José Cobos:

 

"Il est important de trouver sa place, sans forcement s'imposer"

 

Extrait

 

 

José, on est parti...

Allez !

Comment ça va ?

Après une victoire, ça va toujours très bien.

Après 20 ans de carrière et de préparation, l'angoisse de l'avant-match ne te manque-t-elle pas trop ?

Non, non. De toute façon, je n'avais pas d'angoisse particulière en tant que joueur. Au contraire, c'est cette montée d'adrénaline qui me motivait. J'attendais les matches avec impatience. J'ai une mentalité de compétiteur et le rendez-vous du samedi était vraiment un défi que je me lançais tous les week-ends.

Pas de problème pour s'endormir la veille des matches...

Je dors peu à l'origine, donc ce n'était pas mon problème majeur. Et puis, comme je vous l'ai dit, il y a plus une envie de réussir qu'une angoisse qui naît chez moi avant le match. Je ne suis pas vraiment un garçon anxieux.

La victoire à Paris a dû te faire vibrer quand même ?

Oui, je suis fier de ce qu'ils ont réalisé. Même si je ne participe plus sur le terrain, il y a une telle unité au niveau du staff, de la direction et de toutes les personnes qui entourent l'équipe que tu ne peux qu'être heureux après une victoire comme celle-ci. Vous savez, lorsque vous faites parti d'un staff, une victoire, qui plus est face au premier du championnat, sonne comme une récompense du travail accompli. C'est le résultat d'une semaine d'entraînement. Après, si vous rajoutez le contexte du parc des Princes, c'est encore plus spécial pour moi.

En marge de la rencontre, c'était aussi la fête au Parc, un stade que tu connais bien. Croyais-tu avoir une chance de figurer dans l'équipe des 35 ans du PSG ?

C'est marrant que vous me disiez ça, mais les joueurs m'ont chambré à ce sujet. Ils m'ont chauffé en disant
« Hey, José, c'est pas normal de ne pas te voir dans cette équipe. Ne t'inquiète pas, nous allons te venger
» Et comme par hasard, les deux qui m'ont branché, ce sont les deux qui ont marqué ensuite, Baga et Sammy. Comme quoi, le destin, certaines fois...

Pas de Ginola, non plus...

Là, c'est assez exagéré. Je me suis même demandé ce que c'était ce vote... Il y a un joueur qui n'a rien gagné et n'a quasiment pas joué en une année et qui plus est élu, à la place de Ginola (NDLR : Rothen) ! ça m'a fait mal pour lui... Surtout que ce n'est pas un garçon qui extériorise. Il était présent samedi et n'a rien montré. Mais au fond de lui, il a dû cogiter car c'est loin d'être logique. Ne pas voir un Ginola dans l'équipe type des 35 ans du PSG, c'est comme oublier de citer un Vic Nuremberg dans celle du Gym.

Et dans celle du Gym du centenaire aurais-tu une chance ?

Dans le coeur, peut-être. Après au niveau des statistiques, je n'en sais rien.

Samedi soir, les esprits devaient être beaucoup plus libérés. Maintenant, il est possible d'aller fêter les victoires sans raser les murs...

Je n'ai jamais rasé les mûrs de ma vie. J'ai toujours demandé la permission. Samedi, je l'ai encore fait avant d'aller manger un bout avec mon fils et ma femme. Aujourd'hui, ce qui est certain, c'est que je ne fête plus les victoires de la même manière. C'est beaucoup plus souple. La preuve, je suis rentré tranquillement sur le coup d'une heure du matin. Je peux même vous emmener des témoignages (rire) !

Revenons à l'arrêt de ta carrière. Nous en avions entendu palier... Y-a-t-il une incidence psychologique pour le
joueur qui arrête sa carrière d'un coup du jour au lendemain ?

Nous vivons toutes les choses différemment. La seule chose qui me manque en ce moment, c'est l'absence de compétition. Après une victoire, c'est différent. Tu es concerné, mais pas de la même façon. Au début, il faut s'y faire. Ça te fait mal de ne pas jouer, de regarder les autres, rire, pleurer ou chanter... Au début tu sens qu'il manque un truc dans ta vie. Et puis, tu apprends. Le staff est là aussi pour faire bloc avec toi. Il agit comme un remède en montrant que nous avons également une place primordiale dans les résultats.

En dehors de ça, c'est ta famille qui doit souffler...

Je ne sais pas... Après 20 ans de carrière professionnelle, il n'est pas évident d'arrêter comme ça. Alors, je ne sais pas si je suis évident à vivre en ce moment. J'ai tout de même coupé net. Aujourd'hui, ma tête l'a accepté. Mon corps, peut-être moins.

Prépare-t-on réellement un après-carrière ?

Jamais. Je n'y ai jamais pensé. D'ailleurs, à Nice, je ne me suis jamais pris la tête avec ça. Chaque année, au mois d'avril ou de mai, les dirigeants me convoquaient et l'on se mettait d'accord en un rien de temps à la confiance. Il n'y a jamais eu aucun souci. Des discussions, oui. Des déceptions, jamais. C'est d'ailleurs une chance dans une carrière de ne s'être jamais angoissé pour la suite. C'est certain, on m'a proposé des plans, mais à chaque fois, j'ai privilégié le Gym. La suite des événements montre que j'ai eu raison de faire confiance.

Aujourd'hui, quel est ton rôle exactement ?

Comme vous savez, j'ai intégré le staff technique. Après presque trois mois, je reste toujours en phase d'apprentissage. La relation avec le coach se construit progressivement. Il m'est même arrivé d'animer des séances. Je sais pertinemment que j'arrive dans un staff qui se connaît déjà. Il faut apprendre à nous connaître. J'essaie au maximum de l'informer sur les faits et gestes du groupe. L'élément positif, c'est qu'il commence à me cerner. Il sait ce que je peux apporter et les échanges s'intensifieront logiquement au fil du temps. Il ne faut pas brûler les étapes. Vous savez, la principale difficulté a été de passer de l'autre côté de la barrière. Aujourd'hui, je touche de près les difficultés qu'un coach et un staff ont pour bâtir une équipe ou simplement animer un vestiaire. J'écarquille les yeux et j'apprends. Je découvre une méthode, des hommes et un discours. Je vis le groupe de l'extérieur et je sens que je peux servir à quelque chose. C'est le plus important. Il est important de trouver sa place, sans forcément s'imposer. Ce sont les compétences qui font une carrière et non les ambitions. Je perçois surtout que chaque détail a son importance. Je joue à fond ce rôle avec les joueurs...

Comment se déroulent tes journées, la plupart du temps ?

Il est impératif que nous soyons dans le vestiaire avant eux. On discute, on ressent ce qui se passe et on en parie entre nous après. Ensuite, je me tiens à la disposition coach.

Il n'était pas question au départ d'un poste au centre de formation...

C'était, il y a deux ans... En juin dernier, on m'a dit : « Tu veux rester avec les pros ». J'ai dit :« Oui » et Fred Antonetti aussi. C'est tout.

Alors passer de l'autre côté de la barrière, ça fait quoi ?

Rien, car cela me dérange pas. J'ai vécu 20 ans dans le vestiaire en tant que joueur. Je voulais forcément être à la hauteur. Aujourd'hui, il y a la même volonté, mais de façon différente.

Ta relation avec les joueurs a forcément changé. Quelle est l'incidence dans vos comportements respectifs ?

Il ne faut pas non plus tout exagérer. J'ai forcément dû mettre une barrière entre nous. Humainement, je reste le même. Je suis comme ça et rien ne pourra me changer. Je veux juste garantir un respect entre nous. Après, ce n'est pas parce que vous plaisantez avec quelqu'un qu'il n'y en a pas... La seule chose qui a véritablement changé, c'est la complicité qui nous unissait sur le terrain et en dehors. Il y a automatiquement une coupure à ce niveau. Les repas et les fêtes entre nous, c'est terminé. Je n'y participe plus volontairement. Je dois obligatoirement rester à ma place à ce niveau.

Si on ose te chambrer, tu peux passer pour un parfait indic dans le vestiaire...

« Chiquito » ne sera jamais une balance ! Cela ne fait pas partie de mon caractère.

En trois mois, une page a été tournée. Comment sens-tu l'évolution du club ?

Je l'ai remarquée comme tout le monde. Pour moi, la chose la plus visible est la qualité de l'effectif. C'est sans doute la meilleure équipe depuis 4 ans sur le papier. À ce niveau, il y a une réelle évolution.

Y-a-t-il une volonté de professionnalisation ?

Oui, sans aucun doute. Du nombre de personnes dans le staff à la façon de choisir les joueurs, il y a une vraie professionnalisation. Tout est fait pour minimiser la marge d'erreur.

De quelle manière se matérialise-t-elle ?

L'évolution se matérialise par une vraie stabilité. Je suis bien placé pour en parler car je l'ai vécu à Nice. La progression se fait aussi par une continuité dans l'actionnariat et dans l'organisation centrale. En quatre ans, il n'y a eu qu'un changement d'entraîneur. Point barre. Faites le bilan sur les quatre années précédentes et vous comprendrez où je veux en venir.

La crise que le club a vécue en fin de saison dernière n'a-t-elle pas été un passage obligé pour grandir ?

C'est au mois de juin que j'ai pris conscience de ce qui venait d'être réalisé et de son importance. On a tous espéré nous maintenir et on y est arrivé. C'est dans l'erreur qu'on apprend à grandir. La leçon a été retenue et le club a gagné en maturité d'un seul coup. Ça a surtout évité de repartir de zéro... Tout le monde a réellement pris conscience qu'en football, tout pouvait arriver.

Capitaine et homme de confiance de Gemot Rohr, la transition n'a pas dû être évidente...

Pourquoi ? Il est important de connaître ses objectifs sans états d'âme. Les miens sont clairs. Il n'est pas question de transgresser ma ligne directrice. J'étais sur le terrain et je crois avoir tout fait pour qu'on se maintienne. Le reste n'est pas de mon ressort. Comme je vous le dis depuis le début, j'ai toujours su rester à ma place...

Trois mois après, as-tu pris la bonne décision d'arrêter ?

J'hésite... Aujourd'hui, je répondrais « oui », et ce même si j'ai encore les jambes pour continuer. À un moment, il est important de dire stop et de faire un choix. Il fallait passer à autre chose. J'ai quand même eu une boule à l'estomac et puis, vous faites le tour de la question en vous demandant ce que tu peux apporter. Je me suis rendu compte que je pouvais le faire différemment.

Tu ne pourrais pas faire certaines piges de temps en temps avec la CFA...

Là aussi, ce n'est pas ma place. Les commencent leur entrée dans le monde pro et ont besoin de jouer. Ce n'est pas un vieux qui va les freiner dans leur progression !

Claude Fichaux à Strasbourg rendait, je crois, quelques services à la fin de sa carrière...

Oui, c'est vrai. Le problème, ce n'est pas le fait de jouer en CFA. C'est surtout qu'automatiquement; je vais prendre la place à quelqu'un. À 38 ans, je ne représente pas forcément l'avenir. De plus, l'équipe de Gérard Buscher se débrouille plutôt bien. Après, si on fait appel à moi sur quelques matches, je ne pourrais dire non... Donc sauf cataclysme, il y a peu de chance de me voir reporter le maillot rouge et noir.

As-tu pris une licence?

Non. De toute façon, j'ai jusqu'au 31 décembre pour le faire

A-t-on fait le tour de la question ?

Oui, je crois. En tout cas, je l'ai fait avec sincérité.

  

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