José Cobos:

"En France, Personne n'a un public comme ça "

 

Extrait

 

 

Finalement, après une soirée pareille, tu dois être satisfait d'avoir continué encore un peu...

Oui, bien entendu... Mais, même en prolongeant, je ne pensais pas automatiquement vivre des moments comme aujourd'hui. Je prends vraiment du plaisir à être là et je vous avouerai que je n'avais jamais connu ça auparavant. Finalement, vous vous rendez compte que j'aurais pu passer à côté d'un match pareil en arrêtant l'an dernier !

À la fin du mois d'août, as-tu craint à une fin de carrière, loin des joies de la
première année ?

Non, pas du tout.

Allez pour Actufoot, un petit scoop... Tu continues jusqu'à quand et... si tu peux répondre en évitant une phrase, type « jusqu'à ce que l'on est plus besoin de moi » ou « on verra en fin de saison avec les dirigeants », merci ?

Ah ! ben... je vais prendre le contre-pied alors et dire que je me sens vraiment capable de jouer encore et encore. Cette victoire a prolongé ma vie sur les terrains et a, du coup, augmenté mon expérience dans le foot. Ce n'est donc pas le moment d'y songer.

Au fait, toujours prévu au centre de formation après ?

Oui. Normalement, c'est prévu comme ça.

Pour revenir au sportif, l'égalisation de la 94e à Metz apparaît comme l'un des tournants de votre saison. N'est-ce pas symbolique que le réveil vienne de son capitaine ?

Pour moi, c'est vraiment une fierté d'entendre ça. Vous savez quand je regarde la TV et les autres matches, je me dis toujours : « José, finalement, tu n'as jamais marqué un but important comme les autres capitaines ! ». J'ai toujours eu envie de me retrouver dans cette situation. Contre Metz, il y avait une multitude de symboles. Nous luttons pour le maintien avec eux et nous avons surtout lutté avec eux, il y a
deux ans au Conseil d'État et devant la DNCG. Psychologiquement, ce but a permis à l'équipe de se retrouver, de transformer le nul en victoire et de confirmer la bonne prestation face à Sochaux. Je crois sincèrement que Metz a déclenché quelque chose entre nous. Le vestiaire s'est transformé et l'état d'esprit qui nous entoure depuis, ne doit pas être innocent à la bonne prestation contre Rennes et à Monaco. Les images de joie sont même passées au ZapFoot. C'est tout dire !

La suite contre Rennes a ensuite démontré que l'équipe était subitement plus sereine et se permettait le luxe d'aborder la rencontre avec un quatuor offensif de tout premier plan...

Tout à fait. Il nous fallait absolument des points, qui plus est à domicile. Au vu des qualités offensives de l'équipe, le coach a senti que c'était peut-être le
moment de créer quelque chose devant et utiliser la confiance qui nous animait pour vite marquer. Tous les atouts étaient de notre côté et il devenait important d'entretenir aussi une bonne spirale. Après, évoquer une certaine sérénité, c'est un peu flatteur car nous étions vraiment dans l'obligation de vaincre et de prendre ces trois points. Et puis dans le foot, lorsque vous êtes trop serein, c'est jamais bon...

Justement, la tournure prise parles événements à Monaco ne vous condamne-t-elle pas à jouer l'offensive toute la saison maintenant ?

C'est loin d'être une condamnation... Avec le potentiel offensif de cette équipe, nous sommes pratiquement obligés de prendre des risques. Maintenant, on se rend compte que nous pouvons les prendre aussi contre les meilleures équipes du championnat. C'est une leçon de ce match, comme une leçon de courage aussi de toute l'équipe.

Comment passe-t-on de la meilleure défense à la meilleure attaque du championnat ?

Par un recrutement bien ciblé. Je crois que c'était la priorité des dirigeants et ils n'ont pas l'air de s'être trompés. Marama est en grande forme, Victor se trouve en plein réussite et attendez un peu et vous verrez tout le talent de Jankauskas. Tactiquement, le positionnement de Vahirua équilibre l'équipe et permet au bloc de jouer constamment vers l'avant. Si vous analysez nos dernières prestations, il est facile de se rendre compte qu'il n'y a quasiment plus de passes latérales. C'est une juste récompense des efforts. Je reviens dessus, mais il suffit de regarder un garçon comme Marama. C'est significatif d'un changement d'état d'esprit. Il déborde, défend, s'arrache et marque. À son image, l'équipe respire le ballon et ne lâche pas.

Sincèrement, avais-tu déjà vécu un tel retournement de situation ?

Non, non... Je cherche, mais je ne vois pas. La seule ressemblance viendrait peut-être d'un tour de Coupe d'Europe avec le PSG, contre le Steua Bucarest, où nous perdons sur tapis vert 3-0 à l'aller et au retour on en plante quatre, avec la qualification
à la clé. Mais cela n'a vraiment rien à voir avec samedi. J'aime moyennement la comparaison avec le Marseille-Montpellier de l'époque. D'une part, c'était à domicile et de l'autre Marseille trustait les premiers rôles et rencontrait une équipe moins bien classée. C'était vraiment un exploit, mais totalement différent du nôtre, où nous sommes à l'extérieur et nous rencontrons le leader. À jamais, je serai vraiment fier d'avoir pu participer à cette rencontre.

Quel est ton sentiment sur l'état mental de l'équipe aujourd'hui ?

Je cite souvent cet exemple. Prenez le poster de l'équipe, le jour de la remontée et comptez le nombre de joueurs qui sont encore au club... Ce qui est impressionnant vient de la faculté à maintenir l'esprit dans cette équipe. L'effectif a changé du tout au tout et pourtant l'esprit demeure dans le vestiaire. C'est incroyable de voir prolonger une identité aussi longtemps et surtout voir des nouveaux reprendre le flambeau aussi rapidement. Samedi au Louis-II, il y avait quasiment une dizaine de nouveaux joueurs qui ont foulé la pelouse et ils ont joué à la niçoise comme les années précédentes. Cette solidarité fait vraiment la différence et croyez-moi, on ne la retrouve pas de partout...

Pour Damien, la soirée a été délicate. Quels ont été tes mots pendant le match pour tenter de le rassurer ?

Je reste hyper dur. Je crie et je « gueule » pour faire avant tout comprendre que c'est une victoire d'équipe. Nous ne pouvons jamais être tous parfaits. Grâce à ce résultat, tout le monde a oublié les quelques erreurs. C'est le foot. Et le foot se joue à 11...

L'attitude du public joue aussi un rôle dans ces hésitations en sortie, en lui mettant une grosse pression. Comment parviens-tu à aider tes coéquipiers quand ils sont comme ça en difficulté ?

C'est mon rôle. Je surveille à ce qu'ils ne soient pas trop anxieux, qu'ils restent concentrés et qu'ils évitent de se disperser. J'insiste et certaines fois, c'est un véritable bourrage de crâne. Cette implication m'oblige également à être toujours crédible et je dois tout faire pour l'être aux yeux de tous.

Ses performances depuis deux saisons ne remettent pas en cause ses qualités, mais n'est-il pas, aujourd'hui, fragilisé ?

Regardez au PSG... Les deux anciens Niçois alternent aussi le bon, le moins bon et vivent par fois des moments délicats. Le gardien se retrouve souvent livré à lui-même et ne peut masquer aussi facilement les erreurs. Je crois qu'il sera fort et qu'il va vite nous sortir un grand match. Il sait que dans cette équipe, on ne remet jamais rien en cause...

Cette semaine, il y a aussi l'annonce de la suspension pour cannabis du jeune Larbi. Quel message lui as-tu fait passer ?

J'en avais déjà parlé avec lui. Cela ne sert à rien d'en rajouter. Il doit prendre conscience qu'il fait le plus beau métier du monde. Il devient indispensable maintenant pour lui qu'il arrive à effacer cette image qui ne colle pas à un sportif de haut niveau. Maintenant que tout le monde oublie ce qui s'est passé et laissez-lui une deuxième chance... Ils sont jeunes. À eux, ensuite de ne pas la gâcher !

C'est vrai qu'il n'est jamais bon de condamner un joueur. D'ailleurs, il y a quelques semaines encore, personne n'aurait parié sur un redressement aussi spectaculaire...

Excusez-moi... Moi, si. Je le ressentais, vraiment. Je le disais même à qui voulait l'entendre : « Ne vous inquiétez pas, ça va venir! ». Il y a eu trop de choses d'un coup pour ne pas tromper les gens sur le vrai potentiel de cette équipe. Elles ont simplement masqué et perturbé la préparation. Derrière, il y avait autre chose et notamment du talent dans cette équipe. J'étais persuadé que la roue allait tourner. Mis à part Bordeaux, à chaque fois tout s'est joué sur des détails. Et ces détails ont fini par basculer dans le bon sens. Généralement, tout revient à l'équipe qui en veut le plus.

Comment as-tu géré les tergiversations,l'emprise des rumeurs, les départs et les petites histoires qui ont entaché le début de saison ?

Difficilement. Tout simplement parce que c'est délicat à vivre. Dans le foot, tout n'est pas rose non plus... Il faut savoir gérer aussi, aller voir les joueurs et essayer de faire quelques choses. Mais certaines fois, il n'y a rien à faire. Juste motiver les joueurs qui restent. Ce n'est pas mon rôle de rentrer dans des polémiques avec des joueurs qui veulent partir. Il y a un équilibre à maintenir et un projet à bâtir. Il ne fallait pas s'immiscer dans leur choix, mais simplement reconstruire pour le mieux et rapidement une équipe à partir de ceux qui voulaient continuer l'aventure. Cela semble bien parti...

Une nouvelle fois, c'est la vie du groupe qui a pris le pas sur les fatalités du foot...

Toujours. Du moins, à Nice, depuis que je suis là, c'est comme ça...

Est-ce un rêve de te demander si le Gym est capable de ne plus s'arrêter, de gagner ses trois prochains matches et de s'imposer à Geoffroy Guichard pour une place de leader devant 1500 supporters qui auront fait le déplacement ?

C'est tout le mal que je nous souhaite... J'espère toujours gagner tous les matches. Mais il y a dix jours, nous étions avant de rentrer sur la pelouse contre Sochaux, dix-neuvièmes et demi, car je n'aime pas dire derniers et nous avions un match en moins par rapport aux autres. Nous perdions 1-0 et personne n'a lâché. Le public et nous. Ils nous ont portés, comme ils nous ont permis à Monaco d'arracher un résultat. Nous faisons vraiment corps avec eux. Les dirigeants ont recruté les personnes qu'il fallait, eu le discours nécessaire... Il y a beaucoup de gens qui méritent ce qui arrive... Je vais éviter de faire du Van Dame, mais il y a des ondes positives autour de nous. On le voit constamment dans les interviews, les commentaires et les décisions. La porte est toujours ouverte à la réaction et rien n'est jamais fini. À Monaco, nous cherchions à marquer un but pour l'honneur. Au deuxième, à leur faire peur. Au troisième, à l'exploit et au quatrième, au miracle ! Il y a beaucoup d'éléments qui influencent un résultat, mais aucun ne peut empêcher de toujours y croire et de se battre. Nous devons maintenant, pérenniser cet acquis, travailler pour accompagner cette spirale le plus loin possible et se rassurer encore plus...

Une chose est certaine et même si les médias l'ont peu signalée: l'ambiance a été extraordinaire autour du derby. Quel rôle le public a-t-il joué dans cette fabuleuse remontée ?

Justement, ils l'ont peut-être oublié le rôle de notre public samedi... Le 4-3, c'est la victoire d'une équipe et d'un public fabuleux. Un point, c'est tout. Nous n'avons pas besoin de la reconnaissance des médias nationaux pour savourer ce que nous véhiculons ensemble. Bien au contraire, cela permet de mobiliser encore plus. Je ne le relève pas, mais c'est vrai que cela n'aurait fait de « mal à personne » d'entendre légèrement plus parler de ce match. Je reste persuadé que c'est une belle leçon pour le foot français. Depuis deux saisons, on se bat, on relève la tête, on construit quelque chose... et on mérite peut-être plus d'attention. A la fin du match, il n'y a eu aucune haine vis-à-vis de l'adversaire, aucune remarque déplacée. Simplement du respect. Et ça, on aurait pu le souligner.

Question piège : la BSN est-il le groupe de supporters le plus « chaud » que tu aies connu dans ta carrière ?

Bien sûr. Sans hésiter... Quoi qu'à Paris, c'était chaud aussi... Mais les matches de Sochaux et Monaco font vraiment la différence. Vous savez, c'est la première fois que je vois des joueurs surpris par l'ambiance. Les nouveaux s'étonnent et sont gonflés à bloc par cet engouement. Eux aussi, ils font leur match. C'est fantastique ! Ils ne s'arrêtent jamais de chanter. À 3-0, entendre le « Nissa la Bella », c'est magique ! Ils ont été les détonateurs. Le véritable douzième homme et les vrais responsables de la remontée. Ils le savent car je le leur dis souvent. Je les compare souvent aux Ecossais, qui poussent sans arrêt... Alors pour répondre à votre question et pour éviter que je m'enflamme trop, je dirai simplement que c'est un plus. En France, personne n'a ça. C'est certain...


Pour conclure, si nous te disons qu'une pétition est en route pour que le jour où tu raccroches les crampons, on enlève ton numéro 3 à jamais des maillots nissarts, comme pour Jordan aux Chicago Bulls...

Tiens ! j'ai croisé Jordan samedi après le match... C'est mon sportif préféré. Il a tout. Alors je suis fier de cette comparaison. Mais l'essentiel pour moi aujourd'hui est de vivre à mon âge des moments que je n'avais jamais connus jeune. Je me sens tellement bien ! Et arrêtez de me chambrer avec cette histoire de maillot et allez plutôt en parler à Vic Nuremberg et Pancho Gonzalez de cette pétition (rire) !

 

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