Rohr a rendez vous
extrait
L'entraîneur niçois reconnaît que
retrouver son ancien club a pour lui une saveur particulière.
Dans un milieu aseptisé où les banalités sont débitées à longueur de conférences
de presse, Gernot Rohr a le mérite de trancher. À les entendre, la plupart des
acteurs du foot ne sont jamais plus chamboulés que ça par les retrouvailles avec
leur ancien club. L'entraîneur niçois dit exactement le contraire. « Pour moi,
jouer contre Bordeaux c'est particulier. C'est un match que j'attends et que
j'ai très envie de gagner. Dire le contraire serait mentir. Et je pense que
Laslandes et Everson (qui a fréquenté le centre de formation des Girondins) sont
comme moi. »
Rohr n'a rien oublié. Ni qu'il a gagné, comme joueur, trois titres de champion
de France sous le maillot girondin. Ni qu'il a été l'entraîneur de la remontée
en D 1 en 1992 ou celui de l'équipe de Zidane, Lizarazu et Dugarry, finaliste de
la Coupe de l'UEFA en 1996. Ni surtout la fin de l'aventure en 1998. « Ils m'ont
foutu dehors après 21 ans de fidélité au club et mon départ n'a pas été en
rapport avec ce que j'avais fait pour ce club. Alors je ne suis ni rancunier ni
revanchard, mais jouer contre Bordeaux, oui, c'est très spécial. »
Ça l'est peut-être encore plus depuis la saison dernière et le 0-4 concédé à
Lescure en fin d'année qui avait privé le Gym du titre de champion d'automne. Un
très mauvais souvenir que le retour au Ray (1-1) n'avait pas effacé. « On avait
ouvert le score sur un but de Diawara injustement refusé et tout s'était
enchaîné. Et j'avais très moyennement apprécié l'attitude du banc bordelais. Son
espèce de jubilation à vouloir nous humilier. »
Une pierre dans le jardin d'Elie Baup que Rohr ne croisera pas ce soir, et sur
l'éviction(voir par ailleurs sur le site) duquel il n'a pas voulu se prononcer.
L'entraîneur du Gym ignore donc s'il aura affaire à une défense à trois, la
dernière trouvaille de l'homme à la casquette. Une évocation qui cette semaine
lui arrachait un petit sourire. « Oui ça me fait rigoler parce qu'on en a fait
tout un fromage. Remarquez, ça marchait bien puisque Bordeaux a battu la réserve
de Monaco (1-0) en amical avec ce système. Mais là je ne sais pas ce qui nous
attend. »
De toute façon, que Bordeaux soit en crise ou non, que ce soit Baup ou Pavon qui
soit sur le banc, qu'il joue avec 3, 4 ou 5 défenseurs n'intéresse guère Gernot
Rohr. Pour lui, une seule chose importe. C'est que l'OGCN retrouve le goût de la
victoire qui le fuit depuis trois rencontres. « À Marseille, on perd sur un
penalty dans les arrêts de jeu. Contre Strasbourg, Everson met le ballon sur la
barre également dans le temps additionnel et à Rennes, c'est Meslin qui frappe
sur la transversale à la dernière minute. »
Les fins de match n'ont guère été favorables aux Aiglons ces derniers temps,
mais Rohr n'a pas franchement envie d'en tenir rigueur à son équipe décimée par
les blessures et les suspensions. Lors des trois dernières rencontres à
domicile, Gregorini et sa défense n'ont pas encaissé le moindre but. Et Nice
joue à nouveau dans le premier tiers du classement. « Pour moi, c'est une bonne
surprise. Honnêtement, je m'attendais à moins bien. Je pensais qu'on connaîtrait
plus de difficultés. Il aurait pu nous arriver la même chose qu'à Guingamp qui
était dans notre zone l'an passé. Mais malgré un calendrier délicat, on a fait
un bon début ».
Nice, qui a acquis de nouvelles certitudes, a d'autant plus de mérite que les
gros, tous les gros, sont cette fois au rendez-vous. Sauf Bordeaux que Rohr
aimerait enfin réussir à battre.