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                         MAURICE COHEN  à   BUT ( DECEMBRE 2002)

 

But : Président , le jeudi 21 ,Nice est passé devant la DNCG ,comment cela s'est il passé?

Maurice COHEN : Une petite délégation composée de l'expert-comptable du club et moi-même est montée à Paris. Ça s'est très bien passé. On a reçu le compte rendu de l'audience aujourd'hui (ndlr : vendredi 22 novembre). Notre passage a duré très peu de temps. On a tenu tous nos engagements, répondu à toutes les demandes faites au club en juillet. Les membres de la DNCG ont été très satisfaits. On leur a présenté une situation arrêtée au 15 novembre. Mais elle est encore meilleure !

Pourquoi ?

Grâce aux résultats sportifs, on améliore nos recettes et notre sponsoring. De plus, notre résultat comptable, qui est positif, ne prend en compte aucune vente de joueur. On est l'un des seuls clubs français à ne pas avoir prévu, comme rentrées d'argent, des transferts de joueurs. C'est exceptionnel !

Oui, mais  vous avez beaucoup de joueurs prêtés que vous ne pouvez donc pas vendre...

Non, mais on a un bon capital joueurs avec des garçons comme Pamarot, Varrault, Everson, Pitau, Ayeli, Gagnier ou encore Cherrad. Nous possédons des éléments à fort potentiel. Et puis sur les sept joueurs prêtés en début de saison (ndir : Abardonado, BaruI, Bigné, Diawara, Grégorini, Meslin et Olufade), seuls quatre (Abardonado, Bigné, Diawara et Grégorini) sont titulaires.

. Revenons-en à vos finances. Sont-elles positives ?

Oui, on n'a pas dépassé la barrière que l'on s'était fixée en début de saison. On possède même de la marge. Mais on ne va pas l'utiliser, on ne va pas recruter au mercato et ce, malgré la blessure de Christophe Meslin.

Pourquoi ?

Avec Gernot Rohr, on veut donner leur chance aux jeunes, on veut jouer cette carte. Sauf si demain, un attaquant extraordinaire, libre, se présente à nous. Mais ça n'existe pas...

le récent retrait de l'actionnaire Jean-Claude Perrin change-t-il quelque chose pour le Gym ?

 Le problème de Jean-Claude Perrin était le suivant : il était actionnaire et voulait être gestionnaire du club de façon bicéphale, en s'occupant du re­crutement et de la gestion des con­trats, Moi, je considère que c'est au conseil d'administration et non à un homme seul de définir la stratégie et les grands axes du club. Après, on les applique. Cela dit, on ne s'est pas quitté en conflit. Il fallait juste qu'un les deux actionnaires s'en aille. Les Niçois (ndir : Gilbert Stellardo et Marcel Governatori) ne voulaient pas. En plus, M. Perrin a réalisé une petite opération financière. Il n'y a pas eu de bagarre. Ce retrait s'est fait naturellement, on a anticipé le conflit.

Cette politique sans heurts ni conflit semble être nouvelle pour un club jusqu'ici assez tourmenté ?

 Depuis cinq ou six ans, Nice était géré depuis les Etats-Unis par Milan Mandaric ou depuis Rome par Fran­co Sensi. Nous, on est des gens du cru, on vit avec les Niçois, on les côtoie. On ne peut pas avoir le même fonctionnement.

Nice est une ville où il y a beaucoup de rivalités. N'est-il pas plus difficile pour un Niçois comme vous et les autres actionnaires de réussir ?

 On se trouve dans une spirale de victoires, on a la chance que tout aille bien. Au départ, on avait trois objectifs. Un, éviter que le club ne descende en National, Quand on voit que Reims a mis onze ans pour revenir en L2... Deux, bâtir un groupe qui tienne la route, et trois, se maintenir en L1.

Ne craignez-vous pas que les Niçois ne soient moins indulgents avec vous quand ça ira moins bien ?

 Même si l'on devait être 15" ou 16", les Niçois garderaient en tête la convivialité qu'on a instaurée. On a fait ce qu'il fallait pour sauver le Gym.

On porle beaucoup de la réussite sportive. Mais la présence de Nice au haut niveau est aussi due au travail des dirigeants de l'ombre. Parlez-nous en...

 On a eu la chance d'avoir un mec comme Gernot Rohr. Il a connu le haut niveau comme joueur et comme entraîneur à Bordeaux. Il possède une rigueur de travail fantastique, tout en étant sympathique. Ça, c'est bon pour Nice. Comme Marseille, Nice est un peu fou-fou. Gernot et son style à l'allemande, c'est bien pour le Gym !

Rohr n'est pas la seule explication à la réussite du Gym ?

On m'a toujours dit que l'équipe était à l'image de son entraîneur. Nous, les dirigeants, on est nouveau dans le foot. On a payé toutes les dettes, on est reparti de zéro. On est à l'équilibre mais on doit rester rigoureux. Par exemple, on ne fera pas flamber (sic) les salaires de nos joueurs. Si certains veulent le faire, ils partiront. On ne fera pas n'importe quoi. Les actionnaires ne veulent pas que le club devienne une pompe à fric.

 Les émoluments de vos joueurs sont peu élevés . Cela sera dûr d'eviter la flambée..

Les salaires sont assez bas mais il n'y aura pas d'inflation. On ne va pas entrer dans cette dérive mais on a conclu un deal avec les joueurs. On a appliqué une chose nouvelle : les primes. On a établi un budget avec 8.000 spectateurs de moyenne, y compris les abonnés. On leur a dit :"70% des recettes vous seront reversés quand on sera au-dessus de ce seuil ". Idem pour la prime sur les droits télé. On a prévu une 17e place. Si on termine 10, 50% des primes leur seront reversés. Au niveau des spectateurs, on est à 10.000 de moyenne, dont 6.000 abonnés. Au final, ces plus peuvent constituer une prime intéressante.

Mais cela reste très aléatoire. Les joueurs y ont-ils adhéré sans ciller ?

Oui, ce système est incitatif et récom­pense le travail. De toute façon, on était bloqué, il fallait trouver des mesures qui ne mettent pas en péril le Gym. On n'est pas là pour faire du fric mais pour bâtir un club.

C'est pour cela que vous n'avez pas pu, par exemple, engager Ginola ?

 Oui, Ginola ou d'autres joueurs comme Bruno Rodriguez ou Patrick Blondeau. Ils avaient envie de venir, nous de les prendre. Mais ce n'était pas possible au niveau financier.

Quelles sont vos priorités de recrutement pour la prochaine intersaison ?

 On ne vendra personne sauf proposition extraordinaire. Roger Ricort est venu pour s'occuper du recrutement et l'on est déjà en contact avancé avec deux trois joueurs.

 Garderez-vous vos joueurs prêtés ?

 On va essayer de conserver les titulaires, Grégorini, Abardonado, Diawara et Bigné. On aimerait aussi garder Meslin, il correspond à l'état d'esprit du club. Cobos a déjà prolongé et on est en pourparlers pour sa reconversion au sein du club. On veut aussi que Roy et Valencony rempilent pour ensuite les intégrer au staff. Roy est d'accord mais il attendra de voir où il en est physiquement en fin de saison avant de se prononcer. Il ne veut pas faire l'année de trop.

Quand vous avez vu l'ampleur du chantier, avez vous eu peur de ne pas y arriver ?

Non. On venait de tellement loin qu'on ne pouvait que réussir. Même en cas de grosses difficultés, les gens nous auraient tout pardonné, car ils étaient hyper contents qu'on démarre la saison en L1.

Aujourd'hui, on imagine que cette réussite va au-delà  de vos espérances?

C'est un vrai bonheur que je n'aurais jamais imaginé. Quinze jours après nous être sauvés, notre seul objectif, notre seul combat, c'était le main tien. On n'est plus qu'à quelques points.

N'avez-vous pas l'impression de minimiser votre aventure et de vous la jouer à la "Guy Roux"?

Non. Il ne faut pas oublier d'où l'on vient. Et puis Nice n'a pas l'effectif d'Auxerre.

Mais sur le dernier match (victoire de Nice à Auxerre 2-O, l'OGCN n'avait rien à envier à l'AjA !

Repositionnons-nous et souvenons-nous où l'on était le 19 juillet. Maintenant. on a des joueurs de caractère et on fera une bonne saison.

 Tout le monde à Nice partage-t-il cet état d'esprit?

Rohr a été intelligent dans son recrutement. Il n'a engagé que des joueurs qu'il a connus ou qu'il suivait. Kaba (Diawara) et Everson, il les a dirigés au centre de formation de Bordeaux et il est toujours resté en contact avec eux. C'est lui qui a placé Everson en Allemagne. Meslin, il le connaissait après son passage à Nice l'an dernier... Il n'y avait qu'Olufade qu'il ne connaissait pas.

Venons-en à la structuration du club. Ce doit être un chantier important ?

On a tout à bâtir. On doit être plus performant en billetterie et on vient d'embaucher quelqu'un pour ça, ain­si qu'une personne pour le marketing et la presse. Je vais vous donner un exemple du travail de nos prédécesseurs. Il y a une salle de muscula­tion qui compte 12-13 machines. Eh bien, les trois quarts ne marchaient plus ! Ils n'ont fait aucun investissement au niveau des structures. Nous, on en fait pour que le club fonction­ne. On a injecté 22,86 M€, on ne va pas les dépenser en materiel!

Comment gérez vous votre budget de15 M€, le deuxième plus petit de L 1 ?

On a réussi à faire des économies grâce aux déplacements. Dans notre bud­get de départ, on avait prévu d'utiliser des avions particuliers. Puis on a décidé de voyager sur les lignes régulières. On ne prendra l'avion privé que quand le sportif sera en danger, par exemple pour les matches à Sedan puis contre Ajaccio à trois jours d'intervalle. Si on voyageait en avion privé, on rentrerait vers 1 ou 2 heures du matin. La moitié des joueurs mettrait une demi-heure pour rentrer chez elle, l'autre moitié irait boire un coup. Pour le décrassage, ils seraient mal, En restant sur place, ils sont tranquilles. L'ambiance s'en ressent, on a une vie commune intense. Et puis notre préparateur physique (ndlr : Bernard Gïnes} joue bien du piano...

Quels sont vos projets ?

 Organiser le club, le structurer au niveau marketing, financier, dévelop­per la formation, la cellule recrute­ment. Un de nos projets est d'avoir un vrai camp d'entraînement, toujours sur le site de Charles-Ehrmann. Il nous faut trois ans pour le faire. Sur le nôtre, les joueurs ne sont pas sécurisés. Si jamais ça allait mal au plan sportif... D'ici trois ans, on aura des structures dignes d'un club pro­fessionnel et un stade plus grand. Car on aurait pu faire plus de recettes si on avait eu un stade plus approprié.

Quand commenceront les travaux eu grand stade du Ray ?

 Le l"juin 2004. On va jouer ailleurs.

 Où?

On a trois solutions. Jouer à Monaco, mais ce n'est pas possible. Jouer à Charles-Ehrmann. La mairie de Nice étudie sa mise en conformité. Pour jouer au foot, il faut virer la piste d'athlétisme. La troisième possibilité est de jouer à Cannes. Là aussi, le terrain doit être mis en conformité. La municipalité cannoise l'a budgétisé, je suis confiant. Les maires de Nice et Cannes entretiennent de bonnes relations.

Quelle solution préférez-vous ?

 Les joueurs ne se sentiraient pas bien à Charles-Ehrmann. La piste d'athlétisme tue l'ambiance, il faudrait des jumelles pour les spectateurs. On prendra la solution la moins coûteuse.  

Par quoi passe la pérennité du club ?

Les structures. C'est comme un im­meuble, il faut de bonnes fondations. Nos prédecesseur ne se sont interressés qu' au toit .Nous , on veut que ce soit durable.

Dernièrement, on a évoqué la venue d'un gros sponsor...

(Il coupe) II n'est pas question d'un gros sponsor pour l'instant. Mais si on veut développer le club, il faut attirer des partenaires nouveaux et importants. Notre volonté est de faire ce qu'a réalisé Bordeaux avec M6, Nantes avec la Socpresse, Lyon avec Pathé. Mais on resterait au sein du club et on garderait une minorité de blocage. Notre projet s'étale sur quatre à cinq ans, quand le grand stade sera là. A moins que l'on ne parvienne à dégager 22,86 M€ plus tôt par la vente de joueurs...

 Avez-vous déjà des contacts avec des entreprises ?

 Aucun. On n'entreprendra aucune démarche avant trois ans. On ne veut pas une proposition financière mais un vrai partenaire. Avant, on doit faire monter le club en puissance.

AiJacquet a déclaré au journal "le Monde" que "la 1ère place de Nice était  une bonne nouvelle pour le football français". Joli compliment ?

Ça nous fait plaisir et il a raison. Mais on prend les choses avec sérénité, sans s'emballer. L'image du Gym était ternie. On est fier de celle que l'on donne aujourd'hui du club et de la ville. On est une locomotive extraordinaire.

 

La suite dans BUT ( 2 euros) , peut être ce week end si j'en ai  du courage !!!!!!