Frédéric Antonetti:

"Nice est ambitieux, moi aussi"

 

Extrait France Football

 

 

Interview réalisé pour FF du 27 mai

Son nom circulait depuis plusieurs semaines en ville, Frédéric Antonetti s'est engagé, mercredi, pour trois ans à l'OGCN. Accompagné de son adjoint de toujours, Jean-Marie De Zerbi, et de son préparateur physique, Nicolas Dyon, le technicien corse s'est déjà mis au boulot. Sans empiéter, question de respect, sur celui de Gérard Buscher, qui bouclera demain, à Lyon, son intérim gagnant à la tête des Aiglons (un nul et deux victoires), puis rejoindra le centre de formation avec un bail prolongé de deux saisons. Contraint à une année sabbatique après le non-renouvellement, il y a un an, de son contrat avec une ASSE pourtant ramenée dans l'élite, Antonetti, ressourcé, ne cache pas sa motivation. Il aura pour mission de préserver les Aiglons d'une saison aussi difficile que celle qui s'achève. Il devra aussi piloter la structuration sportive d'un club invité à tutoyer l'Europe d'ici à 2007, date de la livraison du futur grand stade de 32 000 places. Si le successeur de Gernot Rohr se refuse à préciser, pour l'heure, les axes de son recrutement, Nice bénéficiera d'un budget global de 24 millions d'euros, contre 20 cette année.

« Frédéric Antonetti, vous étiez très sollicité. Qu'est-ce qui vous a séduit à Nice ?

Sans être prétentieux, j'avais le choix, c'est vrai. Cela m'a mis du baume au coeur. Il n'y a que vingt entraîneurs de L1. Entre l'élite et la L2, j'ai eu huit offres concrètes, mais pas de Lens et Marseille, comme j'ai pu le lire ou l'entendre. Je voulais retrouver la L1, dont j'avais été injustement privé. La démarche de Nice m'a plu. Le courant est passé immédiatement avec les actionnaires, avec Roger Ricort, le directeur sportif. J'adhère au projet global, aux objectifs et aux étapes fixées pour l'atteindre. L'OGCN est un club historique et possède une forte identité. J'ai visité les installations mardi. J'ai senti le poids du passé, des générations.

Quel est, justement, votre objectif ?

D'abord, je vais faire un état des lieux. Nice s'est sauvé à l'avant-dernière journée. Mon but est de bâtir une équipe compétitive pour éviter que cela ne se reproduise. Il n~ a pas de futur sans présent. Un nouveau staff s'installe et il travaillera aussi sur l'amélioration des structures, avec la mise en place d'une cellule de recrutement, d'une vidéothèque. Un stade de 32 000 places est sur le point de voir le jour. Ce n'est pas pour accueillir une équipe jouant l'ascenseur. Ce qui a été réussi par Bastia entre octobre 1994 et 2001 doit quand même être réalisable dans la cinquième ville de France. Nice est ambitieux, cela me convient.

Allez-vous profondément remanier l'équipe niçoise ?

Cela dépendra des moyens disponibles et du marché. Nice est sain au plan financier. Les dirigeants ne m'ont pas promis monts et merveilles. Mais leur discours de vérité me convient. Des joueurs me plaisent dans l'effectif actuel. Mon idée est d'enrichir le groupe et de faire en sorte de ne pas avoir à engager dix joueurs par saison. Je suis pour la stabilité et la continuité et je ne promets que de la sueur et du travail. Je suis surtout content d'être au début de l'histoire. A l'exception de mon expérience au Japon, à Gamba Osaka, j'ai surtout été appelé en cours de saison. Que ce soit à Bastia, que j'avais repris en octobre 1994, ou avec l'ASSE, rejointe en octobre 2001, au bord de la relégation en National et laissée en L1.

Vous avez la réputation d'avoir une excellente connaissance du milieu. Va-t-elle vous aider à recruter malin ?

Rolland Courbis dit qu'aujourd'hui il y a un foot médiatique et un autre, du terrain, où le bouche à oreille est important. Au risque de paraître prétentieux, je ne crains personne dans ce domaine. Tout s'est toujours très bien passé avec les footballeurs placés sous ma direction. On aime ou on n'aime pas Antonetti, l'entraîneur. Mais être reconnu comme un homme droit me comble.

Dans quel état d'esprit revenez-vous sur le banc des entraîneurs ? Avec un esprit de revanche ?

Revanche ? Sur qui ? Sur quoi ? Je n'ai pas été viré de Saint-Etienne. J'étais en fin de contrat. Je suis fier de mon bilan chez les Verts. D'ailleurs, j'ai reçu plein de messages d'encouragement de supporters foréziens pour ma nomination à Nice, et la presse stéphanoise m'a convié à un déjeuner avant mon départ pour la Côte d'Azur. J'ai surtout une grosse envie de retrouver le terrain. Le métier d'entraîneur est un véritable sacerdoce. On y entre comme dans les ordres ou dans l'Education nationale. Il y a des compensations. Quand on pense que les entraîneurs et les présidents sont plus connus que des ministres... Mais, sans la vocation, il est impossible de durer. Et, moi, je l'ai chevillée au corps.

Justement, comment avez-vous vécu votre année sabbatique ?

Honnêtement, j'avais besoin de me reconstruire car j'étais détruit. J'avais perdu beaucoup d'enthousiasme et d'illusions sur cette fin de période stéphanoise. Pour la première fois en dix ans, j'ai pu prendre mes repas en famille. J'ai eu des propositions à l'étranger. Mais j'avais envie de prendre un peu de recul. J'ai suivi jusqu'à six matches par semaine. L1, L2, National et quelques rencontres de Coupe d'Europe. J'ai pu évaluer notre Championnat, avoir un regard général sur le foot, les footballeurs, la médiatisation, juger les clubs dans les périodes de fragilité. C'est instructif. D'ailleurs, je pense que nous effectuerons un recrutement franco-français. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'étrangers. Mais l'essentiel des renforts sera rodé à notre compétition.

Allez-vous rencontrer les Aiglons ?

Oui, le 23 juin, date de la reprise. Si certains souhaitent me parler, ma porte leur sera ouverte. Mais ils ont un Championnat à terminer avec Gerard Buscher.