Ederson:
"Vouloir toujours gagner et grandir"
Extrait
Tout d'abord, peux-tu nous dire ce qu'il t'est passé par la tête samedi soir dernier au moment de remplacer Marama Vahirua ?
On imagine que cela n'a pas dû être simple pour toi d'entrer en jeu dans de telles conditions... Ça fait toujours plaisir d'être appelé sur le terrain. Je suis toujours prêt dès que le coach a besoin de moi, mais cette fois-ci, c'était vraiment particulier car Marama ne semblait vraiment pas bien. Déjà, quand je l'ai vu tomber, j'ai eu très peur. Je ne savais pas ce qu'il avait et j'ai imaginé le pire. Alors je ne vous dis pas l'impression bizarre de rentrer en jeu et de le voir sortir sur la civière. Ça m'a choqué. Heureusement, une fois arrivés à la pause nous avons pu le voir et constater qu'il allait mieux. Pour la seconde période, j'étais rassuré et beaucoup plus à l'aise.
Lancé dans le bain au poste de meneur de jeu, il t'a fallu prendre les choses en main. Comment t'es-tu senti dans le jeu ?
Aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir évoluer à trois postes au milieu de terrain. Le coach m'a déjà placé à droite, à gauche et aussi en meneur de jeu. J'ai beaucoup progressé car j'ai pu découvrir de nouvelles facettes de mon jeu. Pour moi c'est l'idéal... Mais si avoir plusieurs options est intéressant, je suis quand même plus à l'aise en numéro 10, un poste où j'ai mes repères. Dans ce rôle, je suis plus près du but adverse, je me sens dans mon élément et j'ai plus de chance de pouvoir marquer. Samedi, j'ai donc essayé d'en profiter et même si c'est arrivé sur coup de pied arrêté, je suis très heureux d'avoir trouvé le chemin du but.
On a l'impression que tu commences vraiment à être en confiance sur le terrain, c'est dû à quoi selon toi ?
Cela fait
un an et demi que je suis à Nice et je n'ai cessé de travailler pour devenir
plus fort et m'imposer au plus haut niveau. Aujourd'hui, je commence à récolter
les fruits de ce travail, mais je reste conscient que ce n'est qu'un départ.
J'ai vraiment envie de réussir au plus haut niveau... J'ai eu une discussion
avec le coach il y a deux semaines, il m'a confirmé qu'il comptait sur moi et
qu'il voulait encore me faire progresser. C'est le genre de choses qui
réconforte et permet d'aller de l'avant. À moi de m'accrocher maintenant pour
gagner en temps de jeu et apporter ma pierre à l'édifice.
Tu évoques le coach,
on imagine que travailler avec lui dans la continuité doit être un point très
positif pour le groupe...
C'est
certain... L'an dernier il a fallu apprendre à le connaître, lui a dû en faire
de même avec nous. Tout ça a demandé un temps d'adaptation, mais après on a
vraiment bien bossé. Cette saison, c'est pareil, le temps d'adaptation en moins,
donc on peut dire qu'on a gagné du temps. En plus le groupe est globalement
resté stable, il y a toujours une belle concurrence et une excellente ambiance
entre les joueurs. Tout est réuni pour que l'équipe progresse par rapport à la
saison dernière.
Pourtant, le départ
n'est toujours pas facile à prendre. L'expérience de la saison dernière vous
aide-t-elle à garder la tête froide après deux premiers matchs sans succès ?
Ça doit nous servir car cette fois-ci on ne doit pas attendre la deuxième partie de championnat pour réagir. Il faut le faire dès aujourd'hui et enchaîner les bons matchs pour ne pas courir après les points ensuite. Nous sommes tous conscients d'avoir complètement raté notre départ au Mans, mais contre Nantes, j'ai trouvé que c'était déjà beaucoup mieux malgré le résultat nul. Si l'on retrouve le même état d'esprit lors des prochaines rencontres, je ne me fais pas de soucis pour la suite.
Venons-en maintenant à ton somptueux coup franc contre Nantes, le premier d'une longue série ?
Je
l'espère (un peu gêné)... On se retrouve souvent en fin d'entraînement avec
David (Bellion), Marama, Flo et Cyril pour faire des frappes. Quand on répète
les gestes, on les maîtrise déjà mieux et l'on prend confiance. Sur le coup, je
me sentais prêt, concentré et déterminé à bien frapper la balle. La réussite
était aussi avec moi et ça m'a permis de la mettre au fond. Maintenant, pour
avoir le geste juste, il ne faut cesser de bosser pendant ou après
l'entraînement.
Généralement, les
coups francs de trente mètres ressemblent à des grosses frappes du cou-du-pied.
Mais là, on t'a bien vu frapper de l'intérieur et caresser la balle sur le côté.
Il faut être sacrément confiant pour mettre un effet d'aussi loin...
C'est sûr, mais comme je vous l'ai dit, la confiance ne suffit pas. Le plus important, c'est de ne pas se laisser distraire par l'adversaire, le public ou même un équipier. Il faut être uniquement concentré sur le ballon et le but. Et c'est le plus dur... Le reste, c'est du travail, comme un musicien qui répète ses gammes.
Reconnu comme le meilleur du monde sur coup franc, ton aîné brésilien Juninho est-il un modèle pour toi ?
Lui,
c'est un phénomène. Si je peux m'inspirer de lui sur les coups francs, je ne
vais pas m'en priver. Mais pas seulement... Car Juninho est aussi excellent dans
le jeu et nous occupons tous les deux le même poste. J'ai beaucoup à apprendre
de lui. Le coach m'a dit un jour que je lui ressemblais et que je pouvais
évoluer comme lui en travaillant bien, je ne vous dis pas comme ça m'a flatté !
En tout cas, ce que je retiens en premier chez lui au niveau des coups francs,
c'est que même aujourd'hui il ne cesse de travailler sa frappe après
l'entraînement. Il est la preuve vivante que par le travail on peut faire de
grandes choses. En plus, j'ai eu la chance de discuter avec lui et c'est
vraiment quelqu'un de charmant et exemplaire dans la mentalité.
Pas mal de joueurs
brésiliens ont débarqué en L1 cette saison, et pourtant, tu restes le plus jeune
d'entre eux, qui ont souvent plusieurs saisons brésiliennes derrière eux.
Assumes-tu toujours le choix d'être venu en Europe très jeune ?
Oui, je n'ai aucun regret là-dessus. C'était pas évident de venir en Europe si jeune et de s'adapter à un monde complètement nouveau, mais je sais que ça m'a fait progresser. En venant à Nice, c'était mon objectif. J'ai intégré un club en devenir, je n'ai pas visé trop haut, je pense que c'était vraiment le bon choix.
Que dois-tu faire selon toi pour passer un nouveau palier ?
Tout
simplement continuer à m'entraîner sans relâche, à écouter les consignes du
staff puis vouloir toujours gagner et grandir. C'est la base. II faut être clair
dans sa tête et savoir ce que l'on veut pour réussir dans la vie. Et croyez-moi,
je sais vraiment ce que je veux ! J'attaque la saison plein d'espoir et
d'énergie. J'ai pu faire le plein durant les vacances en profitant des miens au
Brésil, maintenant je me sens prêt pour repartir à bloc.
Justement, ces
vacances au pays se sont-elles bien passées malgré l'élimination du Brésil au
Mondial ?
Excellentes ! En plus j'avais marqué à Troyes pour le dernier match, je suis
donc parti avec le sentiment du devoir accompli. Là-bas, j'ai passé de très bons
moments en famille, j'en ai profité car je les vois trop peu le reste de
l'année. Ça m'a fait un bien fou ! Sinon, concernant le Mondial, je n'ai vu que
les deux premiers matchs du Brésil là-bas, c'était donc la grande fête à chaque
fois. Après, je suis rentré en Nice et j'ai vu les Français qui fêtaient leur
victoire contre le Brésil. J'étais très déçu, mais le football est comme ça. On
ne gagne pas à tous les coups... En tout cas, je me suis fait chambrer par les
collègues (rire).
La saison dernière,
tu disais ne pas trop te préoccuper de la sélection. Est-ce toujours le cas ou
désires-tu retrouver le maillot auriverde avec lequel tu es devenu champion du
monde des 17 ans par le passé ?
Retrouver
le maillot national est un objectif pour moi, mais cela passe avant tout par de
bonnes performances avec Nice. Je sais que les sélectionneurs des espoirs ont un
ceil sur moi, mais vous imaginez que je suis loin d'être le seul. C'est donc à
moi de faire la différence sur le terrain pour avoir ma chance à nouveau.
La tendance qui est
de prendre dans les sélections de jeunes uniquement des joueurs évoluant au pays
est-elle en train d'évoluer ?
Je pense
que oui dans la mesure où les sélectionneurs ont pu constater que de jeunes
expatriés avaient énormément progressé au contact des championnats européens.
On imagine aussi que
la présence grandissante de joueurs brésiliens en L1 doit attirer certains
regards...
En effet,
et pour nous c'est une grande évolution. Avec les trois sélectionnés de l'OL,
puis des joueurs comme Denilson, Grafite, Bastos et même un entraîneur en la
personne de Ricardo, le championnat français devient plus intéressant au Brésil.
J'espère bien profiter de ce coup de projecteur, mais je ne me focalise pas non
plus là
dessus. Moi, je bosse, je reste sérieux et l'on verra bien...
Revenons-en au Gym. Penses-tu que cette année l'équipe puisse faire mieux que la saison passée ?
C'est
notre objectif, réussir une meilleure saison. On a de très bonnes bases, le
groupe est resté stable, je pense que cette continuité est un avantage sur nos
concurrents. Si on continue à s'entraîner comme on le fait, si on se montre
aussi motivés que face à Nantes, on y arrivera. Maintenant, si on s'endort et
que que ça viendra sans jamais se faire violence, on va se planter. Mais je sens
le groupe assez solide pour éviter de tomber dans le piège.
Ce groupe
souffre-t-il du vide laissé par le départ d'un leader tel que Sammy Traoré ?
C'est
vrai qu'il était un leader naturel dans l'équipe... En toute franchise, je
trouve qu'il manque un peu. Car dans son genre, Sammy est quand même unique ! Il
amenait de la vie au groupe, « Doums » Bagayoko aussi, maintenant ils ne sont
plus là et d'autres vont progressivement prendre leur place. Ça a déjà un peu
commencé. Le stage en Savoie nous a permis de nous rapprocher, on a pu
reconstruire une vie collective... Ce groupe vit bien, il n'y a pas de soucis en
interne et le plus important, c'est que les gars veulent réussir. Ça se voit
dans les regards.
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