Roberto Bisconti:

 

"La pression, elle est là... Il faut l'assumer"

 

Extrait

 

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on aurait pu rêver meilleur contexte pour un match capital...

Je ne vais pas nier que c'est un match capital, même s'il reste tout de même neuf rencontres derrière... De toute manière, au-delà de l'importance par rapport au classement et à tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps, nous devons nous imposer parce que l'on joue à la maison. Le groupe est conscient que jusqu'à la fin de la saison, chaque match au Ray doit être synonyme de trois points. C'est indispensable. Rien n'est fini, et je préfère me dire qu'avec deux victoires de suite, on retrouvera la première moitié du classement. Mais d'un autre côté, même une victoire contre Strasbourg ne sera pas synonyme de maintien, donc il faut surtout que l'on se relance dans la période difficile que l'on traverse. Le championnat est loin d'être fini.

Au-delà de cette dernière quinzaine, l'équipe rencontre des difficultés depuis le début d'année. Comment l'expliques-tu ?

Lors de la première partie de saison, on a souvent joué avec la même équipe. Le système était bien en place et des automatismes s'étaient mis en place entre les joueurs, notamment dans le jeu offensif avec Roudet et Vahirua dans les couloirs. On produisait un football d'attaque et je pense que l'on est parvenu à être assez régulier dans nos performances. Et depuis la reprise, le groupe a été victime de blessures qui ont entraîné des changements tactiques et l'équipe a commencé à moins bien jouer au football. Je pense que c'est dans une configuration en 4-4-2 que l'on a réussi le mieux à s'exprimer en termes de qualité de jeu. Même si on recevait beaucoup de buts, on en marquait également beaucoup, et la balance était positive. Notre jeu était plus fluide avec des relations et des automatismes qui se voyaient, je pense, de l'extérieur.

Sur un plan personnel, tu n'as retrouvé une place de titulaire que dernièrement. Comment as-tu vécu cette mini-traversée du désert ?

Je l'ai forcément mal vécue parce qu'il y a des fois où tu ne comprends pas ce qui t'arrive... Je me suis retrouvé dans une position où je regardais le match du banc ou des tribunes, tout en sachant pourquoi j'étais écarté. Je suis venu à Nice pour apporter quelque chose au club et à l'équipe, donc forcément c'est une situation que je vivais mal. Mais tout s'est tassé et est finalement rentré dans l'ordre.

Avec du recul, comment analyses-tu les événements qui t'ont amené à être mis à l'écart ?

Ce qui est arrivé, c'est maintenant du passé. On a entendu un peu tout et n'importe quoi au sujet de cette histoire. J'ai plusieurs fois entendu dire que je mettais « la merde » dans le groupe. Ça m'a touché parce que ce n'est pas du tout mon genre. Je me bats sur le terrain, mais en dehors, dans la vie du groupe, je pense être bien avec tout le monde. Je reconnais avoir fait des erreurs, le coach aussi en a fait et maintenant tout s'est apaisé. J'ai toujours eu un franc parler et je ne vais pas changer maintenant.

Penses-tu que la franchise et le fait d'assumer sa vision des choses soient un handicap pour un joueur professionnel aujourd'hui ?

Je suis bien placé pour en parler et je peux vous confier en toute honnêteté que cela m'a causé pas mal de torts dans ma carrière. Ça a fait ma réputation de « fouteur de merde » et ça m'a coûté cher. Partout où je suis passé, les joueurs ne comprennent
pas cette réputation qui me précède. Moi, je pense que c'est simplement parce que je dis toujours ce que je ressens, même si j'ai conscience de ne pas avoir
toujours raison, donc forcément à certains moments ça peut créer des conflits. Mais j'ai la franchise de reconnaître mes torts quand j'en ai. De toute manière, j'ai toujours eu une ligne de conduite et je l'assume.

À un moment donné as-tu pensé que ton avenir, même à court terme, passerait par un départ du Gym ?

Oui, à un moment, je voulais partir. Ces problèmes avec moi sont arrivés dans la période du mercato et comme je n'y voyais pas d'issue, j'ai vraiment pensé à changer d'air si j'en avais l'occasion. Ma femme et mes enfants ne voulaient pas en entendre parler, même pour moi ce n'était pas la solution que je souhaitais puisque je
me sentais bien dans le groupe, avec le public et dans la ville, mais à un moment donné il fallait que je pense à ma situation sportive. Mais bon, finalement tout s'est arrangé et j'en suis le plus heureux !

Après l'intervention du président et une discussion avec Gernot Rohr, tu as retrouvé le onze titulaire. Gardes-tu une certaine rancœur par rapport à cet épisode ?

Je n'ai jamais été rancunier. On a eu cette discussion et cela faisait un moment que je souhaitais l'avoir parce que je n'étais pas venu à Nice pour rester dans la tribune (sauf si je méritais d'y être). Quand j'ai signé, c'était parce que je croyais à un projet et que j'avais envie d'apporter ma contribution à l'équipe. Je ne suis pas du genre à rester sur la touche et à prendre mon chèque à la fin du mois si j'estime que je peux apporter quelque chose. Je n'ai jamais fonctionné comme ça ! Donc, on a bien discuté avec le coach et il m'a proposé de repartir de zéro, j'ai dit OK et tout est reparti depuis.

À Nîmes, les supporters ont retiré leur bâche à vingt minutes de la fin de la rencontre, signe fort et très rare dans le milieu ultra. Avez-vous partagé ce sentiment de honte et d'humiliation sur la pelouse ?

Honnêtement, oui ! Même pendant le match, on s'est regardé à plusieurs reprises avec Flo (Balmont) en se demandant ce qui se passait. Tu peux perdre contre une équipe de ce niveau, mais pas de cette manière. Sur le terrain, on avait l'impression de ne rien pouvoir faire, qu'ils étaient dix fois meilleurs que nous. C'était bizarre, impossible de réagir, les jambes ne suivaient pas. En plus, on avait beaucoup misé nous, les joueurs, sur cette coupe de France. On voulait aller jusqu'au Stade de France. Dans ces circonstances, on ne peut que comprendre les supporters. Ils ont été aussi humiliés que nous.

Comment a-t-on pu en arriver là ?

Je n'ai pas d'explication. Tout le groupe est passé à travers.

Après cette déroute et conscient des remous au sein du club, un groupe de joueurs est allé trouver le Président pour lui demander de maintenir sa confiance à Gernot Rohr. Comment est venue cette initiative ?

On était un groupe de joueurs à être allés s'entraîner au Golf de Mandelieu et à la fin de l'entraînement un journaliste est venu vers nous en nous faisant croire que Gernot Rohr était viré. Il a réuni tous les joueurs présents et a demandé à chacun de donner son sentiment. On s'est rendu compte après coup que c'était une manipulation, donc plusieurs d'entre nous ont souhaité aller voir le Président pour lui demander quelle était réellement la situation.

Cela signifie-t-il que l'ensemble des joueurs se sent directement concerné parles tensions qui peuvent exister entre la direction et le staff technique ?

Apparemment oui... On entend des choses à droite et à gauche, différents sons de cloche. Donc forcément on veut connaître la vérité, même si c'est vrai que notre job, c'est d'être sur le terrain.

Justement est-ce réellement le rôle des joueurs d'intervenir dans ce type de débat ?

On est payé pour jouer et faire notre travail, mais quelque part cela prouve aussi une certaine implication...

Par contre, les supporters ont demandé à vous rencontrer en face à face en début de semaine (mardi au siège du club). Que s'est-il dit ?

Un peu de tout... Ils voulaient comprendre ce qui s'était passé à Nîmes, savoir pourquoi le jeu s'était dégradé, nous demander s'il y avait vraiment deux clans entre « les pour » et « les contre » Gernot Rohr et surtout nous faire part de leur inquiétude pour le maintien. Je trouve leur attitude totalement normale puisque nous sommes seulement de passage dans le club, tandis qu'eux sont là à vie. Ils jouent le rôle de garant. Lors de cette réunion, on a donc répondu à leurs questions en leur disant que l'on avait conscience des choses et que l'on allait tout faire pour réagir. Pour Nîmes, comme je le disais précédemment, on n'avait pas d'explications à donner... Et en ce qui concerne des clans pour ou contre le coach, on leur a bien dit que l'on jouait pour les couleurs rouge et noire. Quand on sait la part importante qu'à le public à Nice, il était utile de tout mettre à plat. Après, il faut que l'on reparte rapidement de l'avant pour que tout rentre dans l'ordre et que le public puisse faire ce qu'il aime : enflammer le stade. Et l'on va tout faire pour les y aider samedi...

Avez-vous senti une tension et une pression particulière ?

La pression, elle est là... Il faut l'assumer ! Après, nous sommes treizièmes avec quelques points d'avance sur les premiers reléguables. Les gens se tracassent peut-être, mais je vous rassure : on est bien présent. À nous de renverser maintenant la tendance. Ils nous mettent la pression, d'accord, mais nous disent aussi qu'ils sont avec nous. C'est le plus important.

Toi qui as une certaine expérience en tant qu'international et qui as surtout connu des publics chauds dans ta carrière, notamment au Standard, que penses-tu de la situation actuelle ?

J'ai connu tellement de situations dures avec les supporters quand j'étais au Standard... Mais là-bas, tu perds deux matches, ils t'attendent à la sortie du stade et te jettent des trucs dessus. Ce n'est pas la même mentalité. Ici, la réaction est beaucoup plus constructive puisque les supporters ont demandé à nous voir. Même si je sais par rapport à des choses que l'on m'a racontées qu'ils peuvent être plus« méchants », là ils ont instauré un dialogue. Je les comprends parce que, comme nous, ils espéraient à la trêve que l'on joue le premier tiers du classement et ils
sont déçus. Personne ne pensait que l'on aurait cette baisse... Maintenant, c'est à nous de jouer. Avec le groupe que l'on a, ce n'est pas possible d'imaginer descendre. Il y a de la qualité et une super ambiance. Et même une fois que l'on sera maintenu, il ne faudra pas se contenter de ça. La réaction du public doit nous servir à rester en alerte. Ce doit être quelque chose de positif, qui nous pousse à nous transcender. C'est d'ailleurs ce que nous ont dit les supporters dans les bureaux, ce qu'ils attendaient de nous...

Dans le vestiaire, avez-vous conscience que le résultat de samedi permettra soit un apaisement des tensions ou au contraire l'arrivée à un point de non retour ?

On est conscient que suivant le résultat, ça peut mal aller. Les supporters ont mis la pression et elle est bien palpable ! Mais de toute manière, il faut arrêter de tourner les choses dans tous les sens, on n'a pas le droit de perdre à la maison. On doit même aller au-delà de ce match de Strasbourg et prendre six points sur les deux deux matches qui arrivent en allant aussi gagner à Istres. On ne doit penser qu'à ça.

À quel accueil vous attendez-vous de la part du public du Ray ?

D'après ce que je sens, les supporters ne seront pas contre nous. Ce n'est pas un public comme ça. Mais c'est sûr que si « on ne bouge pas notre c... », ils vont se retourner. Mais il ne faut pas penser à ça. Jusqu'à aujourd'hui, ils n'ont jamais rien lâché... à nous de montrer que l'on mérite cette confiance.

Appréhendez-vous sa réaction ?

Tous les joueurs sont conscients qu'il faut faire un résultat. Comme je viens de le dire, si on joue mal, le public se retournera et il aura raison. Mais on est une famille et comme quand il y a des problèmes dans une famille, il faut les résoudre tous ensemble.

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