Frédéric Antonetti:
« Nice veut grandir »
Extrait Le progrès
Après un début de saison difficile, les résultats de l'OGC Nice se sont singulièrement améliorés depuis quelques semaines.
« Nous avons traversé une période durant laquelle nous n'étions pas en réussite. Nous avons perdu des matches que nous aurions pu gagner si la réussite ne nous avait pas fuis. Depuis le match contre Lyon, il y a du mieux. Nous sommes plus matures, moins nerveux. Il n'y aurait pas à crier au scandale si nous comptions quelques points supplémentaires. »
Vous arriviez dans le club, n'avez-vous pas été habité par le doute ?
« J'ai la chance de
travailler dans un club qui a un projet sur trois ans. Nous avions des résultats
moyens, mais il n'y a jamais eu le moindre problème. Nous nous sommes sentis
soutenus. Les résultats n'étaient pas excellents mais le contenu était bon. Il
convenait de se montrer plus réalistes ce que nous parvenons à faire depuis
quelques temps. »
Vous avez connu des
difficultés à domicile.
« Oui, mais là encore l'explication est la même. Nous ne convertissions pas nos occasions. Nous avons souvent été victimes d'un contre fatal parce que nous avons mal géré certaines situations. Contre Saint-Étienne, à l'aller, Jérémie Janot avait été extraordinaire. »
D'autres équipes, comme l'ASSE, rencontrent des problèmes pour s'imposer à domicile.
« Tout le monde fait des résultats, à domicile comme à l'extérieur. C'est le football d'aujourd'hui. Par le passé, l'objectif premier était de gagner à la maison. A présent, tout le monde joue pour prendre des points à tous les matches. Les résultats sont très serrés. Il est rare qu'il y ait des gros scores. »
Vous avez quitté la Ligue 1 il y a quatre ans. Avez-vous noté un changement ?
« Non si ce n'est que la donne a changé. Il y a désormais une énorme différence sur le plan financier entre certaines équipes. Nice est le quatorzième budget. Ce n'est pas cette place qui me gêne mais l'écart. Douze équipes ont un budget deux fois supérieur au nôtre. La marge de manoeuvre est différente. Il y a quatre ans, cela n'existait pas. Nous comptons combler ce handicap dans le futur, notamment lorsque nous aurons notre nouveau stade de 34 000 places. Nice pourra alors dire qu'il fait partie des bons clubs français parce qu'il possédera un outil de travail digne d'une équipe ambitieuse. »
Quels sont les objectifs de Nice cette saison ?
« La saison dernière, Nice s'est fait peur en assurant le maintien lors de l'avant-dernière journée. Nous voulons éviter de revivre une telle situation tout en mettant en place un effectif de base qui nous permettra de franchir une étape tous les ans, avec nos moyens. »
Comte tenu du classement, avec trois équipes décrochées, le maintien est en bonne voie.
« Nous avons effectivement une marge de manoeuvre. L'an dernier, on a vu des équipes revenir très fort lors des toutes dernières journées. Il faut rester prudent, vigilant. Nous voulons progresser, réussir une meilleure deuxième partie de championnat. Au terme de la phase aller, nous comptions 22 points, nous aimerions en engranger au moins 26 voire plus lors de la seconde. Voilà l'objectif d'une équipe qui veut progresser, grandir ».
Nice se déplace prochainement à Monaco pour le compte des demi-finales de la coupe de la Ligue. Cela constitue un bel objectif.
« Il s'agit d'un match de gala. C'est le derby de la Côte entre deux clubs complètement opposés, aux moyens bien différents. Chacun aura sa chance même si nous aurions préféré jouer à domicile. »
A l'aller, l'ASSE avait gagné 1-0. Serez-vous animé d'un esprit de revanche ?
« Non. La défaite fait
partie du jeu. Je l'avais regretté, on m'avait traité de mauvais perdant. Disons
que je suis plutôt un «gagneur». Ce jour-là, nous méritions au moins le nul.
Jérémie Janot avait été très bon, nous n'avions pas eu de réussite. C'est le
football. Et puis, je ne fais pas un match contre Saint-Étienne. On ne boxe pas
dans la même catégorie. Notre budget est de 25 millions d'euros, celui de l'ASSE
le double. D'ailleurs, je n'ai jamais prétendu que Nice terminerait devant
l'ASSE. Je suis trop prudent pour avancer de tels propos. J'ai tout simplement
dit, au cours d'une discussion, que l'on verrait qui serait devant. Je suis
parti de Saint-Étienne il y a bientôt deux ans. La vie continue. Que je
n'apprécie pas ceux qui dirigent actuellement l'AS Saint-Étienne est un secret
de Polichinelle. Je fais la différence entre le club et ceux qui ont des
responsabilités administratives ou techniques. Je n'oublie pas les personnes qui
m'ont fait du mal, je ne suis pas hypocrite. Je n'oublie pas non plus les
autres, les Stéphanois que j'apprécie énormément, ce public extraordinaire. Je
fais la part des choses. »
A l'aller, vous aviez
fustigé l'agressivité de certains joueurs stéphanois.
« Oui et je le maintiens. Il y a eu deux gestes répréhensibles qui auraient dû être sanctionnés d'un carton rouge. Tout le monde a pu le constater à travers la télé. Je n'ai jamais dit que Saint-Étienne était une équipe agressive mais que ce jour-là j'ai vu deux gestes que l'on ne doit pas voir sur un terrain. Si Kone ne retire pas sa jambe, il ne rejoue plus au football. On a parlé de mes propos parce qu'il s'agit de Saint-Étienne. Si cela s'était produit contre Lille, j'aurais déclaré la même chose, mais on en aurait moins parlé. Voilà, c'est tout. Qu'on perde ou qu'on gagne un match, la vie continue. Il en sera ainsi samedi soir, pour les uns comme pour les autres. »
Comment analysez-vous le parcours de l'ASSE ?
« Elle est très solide. Elle fait partie des douze équipes qui ont un gros
budget. Elle a beaucoup recruté ces dix-huit derniers mois, 17 ou 18 joueurs je
crois. Cela signifie qu'elle a des moyens. Elle peut terminer dans les huit
premiers, jouer l'Europe même. Elle en a les moyens sportifs et financiers. »
Comment jugez-vous son jeu ?
« Il est difficile de marquer un but à cette équipe qui fait preuve d'abnégation, de détermination. Elle possède quelques bons joueurs qui lui permettent d'inquiéter pas mal d'adversaires. »
Vous affrontez une équipe amoindrie par les départs à la CAN.
« Oui mais elle a engagé
trois joueurs durant le mercato. C'est le club qui a le plus recruté. Nous aussi
nous avons deux joueurs à la CAN, deux attaquants, Camara et Kone. Nous avons
compensé par l'arrivée de Bellion. Nous avions anticipé. Nous nous étions
positionnés sur deux joueurs, nous en avons fait signer un. Pour l'instant, nous
ne souffrons pas trop. Mais, vous savez, il faut rester vigilant. Tout va très
vite en football. »
Vous allez retrouver
Geoffroy-Guichard. Ce sera un moment particulier ?
« Je garde de très bons souvenirs de ce stade, de son public. Lorsqu'on pense Saint-Étienne, on pense public. Cela n'a pas toujours été facile à l'image de mon premier match contre Le Havre. J'étais là depuis 48 heures, nous le perdons, nous sommes 17e, le public gronde. Je me souviens aussi du dernier, contre Châteauroux, de l'ambiance extraordinaire, de la fête en ville. Cela marque une vie. Je suis content de retourner à Geoffroy-Guichard même s'il y aura un peu de nostalgie, même si ce ne sera pas aussi facile que cela. Mais, bon, cela reste un match de football. »
Vous n'appréciez pas de jouer contre vos anciennes équipes.
« C'est vrai, je n'aime pas jouer contre les équipes que j'aime bien même si à Saint-Étienne je n'aime pas tout le monde et réciproquement (rires). Il y a deux endroits où je me passerais bien de retourner, Bastia et Saint-Étienne. Je n'ai jamais affronté Bastia, je joue demain à Saint-Étienne. On verra. »
Cela vous permettra de revoir des joueurs avec lesquels vous avez vécu des moments forts ?
« Oui car dans l'ensemble
cela s'est bien passé. Il y aura également la rencontre avec le public, avec des
personnes avec lesquelles j'ai gardé des contacts. Durant les trois ans passés à
Saint-Étienne, il y a tout de même eu plus de choses positives que négatives. »