Frédéric Antonetti: « Je subis les événements »

 

Extrait Sud Ouest

 

 

En poste depuis la fin juin, l'ancien entraîneur de Bastia, de l'équipe japonaise Gamba d'Osaka et des Verts a retrouvé, en début de saison, le banc de touche qu'il avait quitté un an plus tôt à Saint-Etienne. Son départ du Forez avait été très mal vécu par les supporteurs comme par l'intéressé, qui venait de faire remonter le club dans l'élite. Il a rencontré à Nice un public aussi chaud, puni d'un huis clos lors du dernier match à domicile (Nice-Auxerre, 22 octobre) suite aux incidents survenus au terme de Nice - Saint-Etienne le 10 septembre.

« Sud Ouest ». Après une passe difficile, vous venez d'aligner deux nuls à l'extérieur (Lens, Nancy), une victoire à domicile (Auxerre) et une qualification en Coupe de la Ligue (Châteauroux). Comment l'analysez-vous ?

Frédéric Antonetti. Au niveau résultat, il y a effectivement du mieux, mais le contenu de nos matches est un peu plus pauvre. C'est le paradoxe du football et le métier d'un entraîneur de n'être jamais content... Disons qu'on s'est créé beaucoup d'occasions sur nos derniers matches et qu'on ne les a pas concrétisées. On en a encore eu trois très nettes à Nancy. Au final, on produit un peu moins de jeu maintenant.

Comment expliquer la faiblesse de votre bilan à domicile (deux victoires, deux nuls, trois défaites) ?

Les résultats secs le démontrent, on a un rendement insuffisant à la maison. Contre nous, Marseille a zéro occasion et marque sur coup franc (NDLR : 10e journée, 1er octobre, 0-1). Saint-Etienne, c'est un peu pareil (6e journée, 10 septembre, 0-1). Contre Sochaux, Balmont est injustement expulsé, il est ensuite blanchi par la commission de discipline, mais c'est Sochaux qui repart avec les trois points (3e journée, 12 août, 1-2). Et sur tous ces matches, on connaît des problèmes de finition. En général, le meilleur joueur adverse, c'est le gardien. Quand vous vous créez huit à douze occasions nettes et que vous n'en mettez pas une au fond...

Nice s'est souvent plaint de l'arbitrage depuis le début de la saison. Qu'en est-il ?

On prétend que les erreurs d'arbitrage s'équilibrent sur une saison. Je dis, moi, que ça s'équilibre plus pour certains que pour d'autres. Les trois points que nous méritions de décrocher contre Sochaux nous manquent vraiment aujourd'hui. Dans un championnat aussi serré, où huit équipes se tiennent en trois points (NDLR : du 6e, Lille, au 13e, Nice), la moindre erreur de jugement prend des proportions énormes. Des matches, j'en vois beaucoup : six par semaine. Je peux vous garantir que Nice est le seul club auquel l'arbitre assistant a invalidé deux penalties sifflés par l'arbitre central (NDLR : Sochaux et Saint-Etienne). J'aimerais qu'on me démontre que le boulot est aussi scrupuleusement fait sur tous les terrains de L 1. En revanche, contre Saint-Etienne, l'arbitre assistant ne signale pas une main flagrante dans la surface stéphanoise. Il ne voit pas non plus un penalty indiscutable à Lens (NDLR : tacle irrégulier de Hilton sur Bagayoko). Ca fait beaucoup.

Vous avez reçu Auxerre à huis clos il y a deux semaines. Comment l'avez-vous vécu ?

Je subis les événements. Ce huis clos, c'était une atmosphère très lourde et des sensations bizarres. Je pars du principe que l'on joue au football pour donner du plaisir aux gens. Ce n'est pas parce que quelques-uns mettent la pagaille qu'il faut pénaliser tous les autres. Je trouve la sanction du huis clos absurde. Je ne prétends pas détenir la solution miracle, je ne sais pas ce qu'il faudrait imaginer à la place, mais le huis clos, non.

Comment situez-vous le potentiel de votre équipe ?

Je pense que huit ou neuf équipes de ce championnat nous sont vraiment supérieures. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne va pas terminer devant certaines d'entre elles...

Que pensez-vous du début de saison bordelais ?

Comme je ne travaillais pas l'an dernier, j'ai suivi le parcours de Bordeaux avec un peu d'attention. C'était à mon avis l'équipe qui proposait le meilleur football, mais elle ne parvenait pas à concrétiser ses intentions. Je ne sais pas ce qui a cloché, je ne connais pas le contexte, mais je me souviens de bons matches contre Auxerre ou Lyon. Bordeaux a fait beaucoup de nuls (NDLR : vingt) que le club aurait pu bonifier en victoires. Si vous y parvenez, ne serait-ce que sur cinq rencontres, vous glanez dix points de plus sur votre total et vous ne vivez plus du tout la même saison. Alors, je ne suis pas surpris de voir les Girondins là où ils sont aujourd'hui. A leur place.