Florent Balmont:
"Je ne suis pas à l'abri des critiques "
Extrait
Avec un peu de retard, nous allons te remettre le prix du meilleur joueur 2005. Pas grave puisque ce n'est pas une première...
Non, rien n'est jamais
grave. Une récompense fait toujours plaisir. Elle prouve une certaine
régularité. Au minimum, je ressors de la soirée et de la remise du prix avec ce
sentiment-là. Après, je vous rassure. Je ne compte pas m'arrêter après ça. Le
foot est un milieu tellement versatile que la saison dernière est déjà bien
loin. Il faut toujours confirmer le lendemain ce que l'on vous a souhaité la
veille. Je ne suis pas à l'abri
des critiques.
Est-ce que ces
récompenses représentent vraiment quelque chose pour toi ?
Oui, elles illustrent le
travail fourni. De plus, pour un milieu défensif, c'est toujours plus difficile
d'être en lumière. Nous avons un rôle ingrat qui n'est pas souvent récompensé.
C'est pour cette raison que le temps d'une soirée, je vais en profiter (rire)...
Petit retour à la
réalité... Comment expliques-tu le décalage entre des performances reconnues par
tout le monde et une notoriété bien en-dessous de celle-ci ?
On me le dit souvent.
C'est clair. Je ne suis pas un garçon qui aime trop se mettre en avant. Je pense
que ça doit un peu jouer dans une carrière, mais on ne refait pas son caractère
comme ça. Les timides, nous laissons toujours ceux qui aiment parler, le faire à
notre place (rire)... Je reste assez réservé dans la vie et je sais que me
mettre en avant ne conviendrait pas trop à mon personnage.
Penses-tu qu'en
France, il faut avoir « la carte » pour l'équipe de France...
Je n'en sais rien...
Apparemment, il y a des têtes. Mais je vous rassure, je suis loin de ces
considérations étant donné que je ne suis même pas dans la liste des 50
présélectionnés. Il y a encore du travail.
Nous n'avions pas entendu parler de cette liste...
Oui, elle existe car, en début de saison, un garçon comme Bamogo disait en faire partie et qu'il lui fallait du temps de jeu pour avoir un espoir. Moi, par contre, je suis quasiment certain de ne pas y être car j'aurais eu quelques échos. Dans cette histoire, l'essentiel est de ne rien attendre. Peut-être dans un an ou deux, quand une nouvelle génération aura sa chance...
À 25 ans, as-tu encore
une grosse marge de progression ?
Je pense que l'on a une marge de progression à tous les niveaux. Cette année, je
sens que j'apprends énormément. Je n'ai pas peur de dire que l'arrivée du
nouveau staff a été bénéfique pour moi. J'imagine les commentaires après ce que
je viens de dire, mais je le pense réellement. Je ne cherche même pas à être
bien vu par cette remarque...
Dans quel domaine, tu sens un changement ?
Justement, dans la
dernière passe. À force de me l'entendre dire...
Nous te coupons.
N'est-ce pas plus un manque de lucidité dans le dernier geste ?
Plus ça va, mieux je me sens et donc logiquement, j'ai davantage de fraîcheur dans le dernier geste. C'est un peu dans ce sens que je parlais du coach et du staff. Ils m'ont peut-être fait comprendre qu'il fallait absolument éviter d'avoir des trous dans un match. On me fait travailler cet aspect et je crois que je prends conscience qu'aujourd'hui que j'ai pas mal de travail à faire à ce niveau. Le plus dure, c'est souvent de s'en ^percevoir (rire)...
Ta carrière s'est-elle ralentie depuis le temps où José Broissard disait qu'« adolescent, tu étais un véritable phénomène » ?
Vous vous rappelez de ça
? Je pense que c'est une des remarques qui m'a le plus touché, surtout de la
part d'un grand Monsieur de la formation. Je revenais de blessure et je ne
m'attendais pas à cette déclaration dans la
presse à l'époque. Ça m'a touché, ça m'a dopé pour revenir plus fort.
La montée vers le groupe
pro a été plus longue que prévu... Malheureusement, il y avait aussi Malbranque
dans ta
génération...
Ce n'était pas le seul. Il y avait un garçon comme Olivier Bernard qui joue aujourd'hui aux Rangers. Nous avons d'ailleurs gagné la Gambardella 97.
Ce n'était pas contre Montpellier. Nice-Guingamp en Coupe de France, on s'en souvient, nous étions dans les gradins du Parc...
C'est ça... Peut-être un signe ?
En regardant ton parcours, pourquoi es-tu rentré si tard au centre de formation, quasiment l'année de la victoire en Gambardella ?
Alors là, je ne
remercierai jamais assez mon père. Pendant des années, l'OL est revenu à la
charge et à chaque fois, il a préféré que je reste avec mes potes. Il disait aux
recruteurs : « Ecoutez, si vous !e voulez aujourd'hui, vous le voudrez demain...
Attendez encore et laissez-le avoir une vie d'adolescent normale ! Il ne sert à
rien qu'il soit dégoûté du foot d'entrée. » Et moi, je rongeais mon frein en
attendant qu'il lâche et je repartais pour une saison avec mon club de Cascol,
près de Lyon. La suite lui a donné raison car, sans doute, au moment ils
venaient pour la dernière fois essayer de le convaincre à 16 ans, il a répondu
oui.
Tu sembles n'avoir
jamais douté... C'est Coupet qui t'a surnommé le pit-bull car tu n'arrêtais pas
de mettre des flèches à l'entraînement..
Oui, c'est ça. Je ne
lâchais jamais rien et même avec les anciens. C'est à la suite d'un tacle sur
Anderson qu'il m'a surnommé comme ça et depuis, ce surnom m'a suivi.
Même ta longue
blessure ne t'a pas calmé (NDLR : rupture des ligaments croisés)...
Non, là je ne peux pas dire que je n'ai pas douté. J'ai simplement vu que dans le foot tout va très vite. Vous voyez qui sont vos vrais amis. Vous êtes content d'avoir une famille qui vous soutient. Je venais de signer pro et il ne m'était jamais rien arrivé et d'un coup... Le vide. J'ai mis 6 mois pour revenir et quasiment autant pour être à 100%. Quand vous débutez dans le métier, c'est long.
Lyon, ça représente encore quelque chose à tes yeux...
L'OL, cela restera le club de ma formation et de mes potes du centre. Ensuite, ça s'arrête là ! Je ne suis pas un nostalgique. Je n'ai jamais de regret car je fais toutes les choses à fond.
Maintenant qu'on y pense, as-tu croisé la route du sélectionneur dans ta jeunesse ?
Non, non... Je ne l'ai jamais eu comme entraîneur. C'était Tigana...Comme quoi cela se joue à rien (rire) !
Lorsque tu vois les sélections de Jurietti et Camara, crois-tu encore à la Coupe du Monde ?
Non, je n'y pense pas. je préfère me concentrer sur mon club. c'est ma façon de raisonner.
Malgré cette échéance, tu as resigné au Gym, un club moins exposé médiatiquement...
Il le fallait. Je l'avais
décidé et j'avais donné ma parole. Je ne vous cache pas que deux ou trois clubs
m'ont contacté, mais je n'ai pas donné suite par rapport à ce qui s'était dit
avec les dirigeants. Après trois mois, je pense avoir bien fait car je m'éclate
sous ce maillot rouge et noir. Je pense aussi que les supporters n'ont pas
changé d'idée sur moi. J'essaie de prouver mon attachement à ce maillot et
surtout de le mouiller. On a vraiment une belle équipe et croyez-moi : nous ne
sommes pas à notre place dans ce championnat.
Cette saison,
pourquoi la sens-tu si bien depuis le début ?
C'est vrai que depuis le
premier jour, je la sens bien. Les résultats semblent me donner tort, mais c'est
vrai que rien n'est perdu. Nous montons en régime.
Est-ce que vous
croyez avoir mangé votre pain noir au niveau de la réussite ?
Oui, j'espère... Nous avons encore le temps de changer la face du championnat. L'équipe a incontestablement élevé son niveau de jeu et c'est pour cette raison que cela va finir par payer. Il reste à gommer des petits détails qui font la différence pour éviter des buts bêtes qui nous pénalisent dans les matches. On ne peut se reposer sur les erreurs d'arbitrage. Nous devons absolument aller de l'avant et continuer à jouer. Notre salut passe par le jeu. Il n'y a pas tellement d'écarts entre les équipes et avec la victoire à 3 points, tout peut se passer...
Dernier retour à l'actualité : le huis clos, tu le ressens comment ?
De façon surprenante.
D'une part, nous ne savons pas trop pourquoi nous jouons à huis clos car
personne n'a trop vu ce qui s'est passé à la fin du match face à Saint-Étienne
et de l'autre, quand vous voyez ce qui se passe au cours d'un OM-PSG, il se
confirme qu'il y a deux poids, deux mesures entre les clubs. Nous sommes
doublement pénalisés par rapport à nos adversaires. C'est déroutant, mais cela
ne doit pas nous empêcher de gagner à domicile.
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