Frédéric Antonetti :

"Je ne suis pas parano"

L'Equipe

 

 


Frédéric Antonetti revient sur la bonne passe de Nice qui fait suite à un dernier mois très mouvementé en coulisses. Au lendemain de la quatrième victoire d'affilée de Nice en L 1, face à Lille (2-1), seuls quelques fidèles assistent au décrassage. Soudain, une fenêtre s'ouvre à l'étage du siège du club. Roger Ricort, le directeur sportif, apparaît et salue la maigre assistance, méritant ainsi son surnom de « Benoît XVI ». L'OGC Nice, c'est un peu comme le Vatican : c'est tout petit, mais il y a beaucoup de luttes d'influence et de messes basses. Presque excommunié il y a un mois (*), Frédéric Antonetti veille toujours sur ses ouailles. Une semaine après avoir fait disjoncter Antoine Kombouaré à force d'invectiver l'arbitre lors de VA-Nice (0-1), l'entraîneur niçois a retrouvé un certain calme. Apparent.

Nice vient de prendre 13 points sur 15, mais, au vu des résultats du week-end, le maintien s'annonce toujours compliqué. C'est décourageant ?

Avec le très lourd handicap qu'on s'est créé en début de saison (un point après six journées), je savais qu'on allait souffrir jusqu'au bout. C'est un travail de très longue haleine, je lai dit et répété. Peu d'équipes seraient capables de surmonter un tel départ. Peut être se sauvera-t-on à la dernière minute au soir de la 38e journée. Je suis préparé.

Quelles sont les raisons de votre embellie depuis cinq journées ?

Il y en a plusieurs. Les arrivées de Laslandes et de Letizi au mercato, le passage en 4-4-2, une prise de conscience des joueurs après les événements d'il y a un mois, mais aussi la réussite actuelle de nos attaquants, Ederson, Laslandes, Koné. Laslandes a fait énormément de bien à nos attaquants, dont il est très complémentaire. Et c'est un leader de vestiaire, comme Letizi. Lionel est toujours d'humeur égale pas comme moi, et je le regrette ! , il est écouté, parle juste. Et puis, défensivement, on a toujours été dans le coup. On a la quatrième défense de L1. Ça na pas dû arriver à une équipe aussi longtemps relégable. Et j'observe qu'on devrait avoir un goal-average positif, puisqu'on nous a refusé quatre buts valables. Trois lors des trois dernières journées et un but de Varrault lors de Nice-Valenciennes (2-0, 7e journée.).

« On a compilé les penalties non sifflés »

Vous ne cultivez pas une certaine paranoïa vis-à-vis du corps arbitral ?

Je ne suis pas parano ! Ce que pensent les autres, je m'en fous comme de l'an quarante. J'ai déjà payé pour mes paroles (suspension de dix matches à Bastia, en 2000-2001, pour avoir bousculé un arbitre assistant, puis d'un match cette saison). Mais je parle uniquement de faits. Force est de constater que l'OGC Nice est l'équipe la plus déficitaire de L 1 en termes d'arbitrage. On a compilé une vidéo des penalties non sifflés, des hors-jeu inexistants qu'on a montrée au Conseil de l'éthique. Rien ne nous aura été épargné. J'attends ainsi toujours que l'on gagne un match sur une erreur d'arbitrage en notre faveur. Si ça arrive un jour, je saurai le reconnaître.

Pourquoi Nice na pas su confirmer sa dernière saison (huitième du Championnat et finaliste de la Coupe de la Ligue, battu par Nancy, 1-2) ?

On a commis des erreurs et connu des turbulences : une équipe trop rajeunie, une concurrence mal vécue les trois premiers mois, le projet du stade avorté qui a cassé notre dynamique. On n'a pas su voir venir les problèmes, on s'est relâchés, en se disant que ça allait continuer comme la saison passée. Avec le futur stade, on aurait eu le potentiel pour être dans le top 8 français.

On annonçait que votre sort était réglé avant le déplacement à Lyon (1-1). Vous savourez ce qui se passe depuis ?

Lors de ma causerie avant de jouer lOL, j'avais dit aux joueurs :Quoi qu'il arrive, quel que soit votre entraîneur, vous avez les moyens de vous en sortir. Je n'ai pas changé davis. On a quand même une équipe qui tient la route, et on devrait avoir dix points de plus. Mon remplacement était acquis, pas simplement évoqué. Ici, j'ai tout vécu ! Mais je peux très bien comprendre, même si je trouvais ça injuste, qu'on veuille changer l'entraîneur d'une équipe classée dix-neuvième. Quand il n'y a pas de résultats, c'est compliqué partout, à Nice ou ailleurs. Même si, à Nice, c'est très compliqué ! Les turbulences, il faut savoir les traverser. Même si c'est usant, et qu'on y laisse de l'énergie.

Vous ne songez pas parfois à dire stop ?

Je ne suis pas Paul Le Guen, je n'ai pas les moyens de prendre un an off volontairement, en étant sûr de revenir ensuite dans le circuit. Mais tous les trois ans, prendre du recul, ça doit faire du bien. 


* Le 24 janvier, au soir de Nice-Toulouse (0-1), Maurice Cohen, le président de l’OGC Nice, annonce son départ, réclamé par deux autres actionnaires du club, Franck Giudicelli et Marcel Governatori. Frédéric Antonetti est sur le point d’être remplacé par José Cobos, l’un de ses adjoints. Brutal revirement en début de semaine suivante, après le nul réussi à Lyon (1-1). Cohen reste, en tant que coprésident au côté de Giudicelli. Depuis, les deux hommes cohabitent plus qu’ils ne collaborent. Effrayé par les indemnités dues à Antonetti et à son staff en cas de départ (plus de 3 M), le conseil d’administration confirme finalement le futur ex-entraîneur à son poste. Antonetti, par ailleurs en grand froid avec Gérard Buscher, coach de la CFA, ne souhaite plus travailler avec Cobos, son ex-futur remplaçant, depuis recasé à la cellule recrutement."