Apam:
"On cherche toujours à aller de l'avant, progresser "
Extrait
Faire ses grands débuts en Ligue 1 contre l'OM puis Monaco, c'est quelque chose! Comment as-tu vécu ces deux rencontres ?
C'était bien (il coupe)... Je n'ai pas eu peur.
Pas même de Ribéry ?
Non.
Tu es à Nice depuis à peu près un an, on imagine que tu attendais ce moment avec impatience...
Forcément... Je l'attendais car c'est pour connaître le haut niveau européen que je suis venu ici. Je suis là pour jouer, apprendre le métier.
As-tu parfois trouvé le temps long avant d'avoir ta chance ?
J'ai dû attendre, mais ce n'est pas un problème. Ici, il y a beaucoup de bons joueurs, ce n'est pas facile de gagner sa place. Je l'ai vite compris, alors je redouble d'efforts et je reste patient.
Entre la dernière saison et l'actuelle, tu avais déjà foulé la pelouse du Ray en championnat avec la CFA. Contre Marseille, ça a dû te faire du changement...
Pas tant que ça. J'ai
connu des stades chauds au pays, et l'an dernier, avec la sélection nous avons
disputé un match dans un stade comble aux Pays-Bas. Ce n'était pas la première
fois que je me retrouvais dans un stade plein.
C'est quand même
autre chose non, ça te manquait ?
Oui... Jouer dans un
stade plein, c'est toujours très fort. Beaucoup plus fort. Quand le public
pousse, ça me donne beaucoup de confiance en moi.
Si la situation est
différente après les deux derniers matchs, le Gym a réalisé un début de saison
compliqué. Du coup ce n'était pas évident de rentrer dans l'équipe...
La situation était
difficile pour tout le monde, moi y compris même si je ne jouais pas. Depuis le
début, les remplaçants ont tout fait pour être prêts au cas où... On a tous
travaillé dur pour enchaîner ces deux derniers résultats. Et ceux qui n'étaient
pas sur le terrain ont aussi leur part de mérite. Et puis on n'était pas non
plus au fond du trou. Globalement, l'équipe ne jouait pas mal, mais ça ne
passait pas. Ça a l'air de changer...
Te concernant, tu es
entré en cours de jeu contre Marseille et l'on sentait ta titularisation imminente
contre Monaco. Comment as-tu vécu l'entre-deux matchs ?
Avec les nombreux absents, je me doutais que ça allait arriver. Je venais d'avoir un peu de temps de jeu contre Marseille et dans ces cas-là, on a toujours envie d'en avoir plus. Mais je n'ai rien changé, j'ai continué à bosser aux entraînements
Le coach t'a parlé avant ces deux matchs ?
Pas particulièrement...
Vous savez, le coach il lui arrive de crier (rires)... mais il m'encourage
toujours à travailler, à ne pas relâcher mes efforts. Il me dit de ne pas
lâcher, que je vais avoir ma chance... Voilà, c'est arrivé....
Jusqu'à présent, tu as majoritairement évolué en CFA, comment as-tu géré cela
mentalement ?
Je suis là pour jouer...
Être en réserve ne fait pas plaisir quand on a des ambitions, mais se laisser
aller n'avance à rien. C'est pour ça qu'il faut tout faire pour rester dans le
bon rythme et répondre présent quand c'est ton heure.
Avec ces premières
apparitions en L 1, penses-tu que ta place avec les « Super Eagles » du Nigéria
va être confortée ?
La sélection, c'est très important pour moi. Plus je joue avec Nice et plus j'ai de chances d'y être, c'est certain. C'est aussi dans ce sens que les deux derniers matchs sont encourageants.
La CAN 2008, c'est un objectif important pour toi ?
J'espère en être, évidemment. Jouer pour la sélection nationale, c'est mon rêve. Je n'en suis pas trop loin, mais il reste encore un an et demi avant d'y arriver, et beaucoup de choses à faire d'ici là pour avoir ma place.
D'autres internationaux nigérians évoluent en France comme Taiwo, Utaka, Afolabi, Odemwingie ou Oruma. Quels rapports as-tu avec eux ?
Taiwo, c'est mon pote ! On a joué ensemble en sélection lors de la Coupe du Monde juniors 2004. Malheureusement, il n'a pas joué contre Nice à cause du carton rouge pris contre Lyon.
Tu l'as chambré sur cette absence ?
Non, je ne lui en ai pas
parlé. De toute façon, il le méritait. Ce qu'il a fait contre Lyon, ça peut
arriver à n'importe qui, mais là c'est tombé sur lui... C'est pas bien ce qu'il
a fait, je sais qu'il regrette.
En dehors du football, la France correspond-elle à l'image que tu en avais avant
de venir ?
Je savais que ce serait assez dur, mais je fais avec. Je ne me plains pas. La vie ici est magnifique... Mais le Nigeria reste mon pays, celui où j'ai toute ma famille et mes amis. Ce n'est jamais facile de partir comme ça, mais je ne le fais pas pour rien. Ma carrière, c'est le plus important aujourd'hui. Le foot c'est ma vie et tout ce que je fais, je le fais parce que je dois le faire.
La famille, la religion, ce sont des repères qui t'aident à avancer ?
C'est la base de tout. Je
joue pour eux, pour l'équipe et pour moi. Et chaque fois que je suis sur le
terrain, je pense aux nombreux conseils que m'a donnés mon père. Il a joué au
football lui aussi, et tout ce qu'il a appris, il me l'a transmis.
Plus jeune, comment es-tu venu au football ?
Je jonglais avec un
ballon dans la rue, un gars m'a vu, m'a trouvé doué et m'a convaincu de
rejoindre son club, les « Calculators ». J'ai commencé avec les jeunes et j'ai
monté les échelons. Au départ, je jouais à la fois en club et avec mon école.
Puis quand le foot est devenu plus sérieux, j'ai arrêté l'école et je m'y suis
consacré.
Quand as-tu compris que tu pouvais faire du football ton métier ?
Après quelques mois chez
les « Calculators », on me faisait souvent des compliments, on me disait que
j'étais bon, que je pouvais faire de belles choses plus tard. J'ai commencé à y
croire...
Tu as d'ailleurs
commencé assez jeune en D1 nigériane avec les Enugu Rangers...
Je dois être l'un des
plus jeunes, voire le plus jeune joueur du pays à avoir jouer en première
division.
C'est ce qui t'a
motivé à tenter ta chance en Europe ?
On peut le dire comme
ça... On cherche toujours à aller de l'avant, progresser. Quand on m'a donné ma
chance, je l'ai prise.
Dans quels secteurs
penses-tu avoir fait le plus de progrès depuis ton arrivée ?
Je ne sais pas trop...
Tu ne veux pas
dévoiler tes forces ?
...
Donc, changeons de
sujet... Comment vis-tu la médiatisation qui est la tienne depuis deux semaines
?
Bien, ça va. J'avais déjà
vécu ça au Nigeria avec mes premières sélections... Pour l'instant, ce n'est pas
trop dur, on parle de moi en bien. Les gens me félicitent, m'encouragent. J'aime
bien ça. Voir les supporters heureux me rend heureux. Mais je sais très bien
qu'il y aura des moments difficiles encore et qu'il faut rester fort.
On imagine que ta
famille doit être très fière de te voir réussir lis ont vu les derniers matchs ?
Oui, ils ont réussi à
voir les matchs depuis la maison. Je les ai eus au téléphone, ils étaient très
heureux pour moi. Mais mon père m'a quand même prévenu du danger. Il m'a dit
d'oublier ces matchs et de ne penser qu'aux prochains.
Par contre s'ils
peuvent constater tes progrès sur le terrain, il n'en est pas de même pour le
français...
(il réfléchit longuement)
En fait, j'ai beaucoup de problèmes avec le « e» et le « r», c'est imprononçable
! Et puis le prof est trop dur avec moi (rires) (ndlr : ce dernier participe à
l'interview, aidant Apam dans la traduction).
Pour avoir les médias
français dans la poche, il va quand même falloir t'y mettre un peu plus !
S'il faut le faire, je le
ferai. Mais est-ce si nécessaire de parler ? Je ne pense pas.
Mieux vaut agir selon
toi ?
Voilà... Et ne parler que s'il le faut vraiment.
La question qui tue...
En France, un seul défenseur nigérian a vraiment marqué les esprits, il s agit de Taribo West. Pour le remplacer dans les coeurs, il va falloir être bon sur le terrain, mais aussi avoir une coupe de cheveux e plus fun. Es-tu prêt à passer chez le coiffeur ?
Je ne cherche à remplacer
personne... Je joue pour aller le plus haut possible et je bosse dur pour y
arriver. Quand à mon style et mes cheveux, ils me conviennent très bien (rire).
cette semaine
La semaine de Veigneau (2ème partie)
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