Echouafni :

 

"J'ai la sensation que l'on a retrouvé un vrai public."

 

extrait

 

 

Cette signature a dû intervenir comme une délivrance...

Oui, je dirai plutôt comme un soulagement. J'attendais impatiemment de retrouver un club, un groupe. À Rennes, je me trouvais dans une impasse depuis un peu plus d'un mois. Je ne pense pas que ce soit le fait uniquement de Laszio Bôlôni, le nouvel entraîneur, tout était décidé avant. Quand lui est arrivé, il a observé et j'ai normalement commencé la préparation avec l'équipe puis progressivement les dirigeants m'ont fait comprendre leur position. Je n'ai pas apprécié cette attitude car mon cas était déjà réglé depuis un moment.Lorsque je me suis rendu compte des choses, cela a provoqué une rupture irrémédiable. À partir de là, j'ai continué à m'entraîner avec les jeunes du centre de formation en attendant de trouver un club.

Revenir chez toi dans le Sud, ne constituait-il pas la meilleure option pour te relancer ?

C'est clair... Ce que je voulais absolument, c'était retrouver un groupe et un entraîneur qui me fassent confiance. En m'annonçant seulement 10 jours avant la reprise ma mise à l'écart, les dirigeants rennais m'ont placé dans une situation plus que délicate. Tous les effectifs étaient complets et les entraîneurs attendaient le début de saison pour voir les ajustements à faire au niveau de leur effectif. J'ai donc patienté en continuant à bien me préparer physiquement. Saint-Étienne m'a fait une proposition, mais dès que Nice s'est manifesté, je n'ai pas hésité. Il fallait attendre que le club dégraisse pour finaliser ma venue, mais tout s'est finalement rapidement enchaîné.

Quelles étaient tes autres opportunités ?

Hormis Saint-Étienne, j'avais des propositions de club de Ligue 2, mais la seule réelle touche a concerné Wolvemampton (Premier league). Je suis monté en Angleterre pour un essai, mais les dirigeants n'ont pas voulu me juger seulement sur des entraînements. Tout se passait très bien, mais les négociations étaient bloquées dans l'attente de pouvoir m'observer en conditions réelles de match. Faute de temps, j'ai donc décidé d'anticiper mon retour. Je ne pouvais me permettre d'attendre indéfiniment sans aucune garantie derrière.

Quel a été le discours des dirigeants niçois ?

Il a été simple et clair ! J'ai eu plusieurs fois te coach au téléphone et II m'a fait part de sa volonté de me voir rejoindre les rangs de son groupe. Son discour m'a plu, il ne m'a rien promis, simplement expliqué ses méthodes de travail et sa vision du football. La proposition était claire : venir compléter un groupe déjà riche en essayant d'y apporter mon expérience. Cela suffisait amplement à mon bonheur... Je n'ai pas eu à réfléchir..

Le fait de bien connaître certains joueurs de l'effectif a-t-il également été un élément déterminant de ta venue ?

Je préfère dire que cela a contribué à me conforter dans mon choix. Il est certain que connaître des joueurs en arrivant dans un club est un gage d'intégration rapide. En plus, je retrouve une partie de ma famille 10 ans après. Vous comprendrez que la décision n'a pas été trop compliquée à prendre et que je reviens dans le Sud avec beaucoup de bonheur. Mais avant toute chose, je tiens à retrouver la notion de plaisir sur le terrain et en dehors. Depuis quelques années, je l'ai perdue et c'est pour cette raison que je recherchais un groupe avec une super mentalité. Je l'ai trouvé...

Tu es un enfant du football amateur azuréen. Peux-tu revenir sur ta trajectoire atypique pour un joueur de haut niveau...

En fait j'ai joué 13 ans à l'AS Monaco, avant d'aller passer deux saisons à Roquebrune en PHA. Paradoxalement, c'est ces dernières années qui m'ont permis de devenir un jour footballeur professionnel. Je jouais milieu défensif et j' ai inscrit une trentaine de buts, ce qui m'a permis de faire un essai à l'Olympique de Marseille, par le biais de Bernard Petiot. Je me suis donc entraîné deux fois une semaine avec le centre de formation et les dirigeants m'ont donné une réponse favorable. Vous imaginez, l'OM venait d'être sacré champion d'Europe... Mais il y a eu un problème administratif la première année car j'avais signé mon contrat stagiaire trop tard. Je m'entraînais donc tantôt avec les pros, tantôt avec la réserve. Le changement était total puisque je passais de deux entraînements par semaine à deux par jour. Je me suis accroché et le mental a fait la différence.

À bientôt 31 ans, penses-tu être un joueur « neuf » par rapport à un footballeur qui a connu un cursus normal en centre de formation ?

Non, je ne pense pas. Lorsque vous voyez que des garçons comme Eric (Roy) ou José (Cobos) sont toujours là... Cela peut paraître inespéré, mais il n'y a pas de miracle, il faut avoir une hygiène de vie impeccable depuis tout jeune. Le plus important est là.

Tu n'as connu que trois clubs (Marseille, Strasbourg et Rennes) en presque 10 ans de carrière. Cela signifie-t-il que tu te verrais bien finir ta carrière au stade du Ray ?

Je l'espère de tout cœur. J'ai fait un tour de France d'est en ouest et je me rends compte que c'est dans le Sud que je suis le mieux. L'avenir nous dira la durée de mon bail à Nice, mais une chose est sûre : je souhaite aller le plus loin possible avec le club. L'équipe se doit d'être de plus en plus ambitieuse et l'OGC Nice de continuer à grandir dans la voie actuelle. À mon niveau, je ferai tout pour apporter ma pierre à l'édifice.

Pour toi qui es originaire de la région, que représentent ces couleurs rouge et noire ?

Beaucoup de choses... C'est surtout une grande fierté de pouvoir revêtir le maillot d'un des clubs de sa région. Sur la Côte, il n'y a plus que Nice et Monaco, et si un jour on m'avait dit que je porterais ces couleurs rouge et noire, je ne l'aurais pas cru. Je me souviens encore lorsque petit, j'assistais au derby Nice-Monaco au stade du Ray. Ce sont de grands moments qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Alors vous imaginez jouer dans ce stade ! J'ai toujours gardé un œil attentif sur les résultats de l'équipe et leur retour parmi l'élite m'a vraiment fait plaisir. On sent que le club commence à trouver une stabilité. Cela s'est fait rapidement, mais maintenant il faut s'installer sur la durée.

On parie souvent de l'esprit du vestiaire niçois. Toi qui arrives de l'extérieur, quel jugement portes-tu sur ce groupe après une semaine ?

C'est difficile à dire, il est encore trop tôt. Mais j'ai été très bien accueilli. Quand on connaît des joueurs c'est plus facile, mais l'ambiance est réellement sympa. J'ai maintenant 15 jours pour découvrir l'ensemble du groupe et je compte sur le mini-stage pour m'y aider.

Que penses-tu pouvoir lui apporter ?

Il y a déjà de nombreux joueurs d'expérience, mais c'est sans doute un des domaines dans lequel les dirigeants attendent beaucoup de moi. Je dois faire profiter de mon vécu aux jeunes. Personnellement, je pense surtout à retrouver le rythme de la compétition . Pour le moment ,je n'ai qu'un objectif en tête : revenir à mon meilleur niveau. Et collectivement , nous devons maintenir le club parmi les meilleurs .

Pour  les gens qui te connaissent , peu , peux tu nous présenter O Echouafni, le joueur...

C'est difficile de parier de soi, mais bon... On m'a souvent qualifié de travailleur de l'ombre, c'est-à-dire concrètement que j'essaye de jouer le rôle de régulateur du milieu de terrain. Mon tempérament me pousse également à ne rien lâcher et à me battre jusqu'à la dernière minute. C'est sans doute pour ça que j'ai une réputation de râleur sur le terrain (rire). Enfin, je marque pas mal de buts de la tête.

Et l'homme...

Je suis trop gentil et cela peut être parfois à double tranchant. L'autre trait de caractère que je vois concerne te mal que j'ai à accepter la défaite. Là aussi, suivant les situations, cela peut être un défaut ou une qualité. Mais ma femme pourrait mieux répondre à cette question que moi (rire)...

Tu es surtout connu pour avoir un coup de tète ravageur. D'où te viennent ses prédispositions pour le jeu aérien ?

Je pense que plus qu'une question de taille, il s'agit d'avoir un bon timing et un bon placement. Pour être totalement honnête, je crois que celui qui tire tes coups de pied arrêtés fait 90 % du travail. En 1999-2000, sur mes 9 buts, j'en marque 8 de la tête en championnat et 2 sur 3 en coupe. Mais avec David Zitelli, j'avais juste à mettre la tête (rire)... Plus sérieusement, c'est beaucoup de travail à l'entraînement.

Tu arrives dans un secteur de jeu déjà bien fourni. Gemot Rohr t'a-t-il expliqué dans quel rôle il souhaitait t'utiliser?

Pour le moment, il s'agit plus pour moi de retrouver la compétition. Les blessures et les suspensions font partie des aléas d'une saison, Gernot Rohr a donc souhaité ma venue pour densifier son milieu de terrain. Nous n'avons pas spécialement discuté de mon rôle, nous avons tout le temps.

Quel sentiment cela t'inspire de te retrouver en concurrence avec un ami, en la personne d'Eric Roy ?

Comme je viens de le dire,j'arrive pour compléter un groupe. Les choses ne se posent donc pas en ces termes pour moi. Je ne suis pas venu pour prendre la place d'Eric ou Romain (Pitau), mais plutôt avec l'esprit de me fondre dans un collectif. Et puis, je pense même que nous pouvons jouer ensemble. La saison sera longue et te coach aura besoin de tout le monde.

Toi qui as un tempérament méditerranéen, que penses-tu du public niçois ?

J'ai la sensation que l'on a retrouvé un vrai public. Il voulait avoir une équipe à son image, à celle de la ville. D'ailleurs, je suivais la saison dernière les matches de Nice quand je le pouvais et une soirée m'a particulièrement marqué. Je parie du derby Monaco-Nice. Je ne l'ai vu qu'à la télé, mais j'ai eu te sentiment que les Niçois avaient envahi la Principauté. Les supporters se retrouvent à travers cette équipe qui ne lâche rien et nous, dans te sens inverse, on sait que l'on peut compter sur eux. Ils peuvent nous aider à renverser les choses quand un match est mal engagé. Dès samedi prochain, ils compteront une voix de plus puisque ma fille a commencé à apprendre les chants (rire)...

Le match face à Nantes sera un peu particulier puisqu'il se déroulera le jour de ton anniversaire, le 13 septembre. Que peut-on te souhaiter ?

Juste une victoire pour l'équipe et le groupe, que j'y participe ou pas.

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