L'interview de Maurice Cohen (France Foot du 24/12)
Cohen, quels sentiments vous inspire ce prix ?
Il me fait plaisir, car il est bien qu'on parle de Nice en positif, ça change. Et, personnellement, il s'agit d'une reconnaissance pour un jeune président arrivé en poste en juillet.
A ce moment-là, vous étiez loin
de songer à une telle réussite sportive.
Même pas en rêve. Nous sommes partis en Ligue 1 en nous disant : il va falloir
se battre comme des chiens pour pouvoir se maintenir. Aujourd'hui, grâce à la
malice de notre entraîneur et à son bon recrutement, nous parvenons à avoir une
équipe compétitive et combative. C'est formidable, mais notre seul souci reste
pour l'instant le maintien. Après, nous pourrons avoir d'autres objectifs.
Et, en dehors du terrain,
quelles sont vos ambitions pour le Gym ?
Cet été, nous avons d'abord répondu à l'urgence, qui consistait à sauver l'OGCN
et à bâtir une équipe. Maintenant, nous devons construire un club professionnel
digne de ce nom car, avant, il n'y avait rien. Pour vous donner un exemple,
quand nous sommes arrivés, 80 % du matériel de la salle de gym où s'entraîne le
groupe étaient défectueux. Les Italiens ont investi 22,5 M€ en cinq ans, mais
ils n'ont pas trouvé 23 000 € pour sauver le matériel... C'est catastrophique.
Alors, nous avons assumé ce genre de petites dépenses, tout en commençant à
travailler sur les infrastructures. Nous nous donnons en effet trois ans
pour bâtir des fondations : mise en place d'un département marketing et
financier, création d'une boutique en ville et réaménagement de notre centre
d'entraînement actuel, qui se situe au parc des sports Charies-Ehrmann.
Vous désirez le fermer ?
Oui, il faut qu'il existe uniquement pour nous. Il ne faut pas que des scolaires
viennent pendant la journée, que les jeunes qui jouent le samedi nous empêchent
de nous entraîner. En résumé, il doit devenir un véritable camp d'entraînement
affecté à un club professionnel, alors qu'actuellement notre vestiaire est
accessible aux supporters. Aujourd'hui, tout va bien, c'est formidable, mais
imaginez que demain ça aille mal. On a déjà vu des incidents à Nice. Il faut
faire attention. Et puis, il n'y a rien d'extraordinaire à avoir un terrain
d'entraînement fermé avec des terrains stabilisés. L'extraordinaire, c'est qu'on
arrive à travailler sans avoir les outils. Vous pouvez le faire un an ou deux,
mais pas sur le long terme. C'est pour ça qu'à Nice, il n'y a rien eu récemment.
Tous les gens qui sont venus investir ont commencé par le dernier étage en
voulant créer une belle équipe. Mais ils ne se sont pas préoccupé des
fondations, si bien que nous sommes très loin derrière des clubs tels que Lens
ou Sochaux en matière d'infrastructures.
Les infrastructures, ça concerne aussi le stade, qui va être reconstruit.
Oui. Il doit être livré en décembre 2005, mais, comme il y aura sans doute du
retard, ce sera plutôt en juin de l'année suivante. Nous disputerons donc deux
saisons à l'extérieur (à Cannes probablement).
Serez-vous encore président à ce
moment-là ?
Je suis bénévole, je fais ça par passion, mais on ne peut pas tenir comme ça trop longtemps, car je possède une société importante, des activités, une famille. Donc, pour l'instant, je suis là pour trois ans. Je ne m'accrocherai pas à mon siège, car il sera nécessaire à moyen terme d'ouvrir le capital du club à des partenaires importants. Pour cela, il faut que le club soit propre, structuré, pour lui permettre d'attirer des gens qui lui apporteront alors une autre dimension. Dans ce schéma, nous voulons demeurer dans ie capital et peser 33 % des parts, de façon à conserver une minorité de blocage. Nous, les Niçois, nous voulons compter et ne plus voir arriver un Italien (Francesco Sensi) ou un Américano-Serbe (Milan Mandaric) qui ne fassent qu'un passage.
Par rapport à tous ces projets, qu'apportent les résultats actuels ?
Ils amènent de la sérénité et facilitent le contact avec les partenaires et les
sponsors. Comme notre image a changé, nous sommes aujourd'hui approchés par deux
ou trois sociétés importantes qui souhaitent nous sponsoriser la saison
prochaine. L'une d'entre elles m'a dit : " Avant, on ne pouvait pas associer
notre image à celle d'un club pourri, comme l'était Nice. " Aujourd'hui, c'est
elle qui fait la démarche. »