Frédéric Antonetti:
"Je suis bien ici"
Extrait
Alors ce fameux carnet, pouvons-nous enfin le voir ?
(NDLR : le coach tient un carnet où il met ses appréciations et où il place ses pronostics de fin de saison) Je l'ai oublié... En fait, c'est davantage des groupes de niveau, mais promis j'y pense pour la prochaine fois !
Et cette année, qui voyez-vous en tête ?
Il faut attendre 10 journées pour se faire réellement une idée. La seule certitude est que l'OI sera encore dur à battre. Ils ont tellement d'avance à tous les niveaux, qu'ils risquent encore d'écraser la concurrence...
Qu'avez-vous fait pendant les vacances...
J'ai coupé, même si j'ai
suivi la coupe du Monde à la télé. Je n'ai pas fait grand-chose mis à part un
petit séjour à Paris. Mes enfants passent les examens donc ce n'est jamais
évident de partir au mois de juin. J'en ai profité pour bricoler à la maison...
Comment est perçue
l'aventure d'un Corse à Nice sur l'Île de Beauté ?
Bien. Je ne ressens pas de pression particulière à ce sujet. Je sais que beaucoup nous suivent sur Canal Sat. De toute façon, la descente des deux équipes minimise forcément la rivalité.
... Et comment avez-vous commenté les matches ?
Du studio à Canal+ (rire)
!
Vous n'êtes pas
mauvais, comme commentateur, même si Wenger garde une courte tête d'avance...
.... (il rigole).
Pourquoi vous me dites ça ?(il sourit encore) Je n'ai pas la prétention d'être
meilleur que Wenger. Pour moi, je le classe dans le top 5. C'est que je
l'apprécie...
Par contre, nous
pouvons confirmer que vous avez toujours soutenu les Bleus, ce n'est pas le cas
de tous vos confrères...
(il reprend un air sérieux) Vous savez, il y a deux choses dans le foot : les matches amicaux et la compétition. L'erreur est de se baser sur l'un pour analyser ce qui va se passer dans l'autre. Vous avez déjà vu un grand joueur bien jouer sur une rencontre amicale qui précède la plus grande des échéances pour un footballeur ? Moi, non. Le seul danger pouvait venir des poules. Il est toujours possible de se faire surprendre puisque vous n'anticipez pas physiquement de la même façon que des équipes comme la Corée ou le Togo. Regardez au cas par cas. La France a une défense exceptionnelle. Tactiquement, les joueurs sont rodés et l'équipe dispose d'un joueur d'une dimension mondiale. Il n'était pas si difficile de sentir que ça pouvait prendre. Après, le haut niveau, c'est une somme de détails. La France pouvait aussi perdre aux pénos face au Brésil ou au Portugal. Aujourd'hui, c'est facile de le dire, mais c'est vrai que je croyais en cette équipe dès le départ.
Est-ce la solidarité entre coachs qui a joué à propos de Domenech ?
Non, car je ne suis pas
d'accord avec tous les choix du sélectionneur. J'étais surtout certain qu'il
disposait
d'un groupe de qualité. Expérimenté et sûr de sa force. Si l'arbitre accorde le
penalty contre la Suisse et valide le but de Vieira face à la Corée, la France
sort de la poule avec trois victoires. Le contenu n'était donc pas si mauvais...
Ce n'est pas le
contenu, davantage l'absence de ligne directrice de la part de Domenech qui
laissait perplexe...
Je pense qu'il voulait 10 titulaires sur le terrain et que personne ne vienne remettre en cause ses choix sur le banc. Le parcours des Bleus lui donne raison.
En revenant au Gym, vous reste-t-il un regret sur la saison dernière, hormis la défaite en finale ?
La défaite en finale.
Dans l'ensemble, notre parcours en championnat a été correct. Sur la première
partie, nous avons été performants dans le jeu mais nous n'avons pas eu de
résultats. La suite a été meilleure. Nous avons surtout réussi à montrer un
visage intéressant dans le jeu ; c'est ce qui m'importe le plus audelà de la
victoire et de la défaite. C'est à partir de là que l'on peut construire.
La vraie victoire ne vient elle pas de la relation « authentique » que vous avez
réussi à construire avec les Niçois ?
Oui, sûrement mais ce
n'est pas à moi de le dire. Je suis quelqu'un de réservé et je crois que vous
avez pu vous apercevoir que je n'étais pas spécialement communicatif avec
l'extérieur. Pour répondre à votre question, je dirais simplement que je
m'entends bien avec tout le monde et ma famille aussi. Il est donc naturel que
nous continuions à construire ensemble. Il y a une chose que j'ai promise aux
dirigeants et aux actionnaires, c'est de beaucoup travailler et ça, personne ne
pourra nous l'enlever. C'est ma seule garantie. Il y a tellement
d'aléas, de gestions humaines délicates ou de décisions importantes à prendre
que le travail permet d'éviter les mauvaises surprises. Je sais qu'en
travaillant, c'est dur. Alors sans effort, c'est quasiment mission impossible...
Question piège : quelle image avez-vous ?
Difficile à dire... C'est embarrassant comme question (il sourit)...
Qu'est-ce qui vous manque aujourd'hui pour que l'aventure à Nice devienne une véritable histoire d'amour ?
Confirmer. (catégorique).
Ajoutons aussi des matches à émotions fortes comme à Monaco ou face à Bordeaux.
Les gens doivent prendre du plaisir à venir nous voir et parler du Gym. C'est
notre récompense au quotidien.
Rassurez-nous, c'est fini les « Magics Fans »...
Je ne renie pas mon
passé. J'ai simplement un bon souvenir de Saint-Étienne. J'y ai donné le
meilleur de moi-même comme à Bastia et comme je le fais à Nice aujourd'hui, même
si je sais que les deux groupes de
supporters n'ont pas spécialement d'affinités (rire). J'ai une devise, pouvoir
toujours retourner où je suis passé. Je ne suis pas un séducteur. Je plais par
mon travail. Sans lobbying. Sans paillette avec tout ce que
cela comporte comme difficulté.
Est-ce l'envie de bâtir quelque chose ici qui a évité une surenchère à votre
sujet sur le marché des transferts ?
J'ai reçu une offre
quatre fois supérieure au salaire que j'ai au Gym. On me l'a proposée et mise
devant les yeux. Du concret avec une réponse à donner. Je n'en ai pas parlé. De
toute façon, je ne me voyais pas aller voir mon
président et les actionnaires qui m'ont toujours soutenu, et leur dire que je
m'en allais. Ce n'est pas moi. Je vais vous poser une question : comment avoir
ensuite une crédibilité avec les joueurs si je m'échappe à chaque fois que l'on
me met un gros chèque devant les yeux ? Le foot, c'est aussi une histoire
d'hommes. J'ai répondu simplement : « Je suis bien à Nice ». Je veux marcher la
tête haute tous les jours. Au-delà du résultat, l'argent ne m'a jamais fait
courir. Rassurez-vous, je ne suis pas malheureux, non plus. Il y a aussi un
projet et une rencontre avec des hommes en qui je crois. De plus, le Gym a un
potentiel important.
L'OM, c'était sérieux ?
Il y a eu des contacts avec l'OM, mais pas directs. C'est un autre club. Vous voyez qu'il n'y a pas tout qui sort dans la presse (il nous chambre) ! Après, je n'ai pas cherché à me vendre. Je réponds seulement parce que vous me posez la question. Je n'ai rien à cacher...
Comment avez-vous géré ce mercato ?
Bien, mais il n'est pas fini.
Y-a-t-il un coup raté de justesse ?
Non.
Pour un président,
vous êtes du pain bénit : que ce soit la saison dernière ou cette année, vous
n'avez jamais fait de caprice particulier pour rapatrier un de vos anciens
joueurs. On pense à Marin, l'an dernier et à des garçons comme Vignal, Lachuer,
Hellebuyik ou encore Mendy dans un rôle de complément, il y a peu. Est-ce si
étonnant ?
Ça peut se présenter, mais ce n'est pas un critère primordial. Regardez, pour Cyril, c'est le cas... Je regarde surtout les besoins de l'équipe. Je n'ai jamais d'a priori dans les choix.
Votre plus beau coup l'an dernier n'est pas d'avoir relancé un garçon comme Abardonado ?
Peut-être... Il était en
disgrâce quand je suis arrivé. Pancho n'était pas bien physiquement. Son retour
dans le onze de départ a surtout prouvé que je n'avais rien contre lui. Il
mérite tout ce qui lui arrive. Aujourd'hui,
c'est un cadre de l'équipe. Par rapport à notre manière de fonctionner, il est
certain que c'est un exemple à suivre.
Votre discours a-t-il
contribué au maintien de Balmont, Rool et Abardonado dans l'effectif ?
Il faut le leur demander ? Il n'y a pas que le mien, il y a celui de Roger, du président, des actionnaires...Il y a surtout un club qui a un vrai projet. Bien entendu que l'affectif joue, mais c'est davantage l'intérêt sportif et financier qui pousse un joueur à rester. De ce côté-là, Nice a grandi.
L'option préparation musclée, est-ce risqué ?
Je n'aime pas que l'on
parle de préparation musclée, car elle est difficile de partout.
On vous pose souvent
la question : à quelle période l'équipe aura-t-elle atteint sa plénitude
physique ?
Tout de suite. C'est
surtout un histoire de confiance. Lorsqu'une équipe est bien dans sa tête, 50%
du chemin vers la réussite est déjà parcouru. L'an dernier, il a fallu 6 mois ;
j'espère cette année que nous serons en
avance (rire)...
Cette façon d'aborder les choses démontre aussi une certaine sérénité et une grosse confiance au niveau des capacités de l'équipe...
Il n'en faut pas trop non plus. C'est le juste dosage. Il est important de garder une grande sérénité, mais la remise en question permet aussi de savoir faire les efforts quand il le faut.
Qu'est-ce qui lui manque ?
Au niveau de l'effectif,
nous sommes quasiment complets.
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