Bakari :
" Je veux m'imposer "
extrait
Ton arrivée en cours de saison dernière s'est faite dans la plus grande discrétion. Peux-tu revenir sur cette période...
J'arrivais en fin de contrat au terme de la saison 2002-03 et naturellement mon entourage a commencé à prendre des contacts dès le début du championnat. Plusieurs clubs me suivaient, mais Nice a su anticiper les choses et me convaincre rapidement. J'ai beaucoup apprécié le discours de Gemot Rohr qui n'a pas hésité à me dire les choses en face. Il m'a dit qu'il connaissait mon caractère, mais que cela ne lui posait pas de problème, le tout en me prenant l'exemple réussi de Sammy (Traoré) qui avait également un tempérament assez spécial lorsqu'il l'avait découvert à Créteil. Avec du recul, je lui en suis reconnaissant car j'avais très mauvaise réputation dans te milieu du foot et ce n'était pas évident pour lui de miser sur moi. En plus, les choses n'ont pas été simples puisque Wasquehal m'a mis des bâtons dans les roues à partir du moment où ils ont appris qu'il existait des contacts avec Nice. À partir de novembre, j'ai été écarté du groupe, mais heureusement cela ne m'a pas empêché de rejoindre la Côte d'Azur te 31 janvier. En arrivant, j'ai été naturellement impressionné car je débarquais dans un club qui jouait les premiers rôles en Ugue 1 alors que je venais d'une formation de fin de classement de Ligue 2. C'était un autre monde : à Wasquehal, j'étais dans un club décontracté, alors que là, malgré la super ambiance, je me suis tout de suite senti dans un environnement professionnel.
Avant d'atterrir à Wasquehal en 1999, tu étais au Mans avec ton frère Daguy. Quels souvenirs gardes-tu de ces années de formation ?
En fait, je suis arrivé assez tard
au Mans puisque j'avais 18 ans. Peu de personnes connaissent mon parcours, mais
j'ai en fait effectué la plus grande partie de ma formation à l'AS
Saint-Étienne. J'ai été recruté à l'âge de 15 ans et après trois saisons j'ai
décidé de partir. J'étais en conflit avec un entraîneur et comme j'ai toujours
eu un « gros » caractère, je ne voulais pas fermer ma gueule et j'ai préféré
changer d'air. Avec le temps, j'ai appris à connaître les avantages et les
inconvénients de mon tempérament, mais à cette époque j'étais encore jeune et il
était difficile pour moi de faire la part des choses. Je me suis braqué et rien
ne pouvait me faire revenir en arrière. J'ai donc pris la direction du Mans où
j'ai rencontré le coach qui m'a le plus marqué dans ma formation, Marc
Westerloop. J'ai apprécié chez lui le fait qu'il
n'essaye pas de me changer radicalement, mais plutôt par petites touches en me
parlant beaucoup. Il a su aussi être présent lorsque je n'étais pas bien...
C'est quelqu'un de très humain.
Le départ de ton frère pour Lille a-t-il influencé le fait que tu signes à seulement quelques kilomètres chez le voisin de Wasquehal ?
Oui, beaucoup. Quand les dirigeants de Wasquehal m'ont contacté, ils ont joué justement sur cette relation qui m'unissait à Daguy. Malgré ce rapprochement, j'ai dû faire face à beaucoup de choses très dures durant mes années là-bas, mais je suis content d'avoir vécu cette période parce que j'estime, avec du recul, avoir réussi à bien les gérer. Dans ma formation, je me souviendrai de cette période car même si ce n'est peut-être pas à Wasquehal que j'ai le plus progressé sur un plan sportif, ça m'a été bénéfique pour me construire un mental de professionnel.
Ton frère semble jouer un rôle Important dans ta vie. Penses-tu que votre séparation a eu une incidence sur ton éclosion ?
Ça a été une grosse coupure, voire même une fracture ! Pendant 5 ans, il avait toujours été là pour m'épauler et du jour au lendemain, il y a eu un gros vide. Mais d'un autre côté, je voulais lui prouver que je pouvais m'émanciper, lui montrer que j'étais un homme. Après toutes ses années où il m'a couvé, je pensais que c'était le moment de lui prouver qu'il pouvait avoir confiance en moi et que je pouvais réussir par moi-même. Je me suis rapidement rendu compte que c'était la bonne solution parce que cela ne nous empêche pas de garder des contacts fréquents et de nous voir dès qu'on le peut. Moi, c'est à Nice que j'ai réellement appris le métier de footballeur pro avec ce que cela impliquait de sacrifices au quotidien. Je pense avoir fait le bon choix au bon moment car cette séparation avec Daguy m'a permis de devenir mature.j'étais là depuis le début de l'aventure. Ils m'ont vraiment placé dans les meilleures conditions pour m'adapter. Sammy s'est plus particulièrement occupé de moi et m'a pris sous son aile. C'était un très bon ami de mon frère, alors quand je suis arrivé, il m'a dit en plaisantant : « Toi, je te connais et je vais m'occuper de toi ! » Quand je n'étais pas dans le groupe, II m'a beaucoup aidé en me pariant et en me disant que lui aussi avait traversé des moments difficiles, mais qu'il fallait que je m'accroche parce que j'étais là pour apprendre. Lorsqu'on le voit comme ça, on croit que Sammy est tête en l'air, mais je peux vous dire qu'il a la tête sur les épaules et qu'il sait exactement où il va. Je tiens également à citer tous les autres (Noé, Pancho, Malek, ...) qui m'ont soutenu pour ne pas que je lâche. Aujourd'hui, je suis encore loin d'être arrivé, mais je suis bien dans mes baskets et décidé à m'imposer. Je voulais aussi dire un mot sur l'environnement, la mentalité du club, des supporters. Malgré tout ce que l'on peut entendre, je ne crois pas que Marseille ou Lens puissent se vanter d'avoir ce que l'on a à Nice... Sinon, avec les moyens qu'ils ont, ce serait réellement de grands clubs !
On parle souvent de la perversité de la Côte d'Azur pour les sportifs avec son côte « sea, sex & sun ». Comment s'est passée la transition pour toi delà» froideur » du Nord à la « chaleur» du Sud ?
De façon très agréable... Pour ne rien cacher, je pensais que ça allait être difficile car j'ai un tempérament à bien aimer m'amuser. Mais comme je le disais précédemment, j'estime avoir mûri et savoir maintenant faire la part des choses. En plus, je reste avec des personnes sensées, je sais donc quand que je peux me permettre un petit extra. Je pense de toute manière que dans ce sens-là, la transition ne pouvait que bien se passer.
Souvent dans le groupe, tu n'as eu droit qu'à très peu de temps de jeu jusqu'à maintenant .Est-ce une situation à laquelle tu t'attendais en signant à l'OGC Nice?
Oui, car je suis conscient de toujours être en formation, mais comme on dit : apprenti deviendra professionnel. J'essaye donc de continuer à travailler, mais c'est vrai que par moments, j'aimerais que les choses s'accélèrent. Enfin, je suis déjà content de commencer à montrer ce que je sais faire parce que jusqu'à maintenant j'avais conscience de ne pas me lâcher dans mon jeu. J'espère que je vais continuer comme ça.
Cette position ne t'empêche pas d'être un des animateurs du vestiaire et de garder la bonne humeur...
C'est clair. Même si je ne joue pas beaucoup, il n'y a pas de raison que cela influe sur mon moral dans le vestiaire. Au contraire, je pense que c'est aussi très important de contribuer à garder cette ambiance qui nous caractérise. De toute manière, je me connais, j'ai toujours envie de plaisanter, je ne peux pas faire autrement. C'est ce qui fait ma force, (rires)
Lorsque l'on est très peu utilisé, comment parvient-on à gérer sa frustration et à rester compétitif pour répondre présent au moindre signe du coach?
C'est justement ça le plus dur, surtout quand on fait des prestations « minimes » comme moi au début. Ne pas réussir à exprimer pleinement ses qualités est difficile à vivre car si on a le sentiment de tout montrer, on n'a rien à se reprocher, mais là, ce n'était pas le cas. J'ai confiance en moi et je sais que les autres commencent à voir ce que je peux apporter. Psychologiquement, j'ai changé d'état d'esprit et je sais maintenant que si je rentre, ce sera pour tout casser!
Milieu défensif à Wasquehal, offensif ou attaquant avec l'équipe réserve niçoise et dans le couloir droit tors de ta rentrée à Rennes, à quel poste te sens-tu le plus à l'aise ?
Je ne sais pas trop. J'étais bien milieu défensif lorsque j'évoluais à Wasquehal, mate je pense que ma polyvalence dort être un atout. C'est ce que me répète le coach, il me dit que j'ai un gros potentiel physique, une bonne technique balle au pied et que cela doit me permettre de pouvoir jouer partout. Le plus important est d'être sur le terrain.
Le fait d'être encore jeune et sous contrat avec l'OGC Nice ne t'incite-t-il pas à envisager un prêt pour gagner en temps de jeu ?
Pour le moment, je ne peux pas dire
ça parce que j'estime que c'est bénéfique pour moi de vivre avec ce groupe et de
m'entraîner chaque jour avec des joueurs de cette qualité. Mais il est clair que
je dois maintenant gagner en temps de jeu. Je ne conçois pas encore cette
éventualité, j'essaye de mettre tous les atouts de mon côté. Je suis tenace et
je veux m'imposer !
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