Maurice Cohen à coeur ouvert

 

extrait

 

 

Vous ne vous êtes pas souvent exprimé sur les performances sportives de l'équipe cette saison. Alors, que pensez-vous de cette entrée en matière après cinq journées ?

Pas mal, je pense que la seule fausse note est intervenue lors de la réception d'Ajaccio. C'est même la première fois que nous avons été aussi mauvais. Sinon, en gagnant à Auxerre et face à Sochaux, le bilan est obligatoirement positif. En étant pragmatique, on peut même considérer la défaite à Lens comme normale au vu des budgets des deux clubs. De toute façon, on s'attend à une saison difficile avec un calendrier qui ne nous facilitera pas la tâche. Lors des matches retour, on recevra successivement Lens, Marseille, Rennes, Lyon, Paris et Monaco entrecoupé de déplacements à Nantes, Lille, Bordeaux et Bastia. Quoi qu'il arrive, nous devons chaque année affronter toutes les équipes du championnat, mais selon l'agencement des rencontres, la difficulté du calendrier peut varier. Cette année, il ne nous est pas favorable, mais j'ai confiance en notre équipe au niveau sportif. Elle est solide, et surtout, elle affiche le même état d'esprit que la saison dernière. C'est la plus grande des garanties...

Avec quelques semaines de recul, comment jugez-vous la gestion de cette intersaison au niveau du recrutement ?

C'est difficile de juger pour quelqu'un qui y a participé activement (rire). Plus sérieusement, nous avons essayé de satisfaire le coach dans ses volontés. Je pense d'ailleurs que nous y sommes parvenus dans l'ensemble. Nous avons conservé les joueurs sous contrat qui avaient fart leur preuve la saison dernière, et réussi à convaincre les prêtés (et leur club) de continuer l'aventure. On a donc accompli à ce niveau-là ce que souhaitait Gernot Rohr, ce qui ne nous a pas empêché également de recruter (Laslandes, Echouafni, Diakité, Ba, ...), pour apporter une valeur ajoutée au groupe. Mais on ne pourra réellement juger de la qualité de cette intersaison qu'en mai prochain.

Les finances du club permettent-elles d'envisager la venue d'un joker d'ici à la trêve ?

Non, à moins que l'on enregistre des départs. La DNCG a pris comme décision d'encadrer notre masse salariale, nous n'avons donc aucune marge de manœuvre puisqu'elle est aujourd'hui au maximum de son autorisation.

Les rapports entre la section professionnelle et amateur ont souvent été un frein à l'évolution du club. Depuis votre arrivée pas mal de choses ont bougé, pouvez-vous nous faire un point sur la situation actuelle et les rôles de chacun ?

Tous ces problèmes font aujourd'hui partie du passé. La SASP a pris la gestion du centre de formation des 15 ans ligue à la CFA, tandis que l'Association garde ses prérogatives des débutants aux 14 ans fédéraux, sans oublier la gestion de l'école du Jeune Aiglon et l'organisation de stages du Conseil régional. On aurait pu continuer à faire la guerre pour évincer ses dirigeants, mai ce n'était pas le but. Nous avons eu raison puisque désormais les deux structures travaillent dans un bon état d'esprit, ce qui permet au club de pouvoir avancer normalement.

Luis Femandez déclarait récemment que les dirigeants français avaient une mémoire d'environ 24 heures  pour dénoncer le manque de stabilité dans les clubs au niveau sportif et du peu d'égard à l'encontre des anciens joueurs qui ont porté les couleurs d'une équipe. Lorsque l'on regarde l'organigramme de l'OGC Nice aujourd'hui avec Roger Ricort, Gérait Buscher (ent. CFA), Alain Wathelet (ent. 18 nat), Fred Gioria (prép. phys.) ou encore les futures intégrations de Cobos, Roy ou Valencony, il semble que vous attachez une grande importance à la fibre club. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela représente pour vous ?

Pour moi, la stabilité est la composante la plus importante pour la pérennité d'un club. C'est justement ce qui a manqué à Nice depuis trop longtemps. La base passe par le sportif et une identité forte. C'est dans cette optique que nous avons décidé de prolonger le bail de Gernot Rohr, qui est désormais Niçois jusqu'en 2007. L'entraîneur-manager est à la base de la construction d'un club en dictant la politique sportive. Il se doit donc de  s'inscrire sur la durée. Dans la même idée, c'est vrai que je suis très favorable à l'intégration de gens qui ont connu les couleurs du club ou celles de clubs niçois. C'est une garantie au niveau de l'état d'esprit et de l'implication pour la pérennité du club...

L'équipe semble sur les bons rails pour assurer à nouveau son maintien parmi l'élite, ce qui constitue votre priorité pour les trois premières années. Vous pouvez donc vous concentrer sur le développement du club. Quels sont vos objectifs à ce niveau-là pour cette année ?

À notre arrivée, nous nous sommes fixé des objectifs sur trois ans. Si l'on met de côté l'impératif sportif de se maintenir parmi l'élite, ce laps de temps doit nous permettre d'organiser l'OGC Nice comme un véritable club professionnel, ce qui n'était pas le cas jusqu'en juin 2002, Dans cette optique, trois structures (une sportive, une administrative et une marketing-presse) devraient être totalement opérationnelles à la fin de cette année. À l'issue de ces trois années, nous entrerons dans une deuxième phase qui aura pour ambition de faire de l'OGC Nice un club européen. Pour cela, l'augmentation du budget sera un impératif. Trois solutions s'offriront alors à nous : l'apport d'argent frais de la part d'investisseurs, la vente de joueurs ou l'augmentation des recettes, actuellement limitées par la configuration du stade. Lorsque l'on voit le fossé qui nous sépare d'un club comme le RC Lens au niveau des prestations proposées au stade, on comprend que le développement de l'OGC Nice ne pourra se faire que lorsque nous aurons de vraies structures.

La livraison du futur Grand Stade est désormais prévue pour 2009. Ce retard de 3 ans par rapport à vos plans initiaux peut avoir quelles influences sur l'évolution du club ?

C'est une catastrophe pour l'OGGNice ! Aujourd'hui, nous sommes dans une phase de stabilisation du club, mais malheureusement nous ne pourrons franchir un nouveau palier vers l'Europe sans un véritable outil de travail. Tout est lié, sans Grand Stade, nous tirons un trait sur l'arrivée d'un investisseur à la surface financière suffisante pour être parmi les meilleurs clubs français. Si on doit attendre, on va s'asphyxier. Il faut qu'il soit livré fin 2006, sinon tout notre plan de développement tombe à l'eau. Quand on voit que le stade de Sedan a été construit en 10 mois par une entreprise niçoise, je me dis que c'est possible. On est fin 2003, en 1 an ils peuvent lancer les appels d'offres et boucler le dossier au niveau administratif pour commencer les travaux en 2005. S'il faut attendre 2009. il n'y aura pas de grande équipe à Nice avant
2010.

Le point positif dans ce dossier semble concerner sa localisation dans la plaine du Var...

Ce n'est pas le seul. J'en compte plutôt trois. Tout d'abord, la volonté du Maire de réaliser ce projet, alors qu'il aurait pu être enterré au moment des affaires. Ensuite, le fait que l'OGC Nice pourra continuer à évoluer au stade du Ray pendant la durée des travaux, ce qui résout le problème de la ville d'accueil. Et enfin, le choix de la plaine  du var qui est ,je ênse , un point strategique car proche du centre d'entrainement et des axes autoroutiers:L'ideal ds l'optique de devenir le gd club azureen de demain.

En l'espace d'un peu plus d'un an ,l'OgcNice s'est refait une image ,a gagné en notoriété ,mais il semble que le club peine toujours à trouver un sponsor de grande envergure pou sq'engager à ses côtés .Comment expliquez vous cette situation?

C'est facile..., Le club a eu pendant des années une mauvaise image qu'il n'est pas possible de gommer en quelques mois. Si vous ajoutez à cela le fait que la Ville ne bénéficie pas non plus d'un crédit très important, vous comprendrez la réticence de partenaires potentiels à miser sur l'OGC Nice. Le temps qui passe joue en notre faveur, mais aujourd'hui des entreprises nationales avec qui nous étions en négociation ont considéré que le redressement du club était encore trop récent et ont préfère investir sur d'autres écuries de Ligue 1. La Côte d'Azur, la passion autour de l'équipe, beaucoup de facteurs jouent en notre faveur. Une fois l'image du Gym réhabilitée et le Grand Stade livré, je pense que nous aurons un des pouvoirs de séduction les plus intéressants de France.

Vous n'avez jamais caché que, pour franchir un palier dans un avenir proche, l'OGC Nice devra s'allier à une grande société. Est-ce  toujours votre avis et comment imaginez-vous le rapprochement au niveau structurel ?

C'est une condition sine qua non pour rentrer dans la cour des grands. Bordeaux (M6), Rennes (Pinault, patron de Printemps-Pinault-La Redoute), Paris (Canal +), Marseille (Dreyfus, patron d'Adidas), Lyon (Pathé) ou Nantes (la Socpress) ont tous à un moment donné ouvert leur capital à des sociétés ou à des hommes susceptibles d'augmenter de façon conséquente le budget de leur club. Nous devons maintenant travailler sur les points vus précédent (image, organisation, structure, Grand Stade, ...) pour intéresser des sociétés de ce type-là. Par contre, je tiens à rassurer tous nos partenaires actuels. L'objectif sera de diversifier les recettes et d'augmenter le capital, mais en aucun cas d'évincer les gens qui soutiennent le club actuellement. La transition effectuée par Jean-Michel Aulas à Lyon est pour nous un modèle et un exemple à suivre, puisque le groupe Pathé s'est « fondu » dans le capital du club rhodanien de façon naturelle, programmée, sans remous.

Vous nous confiez la saison dernière vouloir progressivement vous impliquer au sein du comité directeur de la LFP (Ligue de Football Professionnel) pour que l'OGC Nice compte et influe dans les décisions prises dans le domaine du football professionnel. Où en êtes-vous aujourd'hui de cette volonté ?

Aujourd'hui, l'OGC Nice n'est pas considéré et ne compte pas dans le paysage du football français. Ce constat est logique à partir du moment où le club n'a jamais été représenté au niveau des commissions depuis des années. J'ai donc tenu cette année à me rendre à toutes les réunions. Nous devons être présent pour participer et envisager de prendre des responsabilités. Je souhaite donc que d'autres membres du club s'investissent. Avoir une personne dans la commission de la DNCG, par exemple, peut représenter un atout même si elle n'intervient pas dans la concertation du dossier touchant son club. D'ailleurs, si la modification des statuts, concernant le passage de deux à un an du nombre d'années de présidence nécessaires pour briguer un poste au Conseil d'administration, est entérinée, je soumettrai ma candidature. Les postes laissées vacants par Pascal Urano, Francis Graille ou Jean-Louis Campora doivent être remplacés, cela pourrait être une bonne opportunité. Et si je ne suis pas élu... je m'investirai au niveau des commissions.

Le football européen actuel est entré dans une période de récession, illustrée par le calme plat régnant sur le marché des transferts où seuls quelques richissimes présidents (Abramovitch à Chelsea ou Dreyfus à Marseille) ont pu masquer une situation d'ensemble très préoccupante. Passifs abyssaux, droits télé en chute libre, les championnats anglais, espagnol ou italien sont les premiers visés. Cette nouvelle donne ne risque-t-elle pas de faire revenir rapidement au premier plan un championnat de France aux comptes équilibrés et à sa réglementation pointue ?

Je pense qu'en France, nous sommes dans le vrai. La folie des milliardaires ne dure pas. Si l'argent est nécessaire pour faire un grand club, il ne suffit pas. Il faut en parallèle une bonne gestion et une politique sportive et administrative bien définie. À Nice, nous sommes actuellement en train de poser ces bases pour que le club ne risque pas de rechuter et surtout pour qu'il soit prêt à franchir le cap le jour où toutes les conditions seront réunies pour devenir un grand. La baisse des prix pratiqués sur le marché des transferts a remis en cause toute la politique économique de certains clubs, qui tablaient sur une hypothétique vente de joueurs pour équilibrer leur budget chaque saison. Désormais il va devenir difficile pour un club en Europe de vivre au-dessus de ses moyens.

Certains de vos homologues, Jean-Michel  Aulas et Christophe Bouchot en tête, montent  régulièrement au créneau pour dénoncer le système fiscal français et l'impossibilité des clubs d'être cotés en bourse. Que pensez-vous ,de ce débat?

Je suis un libéral... et je ne vois pas quelle différence on peut faire entre une entreprise « traditionnelle » et une entreprise à objet sportif (club). Dans
ces conditions, je pense qu'un président devrait avoir la possibilité de faire coter sa société (club) en  bourse s'il remplit les critères nécessaires. Je ne
vois pas de quel droit on puisse l'interdire à M.  Aulas. Il y a un problème de législation. Je ne dis) pas que c'est la solution pour les clubs français,  mais les dirigeants qui en ont la volonté devraient  pouvoir le faire.

À ce sujet, depuis la chute de l'influent président Campora, l'As Monaco est également dans le viseur de ces dirigeants dictateurs. Le paiement d'un d'un de participation au championnat de France a même été avancé dernièrement pour solutionner le problème des avantages fiscaux dont bénéficient les joueurs de la Principauté. Comment vous positionnez-vous sur cette question ?

Ma première réflexion, c'est que je trouve les méthodes pratiquées indécentes par rapport à tout ce que Monaco a apporté au football. Mais d'un aube côté, je crois que les choses évoluent et changent. Aujourd'hui, la législation européenne permet au club d'aligner une équipe composée entièrement d'étrangers, l'AS Monaco bénéficie donc, par rapport aux autres clubs français, d'un avantage indéniable au moment de négocier la venue d'un joueur. À partir de là, il serait logique de rediscuter de façon calme et sereine. Le problème monégasque soulevé est légitime, mais pas de là à mettre en accusation un club comme Monaco qui a produit un grand nombre d'internationaux français et a énormément travaillé pour améliorer la formation. Comme je l'ai dit, je trouve même indécent de les mettre en accusation sur la place publique. J'ai même la sensation que Monaco n'abuse pas de sa position puisque le groupe ne compte que peu d'étrangers. Par contre, je pense que c'est aux dirigeants monégasques de faire des propositions plutôt que d'attendre la sanction. Des solutions, telle que la limitation du nombre d'étrangers dans leur équipe, existent. À eux de les soumettre aux instances fédérales.

Depuis votre arrivée, tout semble vous sourire. Avez-vous un secret ?

Non, tout ne me sourit pas... et puis ce serait réducteur de dire que les choses ne me sourient qu'à moi alors que beaucoup de gens travaillent et s'investissent pour le développement du club. On a eu beaucoup de réussite, cela fait partie de la vie, mais il y aura aussi des moments difficiles..

Vous avez déclaré à votre arrivée vouloir vous investir sur une durée de trois ans. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Quand je suis arrivé au sein du club, mon projet était de m'investir pour trois années sachant tout ce que cela comporte de sacrifices sur un plan personnel. Ma seule condition a toujours été la confiance accordée par les actionnaires. Si je ressentais le moindre scepticisme de leur part, je n'hésiterais pas à arrêter.

Les remous actuels autour de la Brigade Sud risquent d'entraîner une grève de la Populaire Sud pour la réception de Nantes samedi. Quels types de conséquences pensez-vous que toutes ces affaires puissent avoir sur le club et l'équipe?

J'estime que si la BSN part grève, ce sera en quelque sorte une prise en otage de l'équipe. Aujourd'hui, nous avons besoin d'eux, cette attitude ne serait donc pas la bonne. Il faut dialoguer pour trouver des solutions. Avoir des discussions avec les instances judiciaires et les instances de la Ligue permettrait de faire avancerltes choses, mais la grève n'est pas une solution.

 

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