé : « Evi, reste une
semaine de plus et coupe totalement avec le foot, cela te fera du bien, même si
tu mettras plus de temps à revenir. L'important est de réussir une bonne fin de
saison! ». Une explication vient peut-être de là. Ensuite, les départs à la CAN,
les blessures et les méformes ont fait qu'il fallait absolument que je joue.
Donc, vous avez raison, on a connu « meilleure » reprise. Cet enchaînement fait
aussi que je peste contre mon état de forme et que je rate souvent le plus
facile. Mais tous les footballeurs, vous le diront : dans ces cas-là, on
s'énerve et on accumule les erreurs. Mais bon ! Je suis un compétiteur. Je sais
très bien que mes performances souffrent de tout ça, mais croyez-moi, je
travaille pour revenir rapidement dans le coup...
Dans les bons moments comme dans
les moins bons, c'est toujours agréable de discuter avec des joueurs qui ne se
défilent pas...
C'est vrai. Comment voulez-vous que
je me défile ? Il n'y a pas à chercher ailleurs : quand une équipe marche
légèrement moins, c'est bien que certains titulaires ont baissé de régime.
Regardez mes coups francs et vous comprendrez tout de suite qu'on a connu
Everson bien plus en forme (rire) !
Parallèlement, ta bonne première
partie de saison a dû attirer les convoitises des recruteurs. De quelle manière
gères-tu les sollicitations ?
Si je continue à jouer comme ça, je crois que la première partie de saison sera vite oubliée dans la tête des gens... Je fais mon boulot sans m'occuper de quoi que ce soit. Je regarde toujours devant sans me préoccuper des commentaires. Nous devons tous ensemble finir la saison en trombe et prouver que nous pouvons réussir notre deuxième partie de championnat. Après, le reste, nous verrons bien après.
L'avenir se prépare dès aujourd'hui et tu confirmes cette année les qualités médiatisées l'an dernier. Peut-on te demander quel est ton plan de carrière ou est-ce une question trop indiscrète ?
C'est d'abord de me faire plaisir
sur le terrain... À force d'accumuler les performances avec le Gym, on devient
obligatoirement plus ambitieux. J'attends maintenant la suite avec impatience
avant de me décider.
Nous supposons que le fait
d'avoir beaucoup voyagé dans ta jeunesse t'aidera à prendre la bonne décision...
J'ai beaucoup galéré. Il m'a fallu
prendre des décisions importantes dans ma carrière. J'en ai pris des bonnes et
des mauvaises, mais réunies, elles me permettent de garder la tête froide. Au
moment voulu, je suis certain de prendre la meilleure décision pour ma famille,
ma carrière et le club, bien entendu...
Est-ce qu'à un moment donné, un
joueur ne privilégie pas la sécurité de l'emploi et sa qualité de vie ?
À mon avis, cela joue énormément,
mais le joueur n'oublie pas non plus qu'une carrière est courte. Il faut donc
peser le pour et le contre en tenant compte après de la qualité de vie. En ce
qui me concerne, la naissance de mon fils fait que nous sommes bien ici et que
ce facteur jouera pour la suite de ma carrière sans non plus devenir essentiel
dans la discussion...
La mutation de l'équipe se
précise durant ce mercato avec quelques mouvements. Comment le groupe réagit à
l'arrivée des deux anciens Monégasques ?
Du mieux possible. Tout le monde a
pu voir de ses propres yeux leur qualité à l'entraînement. Nous les voyons faire
des choses qui nous permettront de gagner techniquement. J'en suis certain.
La venue de deux joueurs
confirmés montre aussi que le club prépare activement la saison prochaine et ne
compte pas arrêter en si bon chemin son redressement sportif. Comment maintenant
amener ce groupe à franchir un palier ?
Je pense aussi que ces arrivées
confirment implicitement la qualité du groupe. Si deux internationaux acceptent
de nous rejoindre, c'est une sorte de reconnaissance pour nous et une récompense
de notre parcours. Pour l'instant tout se passe pour le mieux. La concurrence
amène surtout de nouvelles perspectives. C'est une nécessité afin de remettre
tout le monde dans le bain... Et moi, le premier. Nous devons ainsi nous
accrocher pour gagner une place de titulaire. Paradoxalement, cela devrait
garantir une certaine stabilité physique pour l'équipe.
Hors football, tu commences déjà
à songer à demain... Parlons un peu de ton site internet ?
Mon objectif avec ce site est de
partager un peu de ma vie, de ma petite histoire. Je reconnais que cela fait
bizarre au début, mais vous êtes tellement content ensuite. Internet, c'est
l'avenir. Si j'ai choisi de communiquer aujourd'hui à travers ce biais, c'est
que pour moi notre parcours avec le Gym représente une revanche sur la vie. Je
sentais que c'était le moment. Rassurez-vous, je ne compte pas pour autant
m'arrêter en si bon chemin. Je deviens de plus en plus ambitieux. J'ai galéré
énormément, mais mes rapports avec les gens ont toujours été cordiaux et
chaleureux. C'est pour cette raison que j'ai voulu créer cet espace de vie
autour du foot. Je me retrouve à travers ce site et c'est un moyen de ne pas
oublier certaines périodes de ma vie. En dehors de ça, je ne suis pas satisfait
encore à 100%. II y a un gros problème de traduction avec des mots qui ne se
ressemblent pas du tout selon les langues. Ce n'est pas grave, mais la version
française m'énerve un peu. Allez-y et vous verrez ! D'ailleurs, j'ai « taclé »
l'équipe qui me l'a conçu, « en les bougeant » légèrement. C'est comme ça qu'on
dit en France, non ? J'espère maintenant que la deuxième version sera identique
en portugais et en français.
ll y a quelques semaines, nous
présentions la sortie de « Sangui Bon », une marque de vêtements « made in
Brasiooooou »... D'où vient cette idée ?
Pour le logo, c'est tout
naturellement que j'ai pris celui de notre petite ferme au Brésil. Nous
l'inscrivions sur les bêtes... Et j'espère qu'il passera bien sur mes t-shirts !
Ensuite, pour « Sangui Bon », cette phrase correspond totalement à ma
philosophie et au sens que je voulais donner à mon projet.Je vais essayer , mais
ce n'est pas évident de traduire. Chez nous c'est une réplique assez affective.
Nous le disons vraiment aux personnes proches, à celles que vous estimez
vraiment. Je trouve que cela combine pas mal avec mon logo. (Le Brésilien
prend un air euphorique...) La marque est déposée. Alors si vous voyez quelqu'un
avec « Sangui Bon», n'hésitez pas à le dénoncer ! Non, sincèrement, je piaffe
d'impatience. Je devrais être livré très bientôt. Mais vous n'allez pas me
croire depuis le temps que je le répète !
Alors Evi, homme d'affaires ?
Non, non... Pas maintenant. J'ai
encore du boulot sur le terrain...
Jusqu'à quel âge comptes-tu
jouer ?
Au moins 35 ans. Quand je vois Eric
et José sur le terrain, ça me motive ! Techniquement, ils sont au top et
physiquement, ils ne lâchent pas. C'est du solide dans la tête et dans les
jambes. Je prends souvent l'exemple de Valdo, l'ancien Parisien. Chez nous, il
joue encore et fait un malheur malgré son âge.
Si je fais les comptes. Tu as 28
ans. Il te reste donc bien 7 ans au plus haut niveau. On va essayer de te
cuisiner d'une manière détournée : alors, combien d'années sur 7 ans à l'OGCN ?
Ah ! Je n'en sais rien. La
seule chose que je peux dire est que mon futur éloigné est bien ici. C'est à
Nice que nous voulons nous installer à la fin de ma carrière. Quasi
définitivement. Ça y est, c'est décidé ! Nous cherchons d'ailleurs une maison à
acheter. Ma femme est totalement d'accord, mon fils ne demande d'ailleurs qu'à
grandir chez lui et même mon chien ne semble pas pouvoir se passer des balades
sur la plage...
Il y a une question qui nous
taraude l'esprit depuis ton arrivée et vu la tournure de l'interview, je vais
oser te la poser. Peux-tu nous révéler pourquoi tu as été suspendu aussi
longtemps en Belgique ?
(Il prend un air sérieux, mais ne
peut s'empêcher d'exploser de rire!) J'ai déjà dit que je ne voulais pas parler
de ça ! T'es vraiment un beau... « Bastardo » d'attendre la fin de l'interview
pour me la poser... Non, le passé, c'est le passé !
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