Maurice Cohen:

"On a besoin de temps et de patience "

 

Extrait

 

 

Président, le nul acquis face à Nancy trois, quatre points à domicile, car cela démontre que le bébé rouge et noir se refléterait davantage ce premier tiers de porte bien...

 Oui, même si tout le monde nous dit que nous  pouvions mieux faire... Au final, le résultat est tout de même assez positif si l'on se fie au parcours de Nancy à domicile. Et puis, un point à l'extérieur, c'est toujours bien car rien n'est jamais évident dans ce championnat.

Après trois mois de compétition, que pensez-vous de ce nouvel OGCN ?

Nous sommes satisfaits du changement dans la manière de jouer. Il y a une évolution intéressante. L'équipe semble progressivement trouver ses marques. C'est simplement dommage que nous ayons perdu tois ou quatre points à domicile, car cela refléterais davantage ce premier tiers de championnat. Pour résumer, je pense que notre parcours n'est pas si mal que ça...

Croyez-vous que votre équipe soit sous-estimée au niveau national ?

Non, pas particulierement et je ne veux pas tomber dans une paranoïa inutile. Elle serait presque plus sous-estimée par notre public. Je le trouve vraiment très sévère. Je profite de l'interview pour rappeler que nous n'avons pas l'ambition de gagner le titre cette année. Nous ne sommes pas en phase. Ils semblent pressés et nous, avons besoin de temps. Au bout d'un moment, il faut que l'on arrive à s'accorder. Je ne comprends pas
comment on peut arriver à siffler nos joueurs sur certaine rencontre... Il faudrait parfois se souvenir des durs moments par lesquels nous sommes passés. Heureusement que les deux kops soutiennent l'équipe car nous perdrions progressivement ce qui faisait notre force : un soutien inconditionnel.

Nous passons du coq à l'âne mais où en êtes-vous au niveau du conseil de l'éthique ?

Je dois m'y rendre le 8 novembre, suite à certaines de mes déclarations. J'irai sans m'excuser car les faits, que l'on nous reproche, sont trop lourds. Je compte bien dire une nouvelle fois ce que je pense des sanctions que nous avons reçues. J'ai réellement le sentiment de traitement à deux vitesses.

Y-a-t-il vraiment deux poids, deux mesures entre les clubs ?

Il y a certaines sanctions indignes du foot pro tel que je le conçois.

Pourquoi n'avez-vous pas fait appel ?

Nous pensions qu'il n'était pas nécessaire d'en rajouter. Je vous rappelle que nous avons encore une
rencontre avec sursis en suspens. La peine aurait pu être alourdie et nous ne voulions pas risquer d'être sanctionnés davantage. Nous avions préféré maintenir la même sanction et jouer plutôt contre Auxerre à huis clos que face à Bordeaux.

Le non-lieu après les incidents du dernier OM-PSG ne vous laisse-t-il pas « rêveur »?

Non. Là, il n'y a rien à dire. Le non-lieu concerne uniquement l'histoire de l'ammoniaque dans les vestiaires. Pour les jets de projectiles, l'OM a reçu un match avec sursis selon le même schéma que nous.

Finalement, votre message ne manque-t-il pas de spontanéité par rapport aux événements qui se sont succédé au Ray ?

Peut-être, oui... Contre Sochaux, il convenait surtout de rester serein pour réhabiliter Balmont et éviter une
sanction disciplinaire. Après, au sujet des jets d'objets, je trouve utile de préciser que c'est tout de même interdits. À ce titre, il ne servait à rien d'expliquer que ces jets de projectiles n'intervenaient qu'à la suite d'une injustice. Nous nous sommes contentés d'accepter la sanction.

Qu'avez-vous appris de ce début de saison ?

Nous constatons simplement la dégradation du comportement de certains de nos supporters. C'est inadmissible. Une minorité des supporters devrait réfléchir avant de dépasser les bornes.

Vous faites référence à la rencontre face à Auxerre. Le Gym risque-t-il quelque chose suite aux incidents du huis-clos ?

Non, je ne pense pas. Le club n'est pas responsable de ce qui se passe à l'extérieur. Tout ce qui se déroule en dehors de l'enceinte, incombe aux forces de l'ordre. Mais en dehors des sanctions, ce qui me chagrine le plus provient davantage de l'image ternie une nouvelle fois par de tels agissements. Le club se fait remarquer pour rien.

Nice a-t-il des problèmes avec ses supporters ?

Non. Il y a peut-être un souci avec une frange de supporters, mais heureusement tout va très bien avec l'ensemble. Maintenant, chacun doit assumer ses responsabilités. Nous ne pouvons plus intervenir. Il y a une volonté générale entre la justice et la police de tout mettre en place pour éradiquer la violence autour des rencontres de football. Ce qui me désespère est de voir certaines vies gâchées pour une histoire de fumigène... Les supporters connaissent les risques encourus. Ils doivent maintenant les assumer. C'est tolérance-zéro et tout le monde sait que le moindre dérapage sera sévèrement puni. Il y a une volonté commune de ne plus accepter de tels comportements. Des supporters (Sochaux, Lille et Nantes...) se font parfois remarqués défavorablement, mais lorsque nous passons en conseil de discipline, on nous fait à nous, Niçois, toujours l'historique de nos de nos débordements, notre dossier est épais et à ce moment-là, il n'y a pas grand-chose à dire pour notre défense...

Comment gérer leur cas sans froisser les rapports directs que vous avez avec eux ?

 Il n'y a pas de problèmes car tous les groupes sont au courant. Tout est clair entre nous, car ils comprennent que nous ne pouvons rien faire si l'un d'entre eux est pris en flagrant délit. La répression nous dépasse. On n'a pas le droit de ne pas respecter la loi. Je ne crains ni les banderoles ni les revendications. La seule chose que nous leur devons est de mettre une pression pour que les instances fassent respecter le même traitement partout en France.

Pourquoi le Gym est-il dans le collimateur du ministre de l'Intérieur ?

Nous faisons parti du trio de tête. C'est officiel. Il y a une liste de trois clubs marqués au fer rouge sur le bureau du ministre de l'Intérieur : PSG, Nice et Marseille. Je peux même vous dire que nous sommes les seconds sur la liste. C'est pour cette raison que je tiens ce discours. Nous sommes réellement dans l'oeil du cyclone et le club peut être lourdement pénalisé à l'avenir.

Les antécédents entre Bordelais et Niçois sont connus de tous. Craignez-vous la rencontre de samedi ?

Avec mes supporters, je les crains toutes ! Que voulez-vous, tous les événements sont susceptibles de créer la polémique.

Finalement avec du recul, peut-on avoir un public réputé « chaud », avec tout ce que cela entraîne comme passion (pression sur l'adversaire, soutien conditionnel à l'équipe, tifos...) et lui demander de se comporter en « Lensois », comme disent la plupart d'entre eux ?

Leur soutien est indéniable. On le sait, c'est un plus. Mais pas de là, à avoir des réactions disproportionnées en comparaison aux autres stades en France. Le Ray ne doit pas devenir un champ de bataille. Je me trompe peut-être, mais c'est quasiment l'une des premières fois depuis la remontée que l'on ressent de telles tensions. Des endroits comme Lens, Toulouse ou Saint-Étienne sont tout aussi « chauds », mais n'atteignent pas le niveau d'alerte de chez nous.

Malgré tout, l'engouement derrière le club est toujours aussi important... Est-ce l'un des éléments les plus encourageants pour le Grand Stade ?

Oui, c'est même ce qui me pousse à réagir. C'est simplement une minorité qui m'inquiète. Honnêtement, je pense que le Ray a l'une des plus belles ambiances de France. Le soutien est inconditionnel de la part des deux populaires. Simplement, il semble dommage que 50 types gâchent les efforts de 13000...

Au fait, quelles sont les nouvelles au sujet du Grand Stade ?

Nous avons eu dernièrement une présentation officielle des deux projets. Ils sont tous les deux très aboutis. L'essentiel pour nous est que notre cahier des charges soit quasiment respecté. Il reste quelques petits détails que nous verrons avec le concessionnaire choisi mais croyez-moi, c'est d'un outil fantastique que le Gym va bénéficier. L'OGCN n'aura une grande équipe que le jour où il franchira la porte du vestiaire de son nouveau stade.

Avec du recul, quels ont été les grandes évolutions du club durant l'intersaison ?

La méthode est forcément différente. Un nouveau staff avec une nouvelle organisation et des exigences supplémentaires. C'est beaucoup plus pro. Nous avons embauché un spécialiste de la vidéo. Le rôle de Roger Ricort a été élargi et le secteur médical amélioré. Un kiné supplémentaire a été engagé. Il y en a un en permanence au club, même les jours fériés. Mardi dernier, deux joueurs étaient aux soins, Koné et Traoré... C'est une réelle progression. Les détails qui font la différence...

Les changements, comme le départ de votre directeur général Jean-Luc Bailet sont-ils digérés ?

Oui...

Ces évolutions étaient-elles risquées ?

Oui, toutes les évolutions sont risquées. Il suffit d'en assumer les conséquences. Nous avons tout fait pour que ça marche et ça semble être le cas. L'objectif était de sectoriser le club entre différents secteurs : marketing, administratif, sécurité, financier et sportif. Nous sommes dans les objectifs. Il nous faut maintenant réclamer une certaine patience pour faire évoluer la structure. Il est important de ne pas oublier d'où l'on vient. Il y a seulement trois ans que nous sommes opérationnels. On a besoin de temps et de patience...

La volonté de déléguer entraîne une nouvelle organisation. Vous semblez moins en première ligne...

Non, c'est simplement l'organisation qui veut ça. Nous avons voulu nommer des responsables dans chaque domaine. Il n'y a rien d'exceptionnel. C'est simplement une suite logique à ce que nous voulons instaurer. Nous avons simplement appliqué des méthodes qui ont fait leur preuve dans quasiment tous les clubs de France...

Depuis les tensions en fin de saison dernière, n'y a-t-il pas une volonté de moins s'exposer médiatiquement ?

C'est davantage la stratégie qui est différente. Gernot Rohr est un homme très médiatique. Il avait réussi l'exploit de mettre l'ensemble de la presse dans sa poche. Aujourd'hui, un nouvel homme est arrivé. Le coach est davantage un homme de terrain. C'est ce que nous voulions. Il a une autre approche et surtout une autre façon de travailler.

Comment avez-vous géré les tensions avec le syndicat de la Presse ?

Je n'aime pas le mot tension car je pense que l'incident est disproportionné par rapport à ce qui s'est passé. Nous avons simplement rappelé l'organisation que nous voulions mettre en place avec le service de presse. Certains n'ont pas spécialement apprécié cette démarche, mais tout rentre dans l'ordre progressivement. À ce sujet, je pense que nous restons toujours un club ouvert et sympa avec les journalistes. Maintenant, je viens à me poser certaines questions lorsque je lis les commentaires dans les journaux. Pourquoi l'équipe n'entraîne-t-elle que des commentaires négatifs à son sujet ?


Les rapports sont-ils revenus au beau fixe ?

Non, ils ne sont pas au beau fixe. Ils sont spécialement normaux.

Ouvert, disponible et euphorique depuis la remontée, n'est-ce pas logique que la professionnalisation des rapports ne se fasse pas sans grincements de dents ?

Oui, d'une certaine façon. Je le répète, nous restons toujours aussi ouvert, mais nous voulons que l'on respecte notre nouvelle organisation. C'est aussi respecter le club, le coach et les joueurs.

Et vous ?

C'est moins grave.

Il semble que personne ne vous ait posé la question : la pression quotidienne est-elle gérable dans la vie de tous les jours ?

C'est une histoire de « fou ». Nous subissons une pression de folie. Si on ajoute la pression sportive, c'est parfois terrible, mais on s'y habitue et ça fait partie de la fonction. J'ai parfois moins le temps de vivre des moments forts avec ma famille et mes amis, mais ils le comprennent. J'ai surtout besoin de faire le vide, souvent le dimanche par exemple. J'ai moins le temps pour certaines activités, mais je vis aussi une telle période de plaisir que j'assume tous ces paramètres. Cette période intense faite de passion et de responsabilité me comble tous les jours.

En tant que Niçois, n'y a-t-il pas trop de sollicitations ?

Oui, certaines fois, nous sommes énormément sollicités (NDLR : Il se lève et montre un tas imposant de lettres. Il en lit une à haute voix). J'essaie de répondre à toutes, mais cela reste difficile. On se répartit les tâches et on s'évertue à garder la proximité que nous avons. L'identité forte du club doit se pérenniser. Elle passe par là aussi.

Est-ce parfois un handicap ?

C'est usant, mais aussi notre raison d'être...


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