Ederson:

 

"Le foot, c'est ma vie"

 

Extrait

 

 

Est-ce que tu pouvais rêver meilleur début avec une entrée en jeu et un penalty provoqué quelques minutes plus tard ?

C'est vrai que les choses se sont plutôt bien passées. Mais pour être honnête, j'étais confiant. Quand j'ai vu lors de l'échauffement que les supporters chantaient mon nom, ça m'a mis à l'aise. Et puis, je n'ai pas pour habitude d'avoir la pression. J'avais surtout envie de rendre rapidement cette confiance placée en moi, alors c'est vrai que ce penalty m'a fait plaisir. Ce coup de sifflet de l'arbitre m'a rendu heureux. Maintenant, ce n'est qu'une petite apparition et il faut que je montre à chaque entraînement et lors de chaque match que je peux apporter quelque chose à cette équipe.

Quand as-tu appris que l'OGC Nice s'intéressait à toi ?

En fait, c'est mon agent, Antonio Caliendo, qui m'a fait part de l'intérêt de l'OGC Nice. Je sais qu'ils ont vu une cassette de moi avec des montages de mes actions... Franco Dolci (traducteur pour l'occasion) le coupe : « Je l'ai vue moi la cassette, je peux vous dire que c'est quelque chose. Il fait des trucs de fou dessus »
... Après je ne maîtrise pas tous les paramètres. Mon agent m'a expliqué qu'une bonne opportunité se présentait à moi de venir en Europe. On en a longuement parlé et je pensais que c'était le moment idéal de franchir le cap.

Plusieurs clubs européens souhaitaient également ta venue. Pourquoi avoir choisi Nice ?

Antonio Caliendo pensait que c'était la meilleure solution pour moi. Il m'a expliqué sa façon de voir l'évolution de ma carrière, on en a discuté et c'est vrai que je pense avoir fait le meilleur choix. Chelsea, Arsenal, l'Inter ou l'Atletico Madrid se sont intéressés de près à ma venue, mais ce n'était pas la bonne solution. Je cherchais un club où je puisse m'acclimater facilement et surtout avoir la possibilité de m'imposer rapidement. À Nice, j'ai le sentiment d'avoir trouvé tout ça. J'ai été très bien accueilli par tout le monde, la Côte d'Azur est un endroit magnifique et je sens que je peux apporter quelque chose à l'équipe.

N'as-tu pas pensé que tu étais peut-être trop jeune pour venir en Europe ?

Je ne crois pas. Au contraire, je pense même qu'il s'agit de l'âge idéal. Entre 18 et 20 ans, c'est le moment où l'on peut s'adapter le plus facilement à une nouvelle culture, notamment au niveau de la langue. On est plus en mesure de faire les efforts que lorsque l'on débarque à 26 ans avec une famille. Et puis si l'on met un peu plus de temps, je ne crois pas que cela prenne plus de deux ans, donc cela veut dire qu'au maximum à 21-22 ans, on est totalement adapté. Je pense que les choses sont vraiment différentes selon les âges et que cela peut conditionner la réussite d'un joueur en Europe.

Le rêve de tout jeune joueur brésilien n'est-il pas finalement de rejoindre l'Europe à la première opportunité ?

Oui, et comme je viens de vous l'expliquer, je pense qu'il faut justement le faire quand on est jeune. Mais je ne dis pas pour autant qu'il faut signer n'importe où et suivre n'importe qui. Quand une opportunité sérieuse se présente, l'âge ne doit pas être un problème. Comme la finalité pour tous les joueurs brésiliens est de
rejoindre l'Europe, autant y aller le plus tôt possible pour avoir le temps de s'adapter.

Qu'est-ce qu'a changé pour toi le titre de champion du monde 17 ans obtenu avec le Brésil ?

Justement, pour moi, les choses ont pas mal commencé à bouger après mon retour de Suède avec la sélection brésilienne en 2003 et ce fameux titre de champion du monde. Sur une compétition comme ça, les recruteurs des meilleurs clubs européens sont présents, alors quand vous remportez le trophée et que vous êtes brésilien, il y a forcément des sollicitations. Ce trophée m'a ouvert beaucoup de portes. Dans les mois qui ont suivi, j'ai appris l'intérêt des grands d'Europe que je vous ai cités précédemment, mais je ne souhaitais pas aller dans un de ces clubs pour compléter un effectif, en sachant que je n'aurais pas ma chance. J'ai donc préféré prendre un peu de temps et attendre la solution idéale.

Au Brésil, les choses ne sont pas comme en Europe puisque le joueur appartient souvent à son agent et non pas à son club. N'est-ce pas un problème au niveau de la liberté ?

C'est vrai que je suis dans cette situation puisque mon agent détient plus de la moitié de ma propriété, mais dans mon cas ce n'est absolument pas un problème. À partir du moment où vous choisissez de travailler avec une personne en qui vous avez
confiance, les choses ne peuvent se passer... Mais je reconnais qu'il y a aussi beaucoup de personnes malsaine dans ce milieu, notamment au Brésil où le football est un moyen de s'en sortir pour tout le monde : joueurs et agents. Et forcément, il y a des jeunes mal encadrés qui veulent réussir à tout prix et signent avec des personnes dont le but est simplement de faire de l'argent sur leur dos, et pas de leur construire un plan de carrière. Mais je pense qu'il y a aussi des dirigeants de club qui sont malsains... Donc c'est comme dans la vie en général, il faut savoir bien s'entourer pour réussir.
 

Avant d'arriver connaissais-tu championnat de France ?

Non, je n'en connaissais pas grand-chose. Simplement les buts que l'on voit à la télé. Mais sans trop le connaître, j'en avais quand même entendu parler, je savais que des grands joueurs brésiliens étaient passés par ce championnat. Par contre, je connais plus l'équipe de France, qui a souvent fait de grands matchs en coupe du monde avec le Brésil. Par rapport à tout ça et le jeu pratiqué  par la sélection française depuis des années, c'est un pays qui m'a toujours attiré.

Valdo, Raï ou encore Ronaldinho. Comment expliques-tu cette attirance pour la France ?

Je crois qu'en France, il y a un football de qualité, mais surtout que le pays réunit beaucoup de paramètres pour que l'adaptation d'un Brésilien se passe de la meilleure façon. C'est un endroit qui nous attire, je crois qu'il y a toujours eu des liens
privilégiés entre nos deux pays. Et puis la réussite de beaucoup de compatriotes incite forcément à faire un passage par votre beau pays... (rire)

De nombreux jeunes sont également venus en France sans parvenir à s'imposer comme Lucas, Fabiano ou Marcelinho. Comment ont été perçus ces échecs au Brésil ?

Je vais plutôt donner mon avis personnel. Je pense qu'ils n'ont pas su s'adapter, mais surtout qu'ils n'ont pas persévéré. Je sais que personnellement, quoi qu'il arrive, je resterai en Europe... Je veux m'imposer ici ! Forcément le Brésil va me manquer, il me manque même déjà, mais le football est tout pour moi. Le football : c'est ma vie ! Et en plus ma famille a besoin que je réussisse. Vis-à-vis d'elle je n'ai pas le droit d'échouer et de revenir au  pays.

Avant d'arriver, as-tu parlé de la France avec un Brésilien qui avait côtoyé notre championnat ?

Je n'en ai parlé avec personne, enfin si avec un certain Edinho qui jouait avec moi et qui a fait un court passage en France. Mais j'en ai parlé avec lui comme ça et vraiment pas pour influencer mon choix. Ma décision était prise. Je suis quelqu'un qui a confiance
en moi par nature. J'écoute les autres parce que cela peut toujours m'apporter, mais je ne me laisse pas influencer. De toute manière, je vous rassure, il ne m'a dit que du
bien de votre pays (rire)...

Au contraire de certains compatriotes arrivés à grands coups de millions d'euro, tu as l'avantage que l'OGC Nice n'ait pas payé d'indemnité de transfert énorme pour t'acquérir. Cela doit te mettre moins de pression ?

Je ne vois pas les choses comme ça... Quelle que soit la somme investie par un club
pour me recruter, je signe pour tout donner. Je me mets la pression sans attendre que des paramètres extérieurs comme les médias le fassent pour moi. J'ai envie de réussir une belle carrière et je sais ce que cela implique, donc j'essaye de m'en donner les moyens en bossant tous les jours à l'entraînement.

Pour faciliter ton adaptation, est-ce que tu as prévu que ta famille te rejoigne ?

Pour le moment, non. Je n'ai signé que six mois avec une possibilité de renouvellement si tout se passe bien. Je préfère donc attendre la fin de cette période pour voir où sera mon avenir. Mais si les choses se passent comme je l'espère, l'année prochaine une partie de ma famille devrait me rejoindre.

Après avoir regardé quelques matchs et joué quelques minutes, quel est maintenant ton avis sur la Ligue 1?

Il y a pas mal de différences avec le football sud-américain, et notamment brésilien. Ici, sur le terrain, tout va très vite. Quand vous recevez le ballon, vous n'avez pas le temps de trop gamberger, alors que chez nous, on attaque beaucoup moins le porteur du ballon. Au Brésil, le jeu est fait de passes courtes et il est très rare d'envoyer de longs ballons devant. En gros, l'inverse de chez vous (rire)... Mais la plus grosse différence est sans doute au niveau physique, ce qui m'a impressionné dans les matchs de Ligue 1, c'est qu'il n'y a quasiment jamais de temps mort. Il faut être au top physiquement pour s'imposer, on ne peut pas se reposer sur sa technique.

Penses-tu que c'est un championnat qui correspond à tes qualités ?

Par rapport à ce que je viens de dire, pas trop (rire)... Mais justement je dois m'adapter. C'est pour ça que je suis là aussi, je veux devenir un joueur
complet. Une fois que physiquement je serai dans le coup, ce sera beaucoup plus facile d'imposer ma technique. Et dans tous les championnats du monde, la différence se fait techniquement.

Quel est ton modèle ?

Je n'ai pas un seul modèle, mais j'essaye de m'inspirer de nombreux joueurs. Si je devais vous en citer trois, je dirai Ronaldo, Ronaldinho et Zidane. Ce sont trois génies, mais avec des qualités totalement différentes.

Comment as-tu été accueilli par le groupe niçois ?

Cela a été ma plus grande surprise. Je ne pensais pas que le premier jour en arrivant à l'entraînement, je serais accueilli de façon aussi fantastique par tout le groupe. Je peux vous dire qu'au Brésil, cela ne se passe pas comme ça, mais là j'ai senti que c'était sincère. C'était très important pour mon adaptation de sentir que je faisais vraiment partie du groupe, que les autres ne voyaient pas mon arrivée d'un mauvais oeil. Maintenant que c'est le cas, j'ai envie de leur rendre sur le terrain le bonheur qu'ils m'ont donné en m'accueillant comme ça.

Tu as signé un contrat jusqu'en juin avec l'OGC Nice. Qu'envisages-tu après ces six mois ?

Je serais content qu'il y ait une proposition de la part des dirigeants niçois en juin prochain, cela voudrait dire que je les ai convaincus. Si c'est le cas, on l'étudiera avec mon agent, mais je serais heureux de continuer ici. Cela voudra dire que je me suis bien adapté. En plus, j'ai cru comprendre qu'il y avait un projet intéressant à Nice, donc pourquoi aller chercher quelque chose ailleurs, si tout se passe bien... J'ai envie de bien finir cette année et ensuite de pouvoir faire une saison pleine. C'est là que je pourrais vraiment prouver toute ma valeur.

Avec le soleil et le Carnaval, tu n'es finalement pas trop dépaysé...

Sauf que je suis de Sao Paulo et non pas de Rio (rire)... Mais je ne savais pas qu'il y avait un carnaval ici ! Franco Dolci le coupe :« Ne va pas t'imaginer des choses, ça n'a rien à voir avec celui qu'il y a chez toi (rire) »
... Honnêtement, depuis mon arrivée, tout me convient : la nourriture, la température, l'accueil.... Je crois que j'aurais difficilement mieux tomber.

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