Victor Agali:
"C'est le président qui décide"
Extrait
A près quelques mois passés sur la Côte, quel est ton premier bilan ?
En fait, dès mon arrivée,
je me suis dit qu'il y avait des choses à faire ici. J'ai débuté avec l'équipe
contre Marseille au stade du Ray et j'ai tout de suite décelé des qualités aussi
bien au niveau technique que sur un plan de l'ambiance dans le groupe. Même si
aujourd'hui on a des difficultés, je reste persuadé que ma première impression
était la bonne. Mais beaucoup de joueurs sont arrivés tard et forcément il faut
du temps pour travailler ensemble. Une des choses fondamentales pour avancer,
c'est l'ambiance entre les joueurs. Chaque jour, il faut avoir envie de
progresser individuellement et collectivement, et chez nous c'est le cas. Sur un
plan personnel, j'étais arrivé pour retrouver le terrain et faire de bonnes
choses après six mois sur le flanc. Je ne m'étais pas fixé d'objectif en termes
de buts marqués par exemple, je voulais simplement retrouver mon niveau. Jusqu'à
aujourd'hui, je suis content, je pense me rapprocher de mes performances à
Schalke et avoir apporté ma contribution à l'équipe. Maintenant, il faut que
l'on retrouve le chemin de la victoire.
Estimes-tu avoir fait
le bon choix en signant à Nice ?
J'en suis même persuadé.
Après six mois sans jouer, j'avais besoin de trouver un entourage où l'on me
fasse confiance. Au-delà de l'environnement que je connaissais puisque ma
famille vit à Nice, j'avais besoin d'un entraîneur qui compte sur moi. C'était
le plus important à mes yeux parce que revenir après une telle absence n'est
vraiment pas facile. Alors quand j'ai rencontré Gernot Rohr et après les
dirigeants, le discours m'a convaincu tout de suite. Le coach me connaissait
déjà et il savait que je me donnerai à 100 % pour revenir dans le coup. En
retrouvant ma famille et le haut niveau, je ne peux que vous dire que j'ai fait
le meilleur choix.
Dans une semaine, tu
vas recroiser la route des Monégasques. Quelle image gardes-tu de ce match au
stade Louis-il ?
Je garde le sentiment d'un moment inoubliable. C'est loin d'être le meilleur match de ma carrière, mais marquer trois buts en sept minutes, c'est irréel ! Pourtant, si je devais garder une seule image, ce serait le dernier but de Marama. Vous devez vous demander pourquoi pas un des miens (rire)... Simplement parce que l'on avait fait un début de saison difficile et c'est ce but qui nous permet de gagner la rencontre. Pour le match de la semaine prochaine, j'espère que les Monégasques ne se seront pas repassés les images avant de venir, sinon je risque de me faire « casser les jambes ». Il va falloir faire attention (rire)... Je plaisante, mais à mon avis ils vont arriver vraiment très remontés et ils auront à coeur de faire un résultat. On s'attend à une rencontre très difficile. Mais devant nos supporters, pour un derby, il faudra se sublimer... comme à l'aller.
Avec du recul, certains pensent que cette fantastique victoire a desservi l'équipe. Quel est ton avis sur le sujet ?
C'est vrai par rapport
aux équipes de la Ligue 1. Avant, beaucoup se disaient que
Nice restait un « petit » du championnat et qu'il y avait des points à prendre
contre nous. Mais depuis cet exploit, les choses sont différentes. Tous les
coachs adverses font référence à cette rencontre et personne ne se relâche...
encore moins quand ils mènent par deux ou trois buts d'écart (rire)
Après cette
rencontre, les dirigeants t'ont fait une proposition de contrat, mais à ce jour
rien n'est encore finalisé. Comment l'expliques-tu ?
Je n'aime pas trop discuter de ce genre de sujet, surtout lorsque l'on traverse une période difficile, comme en ce moment. J'essaye donc de me concentrer sur le terrain. Concernant mon avenir, tout avancera le moment venu. Aujourd'hui, la priorité va à l'équipe et il serait un peu déplacé de me concentrer sur mon cas personnel. Il y a un temps pour tout.
Quand as-tu évoqué le sujet pour la dernière fois avec le Président ?
En fait, nous avons un
accord de principe avec le coach et le Président. Mais avant de rentrer dans les
détails du contrat avec eux, il faut assurer l'avenir du club parmi l'élite. En
2005, nous n'avons pas encore remporté une seule rencontre de championnat et
c'est ce problème qui focalise toute mon attention actuellement. Je veux jouer
dans un club ambitieux la saison prochaine et pour que ce soit l'OGC Nice, nous
devons nous, joueurs, faire en sorte que cela puisse être le cas en réalisant
une belle fin de saison.
Aujourd'hui, as-tu
d'autres pistes ?
Au moment de signer à
Nice en début de saison, deux clubs allemands souhaitaient également m'engager
alors que je n'avais pas joué depuis longtemps. Forcément donc, des clubs vont
se manifester à mon sujet, mais je n'attends absolument pas pour faire monter
les enchères. J'ai expliqué ma position et si toutes les conditions sont
réunies, je resterai ici.
Justement, lorsque tu
parles de « conditions », privilégieras-tu l'aspect financier pour peut-être ton
dernier « gros contrat »?
Mon dernier gros contrat, je l'ai déjà signé en m'engageant avec Schalke 04 (rire) ! L'aspect financier a forcément son importance, mais je peux vous assurer que ce n'est pas ce qui fera la différence. Le challenge sportif doit être intéressant, j'ai envie de prendre du plaisir et de jouer pour un club qui a envie d'avancer, de construire quelque chose. Sinon, si je voulais réellement prendre le pactole, j'aurais déjà signé au Qatar !
Ta volonté première est-elle de continuer l'aventure rouge et noire ?
Ce serait l'idéal parce
que je suis déjà très bien intégré dans la vie du club. Mes coéquipiers sont
super, les relations avec les membres du staff sont aussi excellentes, que
demander de plus ? Simplement un challenge sportif excitant qui donne envie à
tout le monde de poursuivre l'aventure. Et je crois que l'on peut faire beaucoup
de belles choses ici. Lorsque j'entends le discours des dirigeants, on sent
qu'ils ont envie de construire. Je suis persuadé que le club a un bel avenir
devant lui, mais il faut assumer le présent, sortir de cette passe difficile.
Qu'est-ce qui fera pencher la balance au moment de ton choix ?
Ce ne sera peut-être pas
l'élément déterminant, mais un des points importants sera le nom de
l'entraîneur.
T'es-tu fixé une date
butoir pour prendre une décision ?
Je ne me suis pas fixé
d'échéance. J'ai confiance en moi et même si j'ai conscience que beaucoup de
choses peuvent se passer d'ici à la fin de saison, notamment une blessure, je ne
veux pas précipiter les choses. Pour moi il y a des priorités, le maintien de
l'équipe en Ligue 1 en est une, la suite de ma carrière en est une autre. Mais
aujourd'hui, je pense que les deux peuvent être liés, il faut donc que je fasse
tout dans l'ordre. Donner la priorité au domaine sportif et ensuite je pense que
les questions concernant mon avenir se résoudront automatiquement. Je suis
quelqu'un qui positive toujours, donc je ne me fais pas de souci, tout arrivant
à temps. Je ne vois pas la nécessité aujourd'hui de me fixer une date butoir
pour prendre une décision quant à mon avenir.
Wilson Oruma nous a
confié que ta présence pourrait l'inciter à rejoindre Nice. En sens inverse, sa
venue pourrait-elle être un facteur supplémentaire pour continuer avec le Gym ?
Si les dirigeants veulent le faire venir, ils ont intérêt à faire vite, très vite (rire)... Plus sérieusement, Wilson est un joueur très sollicité. Il suffit de regarder un match de Sochaux pour voir l'influence qu'il a sur le jeu de son équipe. Si l'OGC Nice envisage réellement sa venue, cela prouve les ambitions du club. Même si j'estime que l'on a un effectif complet, un joueur de cette envergure pourrait nous apporter énormément. Ce serait un réel plus.
Les dirigeants niçois t'ont-ils demandé de jouer un rôle pour approcher et conseiller ton compatriote de Sochaux ?
Non, pas du tout. Mais, avec Wilson, on est très proche et c'est vrai qu'il m'a demandé mon avis sur le club, l'ambiance et la vie ici. S'il se renseigne, c'est forcément qu'il a une touche, mais après je ne sais pas exactement ce qu'il en est. Moi je lui ai dit ce que je pensais en toute franchise... je lui ai donc dit beaucoup de bien du club et de la vie à Nice (rire).
Il semble que tu attaches une grande importance au côté relationnel. D'ailleurs, même si tu n'es au club que depuis peu, tu as semblé très affecté par les questions autour de Damien Grégorini ?
Cela m'a vraiment
beaucoup touché. Il faut savoir qu'il n'y a pas de joueur, du moins chez nous,
qui ne rentre pas sur le terrain pour gagner. Que ce soit gardien, défenseur,
milieu, attaquant ou remplaçant, on a tous le même objectif. Et ce qui me gêne
dans tout ce qui s'est passé autour de Damien, c'est que l'on a oublié que le
football est un sport collectif. Si l'on prend trop de buts, je suis aussi
responsable, voir même le premier responsable puisque je suis le premier
défenseur de l'équipe. Il faut comprendre que l'équipe gagne et perd ensemble.
Mais je trouve qu'il a réagi positivement en gardant son calme et en continuant
à travailler. Damien est vraiment un bon garçon.
Avec « les cris de
singe » entendus dans de nombreux stades européens, et notamment pour la
première fois en France lors de PSG-Lens, nous sommes obligés d'évoquer ce
phénomène de la montée du racisme dans le football. Quel est ton avis sur le
sujet ?
En tant que joueur ce
sont des situations difficiles à vivre. Même si on est fort mentalement,
entendre ces « cris de singe » vous touche forcément. On reste des hommes et
l'on ne peut accepter d'être traité comme ça par d'autres hommes. Il faut se
rendre à l'évidence, il y a beaucoup d'abrutis sur terre. Ce qui s'est passé il
y a quelques mois à Bastia avec Matingou et Chimbonda est grave. J'espère
simplement que ce phénomène ne touchera pas trop la France et que des sanctions
et surtout des solutions seront trouvées. Mais quand je me dis que nous sommes
en 2005, je me pose des questions...
À l'image de Thierry
Henry, serais-tu prêt à t'investir dans ce combat ?
Je trouve l'initiative de
Thierry Henry très bien. C'est rare de voir les footballeurs se mobiliser pour
une cause, et c'est tout à son honneur. Il ne fait pas ça pour lui, mais se sert
de son image pour une bonne cause. Et si un jour on me sollicite, je
n'hésiterais pas à apporter soutenir l'opération.
Pour finir, revenons
sur la question principale. Porteras-tu toujours les couleurs rouge et noire la
saison prochaine ?
Ça c'est une question
qu'il faut poser au Président. C'est lui qui décide (rire) ! Si je n'avais pas
envie de rester, je lui aurais dit :`Je finis la saison et je m'en vais". Là,
les choses sont différentes puisque je lui ai dit :"C'est vous qui décidez"...
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